«Horizon Vert» sensibilise contre le Noma et Ebola par le foot
Les 22 acteurs de la finale écoutent attentivement des informations sur le noma et la prévention de la fièvre à virus Ebola.
Le terrain du PMI d’Hamdallaye (commune IV du district de Bamako) a abrité, le samedi 27 décembre 2014, la finale de la première édition d’un tournoi de football de masse parrainé par l’ONG «Horizon Vert». Ce sont les Bleus de l’AS Bigger qui l’ont emporté par 6-1 face aux Blancs l’AS Réal.
«Promouvoir la santé par le sport, profiter de la période creuse des congés pour offrir à la jeunesse une occupation saine et exhorter les populations à la vigilance pour se protéger contre la fièvre hémorragique à virus Ebola». Ce sont là les trois objectifs avancés par Dr Hamady Traoré, le chirurgien de l’ONG «Horizon Vert», pour justifier l’organisation de ce tournoi de football. Horizon Vert est une association de lutte contre le Noma, une malformation congénitale. Et jusque-là, elle avait mené des campagnes d’information et de sensibilisation sur cette maladie à travers l’affichage et des émissions télévisées.
Mais cette année, explique Dr Traoré, «nous avons voulu faire d’une pierre trois coups». Et cela au grand bonheur de la jeunesse sportive de Lafiabougou et Hamdallaye. En dehors du Noma, la finale a servi de cadre à la sensibilisation pour le maintien des bons comportements et reflexes contre le virus Ebola. Ainsi, contrairement à ce qui est courant, les 22 acteurs de la finale ne se sont pas serrés les mains avant le coup d’envoi. Ils se sont contentés des signes de respect. Et tout au long de la partie, un «DJ» (Disque Jockey), qui faisait aussi office de commentateur, à donné des informations et sensibilisé contre les deux maladies en français et en bambara.
Habillés par «Horizon Vert» les Bleus de l’AS Bigger et les Blancs de l’AS Réal ont livré une rencontre de très belle facture en première période marquée par une domination des premiers cités. Une domination qui a failli être stérile si Broulaye Sidibé n’avait pas ouvert le score juste avant la mi-temps. A peine revenus de la pause, les Bleus doublent la mise par Mohamed Traoré qui bat l’excellent portier adverse d’une belle reprise de la tête. Après avoir héroïquement résisté à la furia Bleue en première mi-temps et cueillis à froid dès l’entame de la seconde période, les Réalistes vont prendre l’eau de toute part tel un navire en naufrage.
Le talentueux Mohamed Traoré va réussir deux autres buts réalisant ainsi le triplé, contre le doublé de Broulaye Sidibé. Fodé Coulibaly a aussi tenu à être de la fête en marquant un beau but. Acculés, les Blancs ont même marqué contre leur camp avant de sauver l’honneur par Bourama Coulibaly. L’arbitre siffle la fin du match sur le score final de 6-1, mettant ainsi fin au supplice de l’AS Réal.
Les Bleus de l’AS Bigger remportent ainsi le trophée de cette première édition de la coupe Horizon Vert dotée d’une enveloppe de 50 000 F CFA. Les finalistes malheureux ont reçu une enveloppe de 25 000 F CFA pour se consoler avant la seconde édition. A noter que ce tournoi a été disputé pendant deux mois par 16 équipes de masse de Hamdallaye et de Lafiabougou, deux quartiers de la commune IV du District de Bamako. Une initiative saluée par les responsables de jeunesse qui souhaitent que le tournoi soit pérennisé.
Moussa Bolly
L’ engagement de «Horizon Vert»
Selon le dictionnaire virtuel Wikipédia, le cancrus oris ou plus simplement noma (du grec numein : dévorer) est une forme de stomatite gangreneuse foudroyante qui se développe dans la bouche et ravage atrocement le visage en détruisant, à la fois, les tissus mous et osseux de la face. Il touche principalement les enfants en bas âge (moins de 6 ans). Ses causes sont principalement le manque d’hygiène, la malnutrition ainsi que les maladies infectieuses qui provoquent une baisse des défenses immunitaire facilitant ainsi l’installation et le développement du cancrus oris. On comprend alors aisément que le noma soit souvent associé à des conditions de pauvreté extrême.
Dans les pays en voie de développement, les affections relevant de la chirurgie maxillo-faciale (CMF) sont encore essentiellement traitées au cours des missions humanitaires organisées par des chirurgiens des pays développés. Et pourtant les affections bucco-dentaires et maxillo-faciales se présentent comme un important problème de santé publique dans un pays comme le Mali. En effet, selon le Dr Hamady Traoré de l’ONG Horizon Vert, les malformations congénitales comme les fentes labiales et labio-platines constituent un facteur de rejet pour les sujets qui sont affectés. Sans compter les déficits esthétiques et fonctionnels qui y sont liés. «Par sa sévérité avec 90 % de mortalité, le noma est une affection très mutilante et invalidante pour les enfants ayant survécu au mal», précise-t-il.
←Un garçon après une opération chirurgicale suite au noma
La reconstruction de ces visages mutilés représente un travail colossal, nécessitant d’énormes moyens financiers, matériels et humains dont les services de santé du Mali sont presque dépourvus. Ainsi, la prise en charge des affections maxillo-faciales au Mali se fait de manière épisodique, surtout en ce qui concerne le Noma. L’objectif principal de Horizon Vert est d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie de prévention et de prise en charge des affections maxillo-faciales au Mali. Elle a ainsi élaboré et mis œuvre un programme visant la promotion de la santé bucco-dentaire et maxillo-faciale au Mali.
De juin 2010 à janvier 2014, Horizon Vert avait formé 586 relais ; réalisé de nombreuses interventions dont 250 concernent les fentes et 45, le noma. Par ailleurs, le nombre de consultations gratuites à la même période était de 12 645 dont 35 cas de noma dépistés, 67 fentes et 7 tumeurs … Le directeur du centre a tenu à préciser que les 250 cas de fentes opérées l’ont été sur le financement de Smile Train, une organisation internationale. Compte tenu de la noblesse du combat engagé, Horizon Vert a plus que jamais besoin de l’appui du gouvernement, des organismes internationaux ainsi que de toutes les bonnes volontés.
Moussa Bolly