Ibrahima Haïdara :« Il est illogique aujourd’hui que l’Adema se retrouve dans l’opposition »
Ibrahima Haïdara,secrétaire chargé des questions électorales du bureau national de la jeunesse Adema.
Lors de son passage à Paris nous avons rencontré Ibrahima Haïdara, secrétaire général de la sous section du bureau de la jeunesse Adema de Badalabougou, chargé des questions électorales au niveau du bureau national de la jeunesse Adema, dans un hôtel de la banlieue parisienne de Clichy. Dans un langage franc et direct cet ingénieur en sécurité informatique, n’occulte aucune question. S’il pense que l’Adema n’a pas sa place dans l’opposition, il admet cependant que ce dernier joue pleinement son rôle. Interview.
Que pensez-vous de la situation politique actuelle du Mali ?
Aujourd’hui, c’est une situation de dynamisme politique, contrairement à une tendance qui consiste à décrire un tableau noir. Si on regarde la scène politique malienne, on constate des tendances bien définis contrairement à la situation d’avant. Il y a l’opposition républicaine qui est en face d’une majorité autour du président de la République. Même si cette opposition a tendance à tirer sur toute action menée par le président de la République, ce qui est une chose que je déplore un petit peu, elle a quand-même le mérite d’exister de s’assumer et surtout de jouer pleinement son rôle.
Beaucoup de gens se demande pourquoi l’Adema reste-t-il dans la majorité ? Est-ce toujours pour conserver le pouvoir ?
Effectivement, nous entendons très souvent dans nos milieux cette question liée à l’appartenance de l’Adema à la majorité présidentielle. Les gens ont tendance à croire que nous ne voulons jamais quitter le pouvoir. J’ai l’habitude de répondre que même si je pense que les formations politiques ont un grand rôle à jouer. Il faut que les gens comprennent que l’appartenance à tel ou tel mouvement se définit par la proximité en termes d’idéologie. Il faut qu’on comprenne que tous les Maliens sont des frères et des sœurs, on n’est pas ennemis politiques. La majorité et l’opposition ne sont pas des ennemis politiques, ni des ennemis tout court. Ce sont d’abord des hommes et des femmes qui ont décidé de s’engager pour le Mali, tout simplement. Ils ont des visions différentes de la manière dont la politique du pays doit être conduite, pour faire du Mali un pays émergent. Donc, chacun a sa manière de voir les choses.
Vous avez des partis politiques aujourd’hui qui pensent que le capital, donc la richesse, est le moteur du développement d’un pays. Et vous avez d’autres partis politiques qui sont d’avis que l’homme doit rester au cœur de la politique. Donc, l’épanouissement de l’homme permettra de générer la richesse.
Nous, nous sommes du courant qui pense que l’homme doit toujours rester au cœur de la politique, c’est-à-dire nous sommes des socialistes. C’est tout à fait normal que nous appartenions à un regroupement dans lequel se trouvent les partis qui ont la même idéologie que nous.
Il est tout à fait aberrant que l’Adema se retrouve dans le même regroupement que l’URD. S’il s’agit du combat pour la démocratie nous avons suffisamment prouvé aux Maliens que nous sommes capables de dépasser les questions d’idéologies pour défendre le Mali. Nous l’avons fait dans le cadre du FDR et à d’autres occasions et les Maliens l’ont vu. Mais s’agissant de la conduite de la politique, la gestion de la cité, nous avons des idéologies différentes, raison pour laquelle nous ne pouvons pas nous mettre ensemble. Il est illogique aujourd’hui que l’Adema se retrouve dans l’opposition parce que l’opposition n’a pas la même idéologie que l’Adema. Demain, moi je suis convaincu que si l’URD prend le pouvoir, les Maliens verront l’Adema dans l’opposition. Parce que nous pensons, tout simplement, que ce n’est pas notre vision, la manière dont l’URD pense que le pays doit être géré.
Cette question a le mérite d’être posée mais aussi d’être complètement débattue et d’être expliquée aux Maliens. Vous savez, nous sommes arrivés dans la situation actuelle parce que nous avons fait croire aux gens qu’il suffisait de prendre la carte d’un parti pour jouir du pouvoir. C’est ce qui nous a amené dans cette situation. Parce que les gens pensent quand on est au pouvoir on jouit des privilèges.
