La Corée du Nord annonce son premier essai réussi de bombe H
Photo non datée de Kim Jong-Un, leader de la Corée du Nord. Photo Kns. AFP
Les Etats-Unis, la France et le Japon sont scandalisés, même si certains experts doutent de la capacité de Pyongyang à avoir entièrement réussi cet essai. Le Conseil de sécurité de l’ONU va se réunir ce mercredi.
La Corée du Nord affirme mercredi avoir réussi son premier essai de bombe à hydrogène, bien plus puissante que la bombe atomique ordinaire, montrant ainsi que l’Etat paria poursuit son programme nucléaire malgré l’interdiction de la communauté internationale. Cette annonce surprise d’essai de bombe H, qui a été accueillie avec le plus grande scepticisme par les spécialistes, a suscité des condamnations immédiates à travers le monde.
La Corée du Sud et le Japon voisins ont dénoncé une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et la Maison Blanche a promis une réaction «appropriée» aux «provocations» de Pyongyang tout en se disant incapable de confirmer qu’il s’agissait bien d’une bombe à hydrogène. «Le premier essai de bombe à hydrogène de la république a été mené avec succès à 10 heures», a annoncé la télévision officielle nord-coréenne, précisant que l’engin était «miniaturisé». «Avec le succès parfait de notre bombe H historique, nous rejoignons les rangs des Etats nucléaires avancés».
Une bombe à hydrogène, ou bombe thermonucléaire, utilise la technique de la fusion nucléaire et produit une explosion beaucoup plus puissante qu’une déflagration due à la fission, générée par les seuls uranium ou plutonium. Pyongyang a testé trois fois la bombe atomique A, qui utilise la seule fission, en 2006, 2009 et 2013, ce qui lui a valu plusieurs volées de sanctions internationales.
Doutes sur la bombe H . Le mois dernier, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un avait laissé entendre que son pays avait mis au point une bombe H, une déclaration largement mise en doute par les spécialistes internationaux. La circonspection n’était pas moins grande après les annonces de mercredi.«Les données sismologiques suggèrent que l’explosion a été considérablement moins forte que celle qu’on attendrait d’un essai de bombe H», a déclaré le spécialiste australien de la politique nucléaire Crispin Rovere. «A première vue, il semblerait qu’ils aient mené un essai nucléaire réussi mais n’ont pas réussi à mener à bien la deuxième étape, celle de l’explosion d’hydrogène».
Bruce Bennett, analyste à la Rand Corporation, n’était pas non plus convaincu. «Cette arme avait probablement la taille de la bombe américaine d’Hiroshima mais ce n’était pas une bombe à hydrogène. On a affaire à de la fission», a dit ce spécialiste de la défense. «Le « bang » qu’ils auraient obtenu aurait été 10 fois supérieur à ce qu’ils ont obtenu»effectivement.
Les premiers soupçons sur un nouvel essai nord-coréen, survenu à deux jours de l’anniversaire de Kim Jong-Un, ont été émis par des sismologues qui ont détecté un séisme de magnitude 5,1 près du principal site d’essais nucléaires, dans le nord-est du pays. La plupart des spécialistes estimaient que Pyongyang était à des années de pouvoir développer une bombe thermonucléaire, mais étaient divisés quant à ses capacités de miniaturiser l’arme atomique. La miniaturisation est une étape décisive car elle permet de monter l’arme nucléaire sur des ogives de missiles.
Bombe H ou pas, ce quatrième essai nucléaire nord-coréen constitue un affront flagrant envers les ennemis comme les alliés de Pyongyang, qui l’ont averti que le prix à payer pour la poursuite de son programme nucléaire serait très élevé.
La Chine, un acteur clé . Le fait que les précédentes sanctions internationales n’aient pas empêché la Corée du Nord de procéder à un quatrième test devrait susciter des appels à des réactions plus dures cette fois-ci. Le président Barack Obama avait qualifié en 2014 la Corée du Nord «d’Etat paria» et promis des sanctions plus fermes en cas de nouvel essai. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir ce mercredi, tandis que la France a «condamné cette violation inacceptable» des résolutions de l’ONU.
La réaction de la Chine, principal allié de Pyongyang, sera observée de près. Pékin a fait pression par le passé pour limiter la portée des sanctions contre la Corée du Nord, mais semblait s’impatienter ces derniers temps du refus de Pyongyang d’abandonner son programme nucléaire. Selon les spécialistes, la capacité de Pékin de peser sur son allié est contrebalancée par ses craintes de voir ce pays s’effondrer et que naisse à sa frontière une Corée réunifiée soutenue par les Etats-Unis.
Pékin est à la manoeuvre pour une reprise des pourparlers à six (Corée du Nord, Corée du Sud, Etats-Unis, Russie, Chine, Japon) sur le programme nucléaire nord-coréen, au point mort depuis 2008. Après son dernier essai nucléaire, Pyongyang avait redémarré un réacteur nucléaire considéré comme sa principale source de plutonium de qualité militaire, sur son site de Yongbyon. Ce réacteur était fermé depuis 2007, dans le cadre d’un accord échangeant désarmement contre aide humanitaire.
Selon les spécialistes, ce réacteur est capable de produire environ six kilogrammes de plutonium chaque année, de quoi fabriquer une bombe nucléaire. Les experts estiment que Pyongyang a actuellement suffisamment de plutonium pour fabriquer jusqu’à six bombes. Ils ne savent toujours pas si Pyongyang avait utilisé de l’uranium ou du plutonium comme matière fissile lors de son essai de 2013.
AFP
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