Expo-photos : un regard atypique sur l’évolution de la mode au Mali
Le photographe Hamidou Diawara (à gauche) et le directeur du Musée National de Bamako, Samuel Sidibé.
Après le vernissage de l’exposition-photos de la CAN de football «Mali 2002», Hamidou Diawara a remis ça en mettant en relief l’évolution de la mode au Mali. Et cela à l’occasion de la Journée internationale de la Femme.
Comment les femmes du Soudan-français s’habillaient-elles ? Comment le style vestimentaire des Maliennes a-t-il évolué depuis l’indépendance (1960) ? Qu’est-ce qui inspirait la mode des années 40 à nos jours ? Comment la vie communautaire était-elle organisée avant et après l’indépendance ? Quelle était l’importance des biennales artistique et culturelles dans la découverte des talents en herbe et leur impact sur l’unité nationale ? Autant de questions qui trouvent une réponse crédible dans le témoignage du doyen Hamidou Diawara à travers une exposition-photos sur le thème : «Modes, bijoux et parures des Femmes du Mali de 1946 à nos jours» !
Le vernissage a eu lieu dans l’après-midi du jeudi 5 mars 2015 au Musée National de Bamako. L’événement était présidé par Kéita Fatoumata Kéita, directrice nationale de la promotion de la Femme, de l’enfant et de la famille du district qui représentait son Ministre de Tutelle. En plus de la famille et des amis de l’expérimenté photographe, on notait également la présence de nombreuses personnalités dont, entre autres, l’ancien ministre Makan Moussa Sissoko et le directeur national de la Jeunesse, El Hadj Drissa Guindo. Cette initiative entre dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la Femme au Mali (8 Mars 2015).
Dédiée à la Malienne et à l’Africaine pour magnifier son combat inlassable pour l’émancipation et le rôle primordial joué dans l’indépendance, l’avènement de la démocratie et le développement du pays, cette expo-photos vise aussi à éveiller les souvenirs et les consciences sur ce que furent les modes vestimentaires féminines du Soudan-français au Mali. Grand témoin de l’histoire contemporaine du Mali, Hamidou a fouillé dans son immense trésor (clichés archivés) pour apporter un éclairage sur l’évolution de la mode malienne de 1946 aux premières années de l’indépendance acquise le 22 septembre 1960. Des couvre-chefs, des foulards, des boucles d’oreille, des colliers, des tresses, et des habillements atypiques sont ainsi mis en valeur. Grand professionnel, Hamidou a aussi promené son projecteur sur des grandes figures féminines de l’indépendance et de l’émancipation des peuples.
←Femme peule tressant une natte
Amazones. Et cela à l’image des Hadja Djon Goye, médaillée de l’indépendance et combattante de l’émancipation africaine ; Sow Rokiatou Sow, l’une des premières Sages-femmes du Mali et qui fut présidente de l’Union nationale des femmes du Mali (UNFM)… L’expo rappelle aussi les bons souvenirs de certaines stars de la musique malienne à leur début pendant les biennales artistiques et culturelles. C’est le cas par exemple de Mah Kouyaté N°1 à la biennale artistique et culturelle de 1976 avec la troupe de Sikasso. Elle a marqué l’événement avec le solo de chant «Djiguitièna» ou «espoir déçu» ! Qui ne se rappelle pas toujours d’Ama Sissoko à une biennale artistique et culturelle à laquelle elle a triomphé avec «Soréfé Kônônin» ? Tout comme de Fissa Maïga à une biennale artistique et culturelle à laquelle elle a triomphé avec «Djiri Merger» !
Mais, les biennales, ce n’était pas seulement que la révélation des jeunes talents, mais aussi un tremplin de l’intégration ethnique, donc de consolidation du socle de l’unité nationale. Un aspect que Hamidou Diawara met en évidence en zoomant sur l’honorable Assarid Ag Imbarcaouane alors jeune comédien lors d’une biennale artistique et culturelle. Député élu à l’assemblée nationale depuis l’avènement de la démocratie au Mali et figure emblématique de la vie politique malienne post-démocratie, Assarid de l’ethnie touareg est le meilleur symbole de l’unité nationale issue des biennales. Un témoignage qui confère à cette exposition de Hamidou Diawara toute sa pertinence par rapport à l’actualité brulante, non seulement le 8 mars, mais aussi et surtout la finalisation des pourparlers d’Alger (Algérie).
Faisant allusion à la valeur des archives du photographe, Samuel Sidibé (directeur du Musée National) dira que, «Hamidou est une bibliothèque de l’histoire du Mali». Pour Kéita Fatoumata Kéita, directrice régionale de la promotion de la Femme…, il est «temps de revisiter notre histoire, de revivre notre glorieux passé afin de réveiller le souvenir de ces grandes combattantes qui ont contribué à les écrire». La directrice n’a pas manqué de rappeler que «les femmes ont été toujours honorées et magnifiées parce qu’elles ont joué et jouent toujours un rôle primordial dans l’histoire et la société malienne, autant que les hommes, sinon plus».
Unité nationale. Le souhait de Mme Kéita est que «ce genre d’événement soit répété pour mettre la femme au cœur de la réconciliation et de la reconstruction nationales». Cela est d’autant souhaitable que, assure Kéita Fatoumata Kéita, il faut maintenant mettre fin à «la perte des valeurs essentielles de notre société sous prétexte de modernité». Et pour cela en plus des photos, il faut aussi recourir à d’autres expressions comme par exemple les films, les contes, les causeries-débats… Un combat qui exige des moyens conséquents pour accompagner des témoins précieux comme Hamidou Diawara. Malheureusement cette expo n’a été possible que grâce à la Chambre du Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM), à la générosité du président Habib Sissoko du Comité National Olympique et Sportif du Mali (CNOSM) et de la Société des brasseries du Mali (SOBRAM) qui mette en valeur nos produits locaux à travers ses savoureux jus Dakan.
L’expo se poursuivra pendant au moins deux semaines dans la capitale malienne. A noter que l’animation du vernissage a été assurée par la troupe de l’Union des associations des supporters des Aigles du Mali (UNASAM) qui tenait à saluer l’engagement l’expérimenté Hamidou Diawara !
Moussa BOLLY