Je ne dédouane pas les partis politiques, je pense qu’ils n’ont pas fait leur travail de formation de la jeunesse. Ils n’ont pas donné assez d’explications au peuple malien. Il y a aussi des partis qui ont tout intérêt à maintenir ce flou pour exister
Je pense qu’il ya des partis politiques aujourd’hui qui n’ont pas leur place dans l’opposition. Mais c’est à eux d’expliquer leur choix à leurs militants.
Votre parti politique, l’Adema, a actuellement tendance à mettre les jeunes en avant…
Vous savez, l’Adema est un grand parti qui a compris avant d’autres qu’il faut être avant-gardiste. Il est bon souvent de mettre en face en fonction des situations gens capables de répondre à l’aspiration du peuple. Comme vous l’avez vu lors des élections présidentielles passées le parti a eu le mérite et le courage de désigner un jeune candidat. Ce qui devait symboliser deux choses la mise en confiance de la jeunesse mais surtout le changement tant demandé par le peuple malien.
Aujourd’hui, ce n’est pas étonnant de voir ce parti mettre les jeunes à l’honneur, c’est dans la continuité des choses. En 2013 un jeune a été positionné lors de l’élection présidentielle. Nous avons fait notre congrès récemment qui a mis une nouvelle direction dynamique, très disponible, qui est prête à écouter les jeunes et à les mettre en avant. Si vous regarder même le gouvernement, nous avons quand-même deux jeunes ministres : Dramane Dembélé et Abdoul Karim Konaté dit Empé. Je pense que le parti restera sur cette dynamique parce que nous avons de la ressource, parce que nous savons répondre à l’aspiration du peuple.
Récemment votre parti a désigné un cadre pour préparer l’organisation du congrès de la jeunesse…
Lors des dernières instances du CE (Comité Exécutif) nous avons un camarade qui a été choisi pour accompagner le bureau de la jeunesse mais aussi le bureau du mouvement des femmes dans l’organisation de leurs congrès. La nouvelle direction est en train d’insuffler un nouveau dynamisme au parti, c’est tout à fait normal que les mouvements affiliés puissent recevoir un coup de fraicheur pour pouvoir assumer et accompagner la mise en œuvre de cette nouvelle vision.
Vous êtes jeunes M. Haïdara, pourrait-on penser que vous serez candidat à la direction de la jeunesse Adema ?
Je pense qu’aujourd’hui, il est trop tôt de parler de candidature à la tête de la jeunesse Adema. Le plus important c’est de pouvoir organiser ce congrès dans des conditions apaisées, de manière à réunir l’ensemble de la jeunesse et au delà l’ensemble du peuple Adema autour des valeurs fondatrices du parti et faire face au défis de l’heure. Parce que, vous le savez, la jeunesse aussi, c’est un combat de tous les jours, c’est l’apprentissage auprès des ainés et surtout leur accompagnement. Pour moi cette question de candidature, elle n’est pas pour le moment d’actualité.
En tout cas le bureau national de la jeunesse Adema s’est toujours montré responsable et saura choisir le bon candidat à sa tête, le moment venu.
La question sécuritaire préoccupe actuellement les Maliens, pouvez –vous dire qu’ils sont en sécurité en tant que parti membre de la majorité présidentielle?
Aujourd’hui, vous savez, le Mali vient de très loin. Le Mali est une zone très stratégique dans la sous-région. Nous avons connu des moments très difficiles, le Mali se relève petit à petit. Dans la politique du président de la République, il y a une grande dimension sécuritaire. Quand vous regardez les derniers événements, vous allez vous rendre compte de cette volonté politique de protéger les Maliens avec la montée en puissance de nos forces armées qui ont su mener des actions très remarquables au niveau de l’hôtel Radisson pour sauver des dizaines de vies. Je pense qu’il y a de quoi espérer. Les terroristes font une stratégie de harcèlement parce qu’ils ne sont plus capables de se défendre. Grâce à l’accompagnement des pays amis, le Mali a pu anéantir le dispositif des jihadistes et des narcotrafiquants.
Une chose est sûre cette dimension sécuritaire est bien prise en compte dans la politique du président de la République. Je pense que les Maliens peuvent rester tranquille, je suis convaincu que d’ici quelques temps ce serait un mauvais souvenir.
Propos recueillis par I. DJIBO et F. TRAORE
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