Football : coup de filet à la Fifa
Sepp Blatter, le patron de la Fédération internationale de football (Fifa).
La justice américaine a indiqué avoir inculpé neuf élus et cinq fonctionnaires de la Fifa pour corruption, tandis que sept arrestations ont eu lieu à Zurich dans la matinée. En parallèle, la justice suisse a ouvert une enquête sur l’attribution des Coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar.
L’affaire ne pouvait pas davantage mal tomber pour Sepp Blatter, le patron de la Fédération internationale de football (Fifa), à deux jours de l’élection pour le renouvellement de la présidence de l’organisation. Sept hauts responsables du football ont été arrêtés tôt mercredi matin par la police suisse, dans le luxueux hôtel où séjournent actuellement 300 officiels de la Fifa – qui tient son congrès en fin de semaine, a rapporté le « New York Times ». Une information confirmée par l’Office fédéral de la justice suisse qui précise qu’ils ont été « placés en détention dans l’attente de leur extradition vers les Etats-Unis ».
14 inculpations. Un peu plus tard, la justice américaine a indiqué avoir inculpé neuf élus et cinq fonctionnaires de la Fifa, pour des faits s’étalant sur les 24 dernières années. Par ailleurs, le siège de la Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes (Concacaf), situé à Miami, a été perquisitionné dans le cadre de cette procédure, a précisé le Département de la Justice.
Les suspects sont soupçonnés de corruption – avec des accusations portant sur des attributions de Coupe du monde, de droits de marketing et de droits télé. L’entente relative à ces actes aurait été conclue aux Etats-Unis. Sont visés par l’enquête, « selon le New York Times » : Jeffrey Webb (président de Concacaf et vice-président de la Fifa), Jack Warner (ancien président de Concacaf et vice-président de la Fifa), Eugenio Figueredo (ancien président de Conmebol, la fédération d’Amérique du sud), Eduardo Li, Julio Rocha, Costas Takkas,Rafael Esquivel, José Maria Marin, Nicolas Leoz, Alejandro Burzaco, Aaron Davidson, Hugo Jinkins, Mariano Jinkis etJosé Margulies.
Election sous haute tension. La Fifa n’a souhaité à ce stade faire aucun commentaire sur les arrestations. L’organisation qui est « victime » « collabore pleinement avec la justice », a indiqué son porte-parole. Il a tenu à préciser que ni le président de la Fifa Joseph Blatter ni le secrétaire général Jérôme Valcke n’étaient impliqués dans cette procédure. Contrairement aux rumeurs, l’élection à la tête de la fédération – qui « n’a rien à voir » avec cette affaire de corruption – aura bien lieu comme prévu ce vendredi, a-t-il encore ajouté.
En parallèle, le parquet suisse a indiqué avoir ouvert le 10 mars dernier une procédure pénale distincte contre X pour soupçon « de blanchiment d’argent et gestion déloyale » entourant les attributions des Coupes du monde de football de 2018 à la Russie et 2022 au Qatar. Elle a saisi ce mercredi des documents électroniques au siège de la Fifa à Zurich. « Les enrichissements illégitimes se seraient déroulés en partie au moins en Suisse », a précisé le ministère de la Justice.
Dernièrement, de nombreuses accusations de corruptions, relayées par les médias, ont visé l’attribution des Mondiaux 2018 et 2022. L’enquêteur de la Fifa, Michael Garcia, avait contesté l’utilisation par l’organisation des conclusions de son enquête pour valider l’attribution des Coupes du monde à la Russie et au Qatar, et claqué la porte de l’organisation. Son rapport est toujours tenu secret.
La Fifa tient ce vendredi son congrès annuel où Sepp Blatter, âgé de 79 ans et à la tête de la puissante fédération depuis 1998 , briguera un cinquième mandat. En position de favori, l’inusable Suisse se disait ce mardi « confiant » – c’était avant que n’éclate ce nouveau scandale de corruption. Se présente contre lui le prince Ali Bin Al Hussein de Jordanie, avec pour thèmes de campagne le « changement » et l’« éthique ». Michael van Praag, le président de la Fédération néerlandaise, et l’ex-Ballon d’or Luis Figo se sont tous deux retirés de la course en critiquant le processus électoral.
