France : attentat déjoué contre des églises
Patrouille dans le cadre du plan Vigipirate sur le parvis de Notre-Dame, à Paris.
Placé en garde à vue dimanche matin, Sid Ahmed Ghlam, 24 ans, détenait un fusil d’assaut et des armes de poing. Des documents évoquant Al-Qaeda ont été retrouvés à son domicile.
La France vient d’échapper de peu à un nouvel attentat, quatre mois à peine après les tueries de janvier. Mercredi, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a annoncé l’arrestation de Sid Ahmed Ghlam, un étudiant algérien de 24 ans suspecté de fomenter une attaque «imminente contre une ou deux églises» situées à Villejuif (Val-de-Marne). Projet dont il aurait affiné les modalités avec «un homme pouvant se trouver en Syrie», selon le procureur de Paris, François Molins, qui a tenu une conférence de presse mercredi après-midi.
Kalachnikov. L’interpellation a eu lieu dimanche matin, dans des circonstances pour le moins rocambolesques. Vers 9 heures, Sid Ahmed Ghlam appelle le Samu après avoir été touché par balle à la cuisse et juste au-dessus de la rotule. Il dit avoir été agressé au pistolet à plomb par un homme qui l’aurait racketté. En réalité, il se serait lui-même blessé à la suite d’une mauvaise manipulation de son arme à feu… A leur arrivée dans le XIIIe arrondissement, les secours préviennent la police. Pendant son transfert à l’hôpital, les policiers remontent ses traces de sang, et aboutissent à son véhicule, dans lequel ils découvrent une kalachnikov avec des chargeurs garnis, des pistolets automatiques, un gyrophare, trois téléphones portables et un GPS. Selon RTL, «son identité a alors déclenché plusieurs alertes au sein des autorités judiciaires et policières».
Elève en électronique à l’école Supinfo (XIVe arrondissement), Sid Ahmed Ghlam a rejoint la France en 2001 dans le cadre du regroupement familial. De 2001 à 2003, il s’établit avec ses parents à Saint-Dizier (Haute-Marne). Sans papiers, il retourne ensuite en Algérie, où il passe son baccalauréat, et ne revient en France que sept ans plus tard. En 2011, il s’installe à Paris, dans la chambre 310 d’une résidence étudiante située à proximité de la bibliothèque François-Mitterrand. «C’est la première fois qu’on entend parler de lui depuis qu’il a pris l’appartement. Il n’y a eu aucun signalement, il payait son loyer normalement, dans les 200 euros par mois», a expliqué Constance Blanchard, porte-parole du Crous de Paris. Détecté par les services de renseignement pour son appartenance à la mouvance islamiste radicale, il faisait l’objet d’une fiche «S» – pour «sûreté de l’Etat -, ce qui implique une surveillance. Toutefois, aucune écoute administrative n’avait été engagée le concernant.
←Sid Ahmed Ghlam
Lors de sa conférence de presse, François Molins a indiqué que «trois kalachnikovs supplémentaires, des gyrophares, quatre gilets pare-balles ainsi que plusieurs brassards de police ont été perquisitionnés au domicile de l’étudiant». «Sid Ahmed Ghlam disposait également d’une documentation en arabe évoquant les organisations terroristes Al-Qaeda et Etat islamique. Il aurait évoqué la commission d’un attentat avec un homme pouvant se trouver en Syrie. Ce dernier lui aurait demandé explicitement de cibler particulièrement une église», a ajouté le procureur de Paris.
Turquie. Placé en garde à vue dès dimanche depuis son lit de l’Hôtel-Dieu, l’homme a d’abord fourni aux policiers des explications fantaisistes avant de s’enfermer dans le mutisme. Il aurait toutefois confessé un voyage de dix jours en Turquie en 2015. Le parquet antiterroriste a confié l’enquête en urgence à la section antiterroriste de la brigade criminelle de Paris et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
En outre, les enquêteurs soupçonnent Sid Ahmed Ghlam du meurtre d’Aurélie Châtelain, professeure de fitness de 32 ans, retrouvée morte dimanche matin, à Villejuif, sur le siège passager de son véhicule. L’homme aurait tenté de lui dérober sa voiture. Mère d’une fille de 5 ans, elle a été abattue d’une balle entrée par l’épaule. «Des traces de l’ADN de l’individu ont été retrouvées dans le véhicule de la victime, une sur le frein à main, l’autre sur le bas de caisse gauche, a révélé François Molins. Par ailleurs, les premières analyses balistiques ainsi que l’exploitation des données GPS ont permis d’établir la présence de Sid Ahmed Ghlam à Villejuif.»
Depuis, plusieurs interpellations ont été réalisées dans l’entourage de Sid Ahmed Ghlam, notamment dans le quartier sensible du Vert-Bois, à Saint-Dizier. L’étudiant venait y passer des week-ends en famille. Ces dernières années, certains de ses proches se seraient radicalisés.
Volets clos. Mercredi matin, la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) a arrêté une femme de 25 ans vêtue d’une burqa. Selon des voisins, elle louait un petit pavillon où elle résidait depuis quelques mois avec deux enfants en bas âge, les volets toujours clos. Elle est actuellement en garde à vue au 36, quai des Orfèvres, à Paris. Sa sœur, Angélique, a assuré «qu’elle pratiquait à fond l’islam, mais qu’elle ne parlait pas de terrorisme. Elle s’est convertie il y a environ deux ans mais elle n’a pas de petit ami».
Avec AFP