François Hollande décore les «héros» du Thalys
Francois Hollande et les Américains Spencer Stone et Alek Skarlatos, deux des héros du Thalys, le 24 août. ( AFP).
Le chef de l’Etat a remis ce lundi matin la Légion d’honneur aux quatre hommes qui ont mis fin à une attaque à main armée dans un train Thalys, vendredi.
François Hollande a salué lundi «l’héroïsme», le «courage» et le «sang-froid» des trois Américains et du Britannique ayant évité un «massacre»,lors d’une cérémonie à l’Elysée où il leur a décerné la Légion d’honneur.
«Depuis vendredi, les Français admirent votre courage, le sang-froid dont vous avez fait preuve, la solidarité qui vous a permis, à mains nues – je dis bien à mains nues – de maîtriser un individu surarmé et prêt à tout», a dit François Hollande devant les Américains Spencer Stone, Alek Skarlatos et Anthony Sadler, tous les trois vêtus d’un polo de couleur différente, et le Britannique Chris Norman, costume clair. «Votre héroïsme doit être un exemple pour beaucoup et une inspiration. Face au mal qui est là et qui s’appelle le terrorisme, il y a un bien, celui de l’humanité. C’est celui que vous incarnez», a-t-il dit.
Le passager français ayant dès le début tenté de neutraliser le jeune islamiste – un diplômé de l’Edhec de 28 ans travaillant pour une banque française à Amsterdam et qui souhaite garder l’anonymat – ainsi que le Franco-américain, Mark Moogalian, 51 ans, blessé par balle pendant l’attaque et toujours hospitalisé à Lille recevront eux aussi la plus haute distinction française, ultérieurement, a précisé l’Elysée.
Outre ces six hommes, les autorités saluent également le rôle joué par un autre Français. Il s’agit d’un agent de la SNCF en congés au moment des faits, dont Spencer Stone a dit dimanche lors d’une conférence de presse à l’ambassade des Etats-Unis à Paris qu’il les avait aidés à maîtriser El Khazzani.
Dès samedi matin, des voix s’étaient élevées pour demander que la France exprime sa gratitude aux Américains en leur accordant la Légion d’honneur, notamment l’ex-ministre UMP Frédéric Lefebvre, député des Français établis aux Etats-Unis et au Canada.
Poursuite des investigations. De leur côté, les enquêteurs vont continuer lundi à interroger Ayoub El Khazzani, un Marocain de 25 ans, qui nie tout acte terroriste et avance une tentative de braquage, version balayée par la police comme par les passagers américains. Sa garde à vue peut durer jusqu’à mardi soir.
Pourtant fiché pour son profil d’islamiste radical par les services de renseignement de quatre pays (Espagne, France, Allemagne, Belgique), il assurait toujours dimanche avoir trouvé fortuitement la kalachnikov dans une valise dans un jardin public près de la gare de Bruxelles-midi où, SDF, il dort. Il aurait, raconte-t-il, eu l’idée de s’en servir pour détrousser les passagers du Thalys, selon une source proche de l’enquête.
Il était «médusé du caractère terroriste attribué à son action», a déclaré l’avocate qui l’a assisté aux premières heures de sa garde à vue à Arras, avant son transfert dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), près de Paris. Elle a dépeint un homme «squelettique», «peu instruit» et «paumé».
Le père de l’assaillant, Mohamed El Khazzani, qui vit à Algeciras (Espagne) et n’a pas parlé à son fils «depuis plus d’un an», l’a lui décrit comme «un bon garçon» qui travaillait dur. Il «ne parlait jamais politique ; juste de football et de pêche», a-t-il raconté au journal britannique The Telegraph. A Algésiras (Espagne), son dernier domicile connu, des gens qui l’ont fréquenté ont dressé à Libération un portrait similaire.
Les enquêteurs s’orientent pourtant bien vers une attaque terroriste qui aurait pu virer au carnage. Il semble y avoir une part de préparation et deux téléphones portables retrouvés sur lui étaient en cours d’exploitation.
«On n’a pas besoin de huit chargeurs pour dévaliser un train», a souligné dimanche Anthony Sadler. Sa kalachnikov «semblait enrayée ou ne fonctionnait pas», a précisé Spencer Stone. Outre le fusil d’assaut, El Khazzani avait 9 chargeurs garnis, un pistolet automatique Luger et un cutter avec lequel il a blessé Spencer Stone. D’après l’enquête, l’assaillant est monté dans le train à grande vitesse «en Belgique avec des armes sans doute acquises en Belgique et avait des papiers délivrés en Espagne».
LIBERATION avec AFP
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