Eurotunnel : les migrants meurent à Calais
La France a annoncé la mobilisation de 120 CRS et gendarmes, pour sécuriser les abords du tunnel sous la Manche à Calais
Depuis le 1er juin, dix personnes ont trouvé la mort sur la route vers le Royaume-Uni.
Des migrants meurent à Calais. On retrouve leur corps sur le bord de l’autoroute, fauché par une voiture, percuté par un train, électrocuté à l’entrée du tunnel sous la Manche ou encore noyé dans les bassins de rétention d’Eurotunnel. D’autres ont les jambes brisées sous les roues des camions. Des amputés, des grands brûlés survivent. Depuis le 1er juin, au moins dix ont perdu la vie, y compris deux femmes, deux adolescents et un enfant, dont la mère a chuté en tombant d’un camion. Ils sont Syriens, Soudanais, Erythréens, Afghans. Ils tentent de rallier l’Angleterre, mais l’Europe de Schengen a fait de la frontière de Calais une zone de plus en plus étanche.
Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, annonce, mercredi 29 juillet, la mobilisation de deux unités de forces mobiles supplémentaires, soit 120 CRS et gendarmes, pour sécuriser les abords du tunnel sous la Manche à Calais (Pas-de-Calais) et faire face à l’afflux de migrants sur le site d’Eurotunnel. « Le groupe Eurotunnel doit également prendre ses responsabilités » pour la sécurisation du site, où des migrants tentent chaque nuit, au péril de leur vie, de s’infiltrer en Grande-Bretagne par le tunnel sous la Manche, a redit Bernard Cazeneuve.
Depuis début juin et des travaux importants de sécurisation du port voisin de Calais, barricades et fils barbelés dissuadent de nombreux migrants dans leurs tentatives de se cacher dans des camions en route pour le port et les incitent à se reporter sur le site du tunnel. Ce phénomène, facilité par l’immensité du site -28 kilomètres de clôtures pour une surface totale de 650 hectares – s’accentue également sur fonds de polémique entre Eurotunnel et le gouvernement qui accuse le groupe de n’avoir pas fait les efforts nécessaires face à « l’aggravation de la situation » entraînée par l’afflux massif de migrants, dans une lettre au PDG Jacques Gounon, dont l’AFP avait pris connaissance mardi.
Depuis début juin, dix clandestins ont déjà perdu la vie à l’intérieur du site ou en tentant de s’y rendre. Vendredi dernier, une migrante érythréenne âgée de 23 ans a été tuée, percutée par une voiture près d’une sortie d’autoroute menant au terminal de fret du tunnel.
L’homme décédé dans la nuit de mardi à mercredi, d’origine soudanaise, aurait « entre 25 et 30 ans » et aurait été percuté par un camion « qui descendait d’une navette pendant qu’il essayait de grimper dessus », a indiqué une source policière. « Tout s’est passé cette nuit, et à 06h00, les policiers avaient encore pas mal de boulot », a-t-elle ajouté, précisant qu’on lui avait rapporté la présence « entre 500 et 1.000 migrants » aux abords du site du tunnel sous la Manche.
Réunion d’urgence en Grande-Bretagne. Lors de la nuit précédente, Eurotunnel avait déjà indiqué que près de 2.000 tentatives d’intrusion de migrants avaient été recensées. C’était « la tentative d’intrusion la plus importante depuis un mois et demi », avait déclaré à l’AFP un porte-parole d’Eurotunnel. La ministre britannique de l’Intérieur, Theresa May, devait présider une réunion d’urgence du comité Cobra, constitué de ministres et responsables de la sécurité, à la suite des incidents de la veille, a indiqué à Singapour David Cameron, qui a jugé la situation « très préoccupante ».
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve était en déplacement mardi en Grande-Bretagne pour s’entretenir avec son homologue britannique sur la question migratoire, omniprésente depuis 15 ans dans le Calaisis, où la pression migratoire est très forte du fait de sa proximité avec la Grande-Bretagne.
De sources officielles, le départ de quelque 5.000 migrants candidats au départ vers la Grande-Bretagne a été à ce jour empêché, que ce soit sur le site d’Eurotunnel ou via le port de Calais. Environ 200 personnels de sécurité ont été mobilisés ces derniers jours par Eurotunnel pour empêcher les intrusions sur le site. Plus de 300 policiers sont également engagés à plein temps dans le Calaisis pour répondre à la problématique des migrants, estimés à 3.000 dans la région.
Le groupe Eurotunnel a demandé une indemnisation de 9,7 millions d’euros aux gouvernements français et britannique, pour compenser ses dépenses et pertes d’exploitation depuis le 1er janvier 2015 liées à l’afflux de migrants. Les autorités britanniques ont déjà déboursé 4,7 millions d’euros pour la construction de barrières visant à sécuriser les accès des plateformes et du terminal. Elles devraient être effectives dans la première semaine du mois d’août, a indiqué Eurotunnel.
La ministre britannique de l’Intérieur Theresa May a aussi annoncé mardi une rallonge de 10 millions d’euros pour renforcer la sécurité du terminal d’embarquement.
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