La Côte d’Ivoire peut-elle échapper à un report de la CAN 2023 ?
A douze mois de l’échéance, la question s’impose désormais. L’état actuel des stades de San Pédro, Korhogo, Bouaké, et du stade Félix Houphouët Boigny d’Abidjan suscite des inquiétudes. Initialement le cahier des charges prévoyait la livraison des infrastructures 12 mois avant le début de la compétition. Puis ce délai fut ramené à 6 mois. La CI doit livrer les stades d’ici Décembre 2022 comme elle s’y était engagée. Le pourra-t-elle ?
Les chantiers ont été lancés en 2018 par feu le PM Amadou Gon Coulibaly. Bientôt quatre années plus tard, hormis le stade de Yamoussoukro, ( si l’on exclut Ebimpé ), les autres en sont toujours au gros-œuvre. Les bâtiments sont certes sortis de terre, mais tout le reste est à faire. Rappelons que ces stades devraient être initialement prêts pour la CAN 2021. Les travaux devaient donc prendre deux ans. En Janvier 2019, le président d’alors de la CAF, le malgache Ahmad Ahmad s’est rendu à Abidjan pour informer les autorités que la CAN se tiendrait en CI en 2023 et non en 2021 comme initialement prévu. Les autorités avaient pris acte du report de la compétition, tout en réaffirmant haut et fort que le pays serait néanmoins prêt pour 2021. Aujourd’hui le constat est inquiétant, beaucoup d’experts dont le célèbre entraîneur français Claude Leroy qui entraîne depuis quarante ans des sélections africaines, estiment que la CI ne sera pas prête en Juin 2023.
Dans une conférence de presse animée le 31 Mars 2022, Madame Mariam Koné Yoda, Directrice Générale de l’ONS, et membre du COCAN ( Comité d’Organisation de la CAN ) s’est voulue rassurante en donnant certaines statistiques. Ainsi le stade de Bouaké serait achevé à 94%, celui de Korhogo à 64%, celui de San Pedro à 70%, celui de Yamoussoukro à 98%, celui d’Ebimpé à 95%, enfin le stade FHB d’Abidjan serait achevé à 25%. On aurait aimé comprendre la méthode de calcul qui permet d’obtenir ces pourcentages.
L’Etat des chantiers n’incite pas à l’optimisme. C’est un fait indiscutable. Personne ne voit les travaux du stade FHB d’Abidjan s’achever avant 2024, selon les articles qu’on peut consulter sur la question. Le stade d’Ebimpé doit être desservi par une autoroute. La route actuelle ne pourra pas supporter le trafic généré par la CAN. Or le chantier de l’autoroute de contournement d’Abidjan, qui doit passer à proximité est encore loin. En Septembre 2021, la CAF avait refusé d’homologuer le stade de Yamoussoukro en faisant la liste des points critiques. 08 Mois plus tard, le stade n’est toujours pas livré, même si le 09 Mai dernier, la CAF a « temporairement approuvé » qu’il accueille le match Côte d’Ivoire / Zambie. Les stades de San Pedro, Korhogo et Bouaké sont bien loin de toute finition. Il y a aussi les infrastructures annexes, les villas, les terrains d’entraînement, la mise aux normes des aéroports etc…. etc… Il est difficile de croire que tout cela puisse tenir sur douze mois.
Une autre question doit aussi être mise sur la table dans le sillage de la CAN. Qui du président du COCAN François Amichia, ou du Ministre des sports Danho Paulin, est le véritable patron de l’organisation de cet évènement ? Sur le papier, c’est bien François Amichia. Mais dans les faits, la bataille de leadership est rampante entre les deux hommes. Cela a certainement des répercussions sur l’évolution des préparatifs.
En Janvier dernier, une première crise avait éclaté au grand jour sur le choix des membres du COCAN. La liste validée par le Ministre Danho Paulin avait été rejetée par François Amichia. Le PM Patrick Achi avait abrité en proposant une « liste consensuelle ». En vérité, il aurait dû crever l’abcès en réaffirmant de façon claire l’autorité de François Amichia en tant que seul patron de l’évènement. La question de leadership aurait ainsi été tranchée dans le vif une bonne fois pour toute.
Beaucoup avaient fustigé le Cameroun pour le report de la CAN 2019 à 2021. Mais il faut savoir que le nombre de pays participant est passé de 16 ( au moment où l’organisation était attribuée au pays ) à 24, deux années avant l’échéance. Il a fallu programmer de nouvelles infrastructures. Et cela a eu une incidence globale sur la capacité du pays à tenir ses engagements. La CI elle n’aura aucune excuse.
En fait il n’ y a pas que les stades, c’est l’ensemble des infrastructures en cours en ce moment dans le pays qui souffre de lenteur. On a vu le Ministre des infrastructures économiques, se rendre sur le chantier du quatrième pont d’Abidjan en Janvier 2022 pour signifier à l’entreprise contractante que le Président de la République exigeait que l’infrastructure soit livrée en fin d’année 2022. Le PM Patrick Achi doit davantage descendre sur le terrain et mettre une pression maximale sur les acteurs en cause. Tous les chantiers en cours dans le pays doivent accélérer.
Dernier point , la CAF est condamnée. Même si la CI n’est pas prête en Juin 2023, elle n’aura pas d’autre choix que de reporter l’événement, car aujourd’hui rares sont les pays qui peuvent organiser une CAN à 24 équipes. La CAF n’aura pas le choix que de laisser la CI totalement être prête.
Douglas Mountain