Ce que les justices suisse et américaine reprochent à la FifaDeux enquêtes sur la Fédération internationale de football pour des faits de corruption se sont accélérées de manière spectaculaire, mercredi 27 mai, avec plusieurs arrestations et la saisie de documents à Zurich (Suisse). L’étau se resserre autour de la Fédération internationale de football (Fifa). Deux enquêtes distinctes, menées respectivement par la justice américaine et son homologue suisse pour corruption présumée, se sont télescopées, mercredi 27 mai, à Zurich (Suisse). Au petit matin, les policiers suisses, mandatés par leurs collègues américains, ont procédé à l’arrestation de six cadres de l’organisationdans leurs chambres du Baur Au Lac Hotel. Quelques heures plus tard, la Suisse a officialisé l’ouverture d’une enquête sur l’attribution des Coupes du monde 2018 (Russie) et 2022 (Qatar). Des documents ont été saisis et des acteurs du dossier interrogées. Francetv info fait le point sur ce que l’on sait de ces deux affaires, révélées à deux jours du congrès de l’organisation qui doit réélire Sepp Blatter pour un cinquième mandat. L’enquête américaine : des droits télés et marketing pour des tournois aux Etats-Unis et en Amérique du Sud Ces arrestations sont l’aboutissement d’une enquête entamée il y a des années par le FBI. Selon le Wall Street Journal (en anglais), les policiers américains ont profité de la collaboration d’un cadre de l’organisation, Charles Chuck Blazer, pour mettre au jour un système de pots-de-vin sur une période allant de 1991 à nos jours. Au total, 14 personnes, dont les six cadres arrêtés, ont été mises en examen, précise le New York Times (en anglais). Dans un communiqué, la justice suisse, qui a procédé aux arrestations à la demande des Etats-Unis, donne davantage de détails. « Des représentants des médias et du marketing sportif » auraient versé « des pots-de-vin et des commissions » à des délégués de la Fifa ou d’organisations affiliées « en échange des droits médiatiques et des droits de marketing et de sponsoring de compétitions organisées aux Etats-Unis et en Amérique du Sud ». « Selon la demande d’arrestation américaine, l’entente relative à ces actes aurait été conclue aux Etats-Unis, où ont également eu lieu les préparatifs », précise le ministère de la Justice. Des paiements auraient aussi transité par des banques américaines. Parmi les personnes arrêtées figurent, selon le communiqué du ministère de la Justice américain, Jeffrey Webb, vice-président de la Fifa et président de la Concacaf, la Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes, et son prédécesseur à la tête de cette fédération régionale affiliée à la Fifa, Jack Warner. Ils sont, comme l’ensemble des cadres arrêtés, sous la menace d’une extradition vers les Etats-Unis. L’hôtel de Zurich n’a pas été le seul lieu visé par la justice américaine mercredi matin. Des perquisitions se sont déroulées à Miami (Etats-Unis), au siège de la Concacaf. La justice suisse a bloqué dans plusieurs banques suisses des comptes par lesquels auraient transité les fonds incriminés. L’enquête suisse : l’attribution des Coupes du monde à la Russie et au Qatar La Suisse s’intéresse à une affaire qui empoisonne la vie de la Fifa depuis décembre 2010 : l’attribution, ce mois-là, des Coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar. Le parquet suisse a officialisé mercredi l’ouverture d’une procédure pénale contre X pour soupçons « de blanchiment d’argent et gestion déloyale » autour de ces attributions. « Les enrichissements illégitimes se seraient déroulés en partie au moins en Suisse », précise le ministère de la Justice. Cette procédure pénale, ouverte depuis le 10 mars 2015, n’avait pas été révélée jusqu’à ce jour. Des documents électroniques ont été saisis mercredi au siège de l’organisation. L’attribution polémique de ces deux compétitions a déjà fait l’objet d’une enquête interne à la Fifa. Après avoir commandé un rapport à l’ancien procureur américain Michael Garcia, l’organisation avait relevé des « comportements douteux » mais balayé toute accusation de corruption. Une décision qui avait provoqué la démission de Michael Garcia, furieux de la présentation « erronée et incomplète » de son travail.
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