Des hauts responsables de la FIFA arrêtés à Zurich
Des interpellations ont eu lieu à l’hôtel Baur au Lac.
Les autorités suisses ont confirmé mercredi que six membres de la FIFA avaient été arrêtés pour corruption à Zurich, où aura lieu vendredi l’élection du président de la Fédération internationale. Révélée par la presse américaine, l’affaire porte sur des dessous de table de plusieurs millions d’euros.
Le New York Times a révélé que plusieurs hauts responsables de la Fédération internationale (FIFA) ont été arrêtés ce mercredi à Zurich à leur hôtel et devraient être extradés aux Etats-Unis. Ils seraient impliqués dans différentes affaires de corruption et de blanchiment d’argent remontant aux vingt dernières années. Autre journal américain, le Wall Street Journal avance que les inculpations devraient être rendues publiques ce mercredi par un tribunal fédéral de Brooklyn, à New York.
L’enquête se focaliserait sur la CONCACAF, la confédération Amérique du Nord, Amérique centrale et Caraïbes. La justice américaine aurait prévu d’inculper plus de dix hauts responsables. Tous ne sont pas actuellement à Zurich. Parmi eux, figureraient Jeffrey Webb, vice-président du comité exécutif, et Eugenio Figueredo, membre du comité exécutif et Jack Warner, ancien membre du comité accusé de multiples violation à l’éthique.
Dessous de table. Les autorités suisses ont confirmé six interpellations. «La police cantonale a arrêté six fonctionnaires du football à la demande des autorités américaines, explique l’Office fédéral de la justice. Des représentants des médias sportifs et de sociétés de marketing sportif seraient impliqués dans des versements à de hauts fonctionnaires d’organisations footballistiques (des délégués de la FIFA et d’autres personnes appartenant à des organisations affiliées à la FIFA) en échange de droits médiatiques et des droits de marketing de compétitions organisées aux Etats-Unis et en Amérique du Sud.»
Ils sont suspectés d’avoir accepté des dessous de table d’un montant de plusieurs millions d’euros des années 1990 à nos jours, précisent les autorités judiciaires suisses. Le pacte de corruption se serait noué sur le sol américain. «Selon la demande d’arrestation américaine, l’entente relative à ces actes aurait été conclue aux Etats-Unis, où ont également eu lieu les préparatifs. Des paiements auraient transité par des banques américaines.»
Extraditions. Les suspects font l’objet d’une demande d’extradition. Ils vont être entendus par la police de Zurich. Ceux qui accepteront leur extradition feront l’objet d’une procédure simplifiée «par laquelle l’Office Fédéral de la Justice pourra sans délai approuver la demande d’extradition vers les Etats-Unis et l’exécuter. Pour celles qui s’y opposeront, l’OFJ priera les Etats-Unis de faire parvenir une demande formelle d’extradition à la Suisse dans le délai de 40 jours prévu par le traité d’extradition en vigueur entre les deux pays.»
Un porte-parole de la FIFA a indiqué que l’institution cherchait «à clarifier» la situation et ne ferait pas de commentaire dans l’immédiat sur les arrestations. «Nous avons vu les comptes rendus des médias. Nous cherchons à clarifier la situation. Nous ne ferons pas de commentaire à cette étape.» Par la suite, la FIFA a annoncé un point presse à midi.
Les membres de la FIFA sont actuellement réunis en Suisse pour assister au congrès de l’organisation, à l’issue duquel aura lieu l’élection du nouveau président, vendredi. En poste depuis 1998, Sepp Blatter est candidat à sa succession. Il sera opposé Prince jordanien Ali Bin Al Hussein, qui a récemment lui-même fait l’objet de tentatives de corruption.
Sepp Blatter. Une dizaine de dirigeants sont concernés par cette vague d’arrestations. Parmi eux se trouve Jefferey Webb, vice-président du comité exécutif. Le fait qu’une majorité des personnes interpellées soient des responsables de la Concacaf (Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes) permet leur extradition vers les Etats-Unis. Jack Warner, de Trinité-et-Tobago, a aussi été arrêté. Cet ancien président de la Concacaf avait été suspendu de toute fonction par la Fifa, en 2011, en raison d’affaires de corruption présumée, avant de démissionner.
L’acte d’accusation cible 14 personnes, selon le «New York Times». Il comporte les noms de 9 responsables du football mondial, mais aussi de 5 responsables de marketing sportif. Ces derniers viennent des Etats-Unis et d’Amérique du Sud et sont poursuivis pour avoir fait transiter 150 millions de dollars (environ 135 millions d’euros) en échange d’accords médiatiques. Sepp Blatter, n’est pas cité dans l’acte d’accusation. Toutes les personnes visées n’étant pas à Zurich, 6 ont été arrêtées.
C’est la nouvelle ministre américaine de la Justice, Loretta Lynch, qui a supervisé l’enquête pendant ces trois dernières années, alors qu’elle était procureur général à Brooklyn. Si le ministère, le FBI (la police fédérale américaine) et la Fifa se sont refusés à tout commentaire pour l’instant, le «New York Times» ajoute que plusieurs compétitions organisées en Amérique du Nord, du Sud et dans les Caraïbes auraient fait l’objet de corruption.
«Selon la demande d’arrestation américaine, l’entente relative à ces actes aurait été conclue aux Etats-Unis, où ont également eu lieu les préparatifs. Des paiements auraient transité par des banques américaines», précise un communiqué du ministère suisse de la Justice. Les interpellés vont être entendus par la police de Zurich. Ceux qui accepteront leur extradition feront l’objet d’une procédure simplifiée «par laquelle l’OFJ (Office Fédéral de la Justice) pourra sans délai approuver la demande d’extradition vers les Etats-Unis et l’exécuter. Pour celles qui s’y opposeront, l’OFJ priera les Etats-Unis de faire parvenir une demande formelle d’extradition à la Suisse dans le délai de 40 jours prévu par le traité d’extradition en vigueur», ajoute le ministère.
Avec AFP et Reuters