Election au Niger où Issoufou brigue un second mandat
Les Nigériens ont voté dimanche pour le premier tour de la présidentielle. Le président sortant Mahamadou Issoufou brigue un second mandat sur la promesse d’éradiquer la menace islamiste et de développer l’économie d’un des pays les plus pauvres de la planète.
Les Nigériens étaient également appelés à renouveler les 171 députés de l’Assemblée nationale en choisissant parmi 5200 candidats. Les forces de sécurité ont patrouillé dans les grandes villes et les villages du pays pour prévenir tout incident ou une éventuelle attaque islamiste.
Autre signe de renforcement de la sécurité, le ministre de l’Intérieur a annoncé la fermeture des frontières terrestres. Des hommes armés ont attaqué deux véhicules de la commission électorale à une centaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale Niamey, a-t-on appris de source proche des services de sécurité, mais le scrutin s’est en général déroulé dans le calme.
Les bureaux de vote ont fermé vers 19h00, des électeurs ayant été autorisés à voter au-delà de l’heure limite, ont rapporté des témoins. Sous les appels à la prière des muezzins et à la lumière de lampes tempêtes, le dépouillement a démarré vers 19h30.
Aucun incident majeur n’avait été signalé en fin de journée malgré des retards de plusieurs heures parfois, dans le début des opérations de vote, faute de matériel ou de personnel.
Cependant, le vote a été reporté à lundi dans plusieurs bureaux situés « près de Tahoua (ouest), Agadez (nord) et une près de Zinder (sud) », a indiqué Ibrahim Boubé, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
« Une iniquité flagrante ». « Le Niger a besoin d’institutions démocratiques fortes », a déclaré Mahamadou Issoufou au moment de voter à la mairie de la capitale. « J’espère que les élections présidentielle et législatives nous permettront de renforcer nos institutions. »
Né en 1951, Mahamadou Issoufou s’est fait élire président en 2011, un an après un coup d’Etat. En vertu du code électoral, un second tour sera organisé si aucun candidat n’obtient la majorité absolue ce dimanche.
Quatorze autres candidats sont en lice, dont l’ancien Premier ministre Seyni Oumarou, chef de file de l’opposition, qui avait terminé deuxième en 2011. Il se présente cinq ans plus tard sous les couleurs du Mouvement national pour la société de développement fondé par l’ex-président Mamadou Tandja.
L’opposition s’est montrée très critique après le scrutin: « il y a une iniquité flagrante », a affirmé Moussa Harouna, un représentant de Seyni Oumarou. « On a découvert des duplicatas de cartes d’électeurs avec des livrets de famille préfabriqués correspondant à ces cartes », a-t-il ajouté.
Et Moussa Harouna de poursuivre: « le système se déroule très mal. Ca ne nous surprend pas étant donné les manipulations pendant tout le processus électoral ». L’opposition a accusé le président de préparer un « hold-up » et la crainte de troubles post-électoraux a commencé à gagner les esprits.
Lanterne rouge de la pauvreté. Le chef de l’Etat a promis de moderniser l’armée et les services de sécurité, et de développer les activités minières, notamment l’extraction d’or et de phosphate. Le Niger produit également de l’uranium et du pétrole mais reste lanterne rouge au classement de l’ONU établi sur la base de l’Indice de développement humain (IDH) et possède l’un des taux de natalité les plus élevés au monde.
Les détracteurs du président sortant se disent victimes d’une vague d’arrestations et de manœuvres d’intimidation. Hama Amadou, candidat à la présidentielle sous les couleurs du Mouvement démocratique nigérien, a été interpellé en novembre à son retour d’exil. Il a passé la campagne électorale en prison pour une affaire de trafic de bébés qui impliquerait l’une de ses deux épouses.
« Ce ne sont pas des élections libres et honnêtes. Nous avons un candidat à la présidentielle en prison, qui n’a pas pu faire campagne (…). Le président a manipulé l’électorat et exercé une répression », a déploré un électeur dans un bureau de vote.
Sur le plan stratégique, le Niger se considère comme un pôle de stabilité, alors que les pays voisins – Mali, Libye et Nigeria – sont tous confrontés à des guérillas islamistes. Mais les violences débordent parfois sur son territoire: plusieurs attentats-suicides ont notamment été imputés récemment aux djihadistes nigérians de Boko Haram.
ATS
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