Ibrahim Boubacar Kéïta, un an de dérives
Achat controversé d’un avion présidentiel, défaites militaires dans le nord du pays, contrats frauduleux, les tracas se suivent et se ressemblent dans le sillage du nouveau chef de l’Etat malien depuis un an.
Si l’élection du Président Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) a suscité d’immenses espoirs avec plus de 77% des suffrages exprimés, un an plus tard, la désillusion des Maliens est à la hauteur des folles espérances d’aout 2013. Déjà éprouvés par des difficultés socio économiques issues de la crise politico sécuritaire depuis le coup d’Etat de mars 2012, les Maliens attendaient le Président sur la gestion du Nord en proie à la rébellion, la lutte contre la corruption qui avait gangréné l’ancien régime et le redressement de l’économie qui s’était effondrée. Quel bilan font les Maliens l’année écoulée, une année de pouvoir IBK ?
Pour l’opposition, il n’y a aucun doute : c’est « un an de régression ». Réunis en meeting le 6 septembre 2014 a la Bourse du Travail de Paris, sous la statue de Jean Jaurès, les sections françaises des partis politiques d’opposition URD, FARE, PSP et Parena ont fait un bilan désastreux de la première année de gestion du Président IBK. La rencontre a été animée par Tiébilé Dramé, president du Parena Me Demba Traoré de l’URD en présence de Mamadou dit Hamidou Coulibaly (FARE), Mamadou Bathily (Parena), Koita Djibril et Diane Touré(URD), Mamadou Diawara (PSP).
Dans une déclaration liminaire lue par Mme Diane Touré, secrétaire politique de la section URD de France, la coalition de l’opposition fustige la gestion du président IBK. L’espoir et l’enthousiasme ont fait place à la désillusion et au découragement.
« Les Maliens sont en effet déçus par les priorités du Président: dépenses de prestige et de luxe, nombreux voyages improductifs, avion, scandales financiers. Pendant ce temps, les vraies préoccupations du peuple et du pays (Nord, armée, bonne gouvernable et justice sociale) sont écartées par le nouveau Président », souligne-t-elle.
L’opposition fait référence à l’achat controversé par le Président de la République d’un avion présidentiel pour un cout total de 20 milliards de F CFA, soit l’équivalent de 30 millions d’euros, pendant que le précédant était bien fonctionnel. Pour Tiéblé Dramé, l’achat de cet avion s’est passé dans des conditions chaotiques révélées par le correctif budgétaire du 25 août ou contrairement à toutes règles l’Etat a apporté une garantie bancaire de 100 millions de F CFA à la société qui lui a vendu l’avion. « Le FMI a accusé le gouvernement du Mali de malversations, c’est rare, c’est quasiment unique », clame M. Dramé qui n’a pas manqué de souligner un contrat d’armement de plusieurs milliards passé en toute opacité avec un conseiller occulte du président.
Pour l’opposition, IBK disposait de toutes les cartes en mains pour sortir le pays du gouffre. Malheureusement, il les a grillées toutes, les unes après les autres. Le président a commencé par violer la Constitution en omettant de faire la déclaration publique de ses biens au lendemain de sa prestation de serment le 4 septembre 2013. Une omission qui n’a jamais été corrigée depuis.
« Le Mali et son armée ont été humiliés à Kidal, le 21 mai 2014. L’État est absent de la presque totalité des régions du Nord. Une bonne partie de la région de Mopti est soumise aux exactions des groupes armés mettant à nu l’impuissance du Président et de son gouvernement »explique la coalition des partis d’opposition. Une situation provoquée par la visite inopinée du Premier ministre Moussa Mara à Kidal qui a déclenchée une guerre où l’armée a été chassée par les rebelles d’une bonne partie du Nord du pays.
« Ou est ce que IBK veut-il nous emmener ? Est-il conscient de ce qu’il fait ? »s’interroge Demba Traoré de l’URD avant de déclarer que son parti va s’opposer a toutes les dérives du pouvoir. A propos de la non déclaration des biens du président IBK, après sa prise de fonction, Demba Traoré s’insurge: « un pouvoir qui ne respecte pas la Constitution nous emmène vers la boucherie »
Fousseni TRAORE
Ils parlent…
←Tiébilé Dramé, président du Parena, lors du meeting de l’Opposition le 6 septembre 2014
« Nous interpellons le président, mais on s’est rendu compte apparemment qu’ interpeller ne suffit pas. Il n’en a cure, il se comporte comme s’il n’avait pas un bail avec le peuple malien. Il n’écoute pas, il ne se rend pas compte qu’il fait fausse route depuis septembre 2013 »
←Matènè Diarra, à propos de la ligne directrice desFARE, lors du meeting de l’Opposition le 6 septembre 2014
« Nous devons exercer un nouveau leadership politique, économique et social par la culture de l’excellence, le civisme, la citoyenneté, la bonne gouvernance ; construire une administration impartiale proche des citoyens et une armée forte et pétrie des valeurs républicaines. »
←Moussa Mara, Premier ministre, lors de sa conférence avec les cadres de la diaspora le septembre 2014
L’opposition s’oppose et la majorité gouverne. Les unions improbable entre la classe politique, je crois que le Mali en a suffisamment pâti… La corruption touche tous les milieux de notre pays
←Mamadou Ali Bathily, Ministre de la Justice, garde des sceaux, lors de la conférence du PM le 7 septembre 2014
L’inculpation d’ATT est fondé sur le texte de son serment, en jugeant ATT on le réhabilite. Mais de grâce qu’il se soumette à la Justice de son pays.
←Mahamadou Camara, ministre de l’économie Numérique et de la Communication, lors de la conférence de presse de la Majorité le 7 septembre 2014
Nous avons un mandat de cinq ans, l’heure du bilan, c’est dans quatre ans . La première année a été consacrée à la normalisation et à la stabilisation de l’armée, de l’administration et les partenaires. Notre grande priorité, c’est le Nord : il nous faut un accord de paix. Il y a beaucoup d’attente, il y a même de l’impatience.
←Abdoul Karim Sylla, secrétaire général du RPM en France, lors de la conférence de presse de la Majorité le 7 septembre 2014
Concernant la déclaration des biens du Président de la République, la Cour Constitutionnelle n’a pas relevé d’anomalie. C’est faire un mauvais procès que de véhiculer ce genre de choses.