Kenya : attentat meurtrier contre un campus universitaire
Les forces armées kényanes à l’université de Garissa le 2 avril 2015.
Les islamistes somaliens d’Al Chabaab ont revendiqué l’attentat. Ce dernier aurait fait 147 morts selon les autorités. Des otages seraient toujours détenus.
Une fois encore, le Kenya est la cible d’un attentat terroriste. Selon les autorités, 147 personnes ont été tuées jeudi dans l’attaque d’un campus universitaire à Garissa, dans l’est du Kenya, revendiquée par les islamistes somaliens d’Al Chabaab qui affirment détenir des otages chrétiens. L’un des assaillants présumés a été arrêté alors qu’il « tentait de fuir » , a annoncé le ministre kenyan de l’Intérieur, Joseph Nkaissery.
La Maison Blanche a condamné jeudi soir les attaques contre des « innocents » au Kenya. « La France se tient aux côtés des autorités kényanes et est prête à coopérer avec elles dans la lutte contre le terrorisme », a indiqué l’Elysée dans un communiqué. « Le Président de la République exprime sa solidarité avec le peuple kényan, qui doit faire face au terrorisme le plus abject, celui qui s’attaque à la jeunesse, au savoir et à l’éducation ».
L’assaut. L’attaque s’est produite vers 5h30 ce matin. Les assaillants sont entrés de force dans l’université de Garissa, qui héberge plusieurs centaines d’étudiants, en tirant sur les vigiles surveillant le portail d’entrée et ont ensuite « ouvert le feu aveuglément à l’intérieur du campus » avant de pénétrer dans les résidences universitaires, a expliqué le chef de la police kényane, Joseph Boinnet, dans un communiqué. Les terroristes ont indiqué qu’ils avaient libéré les musulmans et gardé les autres en otage. « Cinquante étudiants ont été libérés », a précisé de son côté la Croix-Rouge, sans préciser dans quelles circonstances.
La police a cerné le campus de l’University College de Garissa, une ville proche de la frontière somalienne, et des militaires ont pris position sur le site. « Nous avons trié les gens et libéré les musulmans. Il y a beaucoup de cadavres de chrétiens dans le bâtiment. Nous en retenons aussi beaucoup qui sont toujours en vie. Les combats se poursuivent à la faculté », a déclaré à Reuters Cheikh Abdiasis Abou Mousab, porte-parole du mouvement pour les opérations militaires. « Nous avons du mal à accéder au complexe parce que des assaillants sont sur les toits et nous tirent dessus quand nous essayons d’y pénétrer », a souligné un officier de police.
Le ministère kényan de l’Intérieur a affirmé que « trois des quatre bâtiments » de la résidence universitaire avaient été « évacués », sans autre détail. « Les assaillants sont retranchés dans l’un des bâtiments et les opérations continuent » pour reprendre le contrôle du campus, a-t-il poursuivi.
La zone autour du campus, constitué d’une vingtaine de bâtiments et située à environ un kilomètre du centre-ville de Garissa, était totalement bouclée et les médias tenus à l’écart.
Une longue série d’attentats. Les islamistes somaliens shebab ont multiplié les attentats sur le territoire kényan depuis 2011, jusqu’à Nairobi et sur la touristique côte du pays, notamment à Mombasa, principal port d’Afrique de l’Est. Ils ont notamment revendiqué le spectaculaire assaut en septembre 2013 contre le centre commercial Westgate de Nairobi (67 morts) et une série de raids sanglants contre des villages de la côte kényane en juin-juillet 2014 (au moins 96 personnes froidement exécutées). Les zones kényanes situées le long des quelque 700 km de frontière avec la Somalie – particulièrement les régions de Mandera et Wajir (nord-est) ainsi que celle de Garissa – sont le plus régulièrement la cible d’attaques.
Fin novembre, après que les shebab eurent exécuté 28 passagers d’un bus – essentiellement des professeurs – près de Mandera, des syndicats de médecins, dentistes et professeurs avaient conseillé aux membres de leurs professions de quitter les zones frontalières de la Somalie tant que les autorités kényanes ne pourraient pas assurer la sécurité.
En février dernier, quelque 200 professeurs travaillant dans la partie nord-est du Kenya avaient manifesté à Nairobi pour réclamer leur réaffectation, se disant « traumatisés » par les attaques récurrentes. « On ne sait jamais quand ils (les shebab) vont frapper », avait expliqué l’un d’eux.
« Le Kenya est aussi sûr que n’importe quel autre pays dans le monde », avait assuré mercredi le président kényan Uhuru Kenyatta, après que Londres eut émis de nouvelles mises en garde à ses citoyens sur la sécurité au Kenya. Au moins 200 personnes ont été tuées et au moins autant blessées en 2014 au Kenya dans des attaques revendiquées par les shebab ou qui leur ont été attribuées, selon un décompte établi par l’AFP.
Avec AFP