FIFA : l’étau se resserre autour de Blatter
Joseph Blatter est soupçonné d’« un paiement déloyal » de deux millions de francs suisses (1,8 million d’euros) en faveur de Michel Platini, président de l’UEFA qui a évoqué un « montant versé pour un travail accompli de manière contractuelle pour la Fifa »,
Depuis trois mois et le premier coup de filet au siège de la Fédération internationale, Sepp Blatter vit des heures difficiles. L’ouverture d’une procédure pénale à son encontre ce vendredi est le dernier événement d’une longue liste venue ternie son bilan de président de la FIFA.
Joseph Blatter n’est plus intouchable. Le Suisse a incarné à lui seul la toute puissante Fifa pendant 17 ans, surmontant de nombreuses crises, filant la métaphore du capitaine n’abandonnant pas le navire. Mais il n’a pu éviter d’être rattrapé par l’énorme scandale de corruption qui touche de plein fouet l’institution. Trois mois après avoir annoncé sa future démission et provoqué l’organisation d’un Congrès extraordinaire pour choisir son successeur, le 26 février 2016, le dirigeant, âgé de 79 ans, est désormais cerné par la justice de son pays après l’ouverture en Suisse vendredi d’une procédure pénale contre lui.
Depuis son arrivée à la tête de l’instance suprême du football en 1998, Blatter était habitué aux traitements dignes d’un chef d’État partout où il se déplaçait dans le monde et apparaissait tout bonnement insubmersible au bout de dix-sept années de pouvoir sans partage. Mais les nuages n’ont fait que s’accumuler autour de la Fifa avant d’atteindre directement son N.1. Après la mise à l’écart de son fidèle bras droit le Français Jérôme Valcke, sacrifié la semaine dernière après des accusations de revente de billets au marché noir du Mondial 2014 au Brésil, voilà le tout-puissant Blatter dans le viseur du Ministère Public suisse, rendant sa position au sommet du football mondial de plus en plus intenable.
Une image encore ternie malgré son bilan. Ce dernier développement ne fait que ternir un peu plus la fin du long parcours du Valaisan au sein de la Fédération internationale, qu’il a pourtant transformée en une formidable machine à cash grâce aux revenus tirés de la Coupe du monde, se targuant d’y compter plus de pays membres qu’à l’ONU (209 contre 193). Lorsque le Suisse y entre en 1975 comme directeur des programmes de développement, la Fifa ne compte qu’une dizaine d’employés et loge dans un petit immeuble de Zurich. La légende veut même que Blatter soit un jour allé emprunter de l’argent à une banque pour payer leurs salaires.
Aujourd’hui, les réserves de l’instance suprême du foot mondial se montent à 1,5 milliard de dollars (1,36 millard d’euros). Car en quatre décennies, ce sport est passé du quasi-artisanat au business mondialisé. Une révolution que Blatter a accompagnée pas à pas. Entré en 1975, Blatter a occupé le poste de N.2 (secrétaire général) entre 1981 et 1998, date à laquelle il succède à la présidence au Brésilien Joao Havelange, lui aussi contesté et dont il est resté proche. « Mon plus grand succès ? Avoir rendu le football universel », s’est longtemps félicité Blatter, qui a toujours pu compter sur le soutien inaliénable de sa fille, Corinne. Et de souligner que le foot « jamais attaqué par les belligérants, se joue en Irak, en Afghanistan et même en Syrie ».20 juillet 2015 – AFP
Le développement de ce sport en Asie lui doit beaucoup, de même que la première Coupe du monde organisée en Afrique (du Sud, en 2010). « Fidèle et reconnaissant », selon un membre de son entourage, il gardera de ces années-là des relais puissants qui le soutiennent face aux critiques venues d’Europe. Généreux avec beaucoup de petites fédérations dont il est s’est ainsi assuré l’appui, via de généreux programmes d’aides, Blatter dit les avoir accompagnées « avec un principe, inspiré de Confucius : ne donne pas un poisson à ton frère mais apprends-lui à le pêcher! ».
Le coup de grâce pour Blatter ? Né « un peu prématuré, à sept mois », selon ses confidences, le natif du canton du Valais, dans les Alpes, est un ancien modeste joueur amateur –« au poste d’attaquant »-, qui a même fait des piges dans la presse pour financer ses études de commerce dans sa jeunesse. Il a d’ailleurs déclaré le 20 juillet qu’il comptait retourner à « son ancien métier de journaliste » une fois son départ acté, coupant ainsi court aux rumeurs sur son désir de se représenter à sa propre succession le 26 février 2016. Président de l’instance depuis 1998, il pensait pouvoir défier le temps malgré ses 79 ans. « Je me sens en forme, l’âge pour moi ce n’est pas un problème », assurait ce polyglotte lors d’un entretien avec quelques médias, dont l’AFP, avant les soubresauts du mois de mai.
Mais il n’a pu résister au séisme qui a frappé la Fifa, déclenché deux jours à peine avant son élection pour un cinquième mandat, le 29 mai, avec l’arrestation à Zurich et la mise en accusation pour corruption par la justice américaine de neuf hauts dirigeants actuels ou passés de la Fifa ainsi que de cinq partenaires de l’instance. Blatter a alors cru pouvoir peser sur le cours des événements en lançant un programme de réformes et en tentant de savonner la planche du grand favori à sa succession, le président de l’UEFA Michel Platini, devenu son ennemi intime après avoir refusé de le soutenir cette année. L’ouverture d’une procédure judiciaire en Suisse vendredi pourrait lui avoir administré le coup de grâce.
AFP
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