La faiblesse des Etats africains face au terrorisme
Les troupes maliennes lors du défilé du 14 juillet 2013 à Paris.
Les pays africains se trouvent souvent démunis face au terrorisme international. Pour Boubacar Salif Traoré, directeur du cabinet Afriblog, une plus grande cohésion des stratégies pourrait venir à bout de ce fléau.
En 1996, Barry Nalebuff et Adam Brandenburger ont été parmi les premiers à utiliser le concept de la « coopétition », dans le management. La coopétition est l’association de la coopération et de la compétition, elle a pour but d’organiser la coopération entre deux entreprises concurrentes, pour empêcher l’émergence d’une autre entreprise concurrente encore plus puissante. Dans le domaine sécuritaire, cela a pour avantage de mutualiser les efforts afin d’éviter la cristallisation des activités criminelles.
L’avancée spectaculaire de « EI » (l’Etat Islamique) en Irak, a fait apparaître la possibilité d’une alliance entre les Etats-Unis et plusieurs pays du Moyen Orient. Aussi, une alliance entre l’Etat irakien et les kurdes. Il y a quelques années, la possibilité de telles alliances, était totalement exclue, au regard des antagonismes existants entre les différentes parties. La lutte contre l’EI réussira-t-elle là où la diplomatie a échoué ? La coopération a-t-elle pris le dessus sur les rivalités ? Et enfin, ces types d’alliances sont-elles possibles au Mali et dans le Sahel, face à AQMI et ses alliés ?
Absence de cohésion. L’occupation des trois régions du Mali en 2012, par des groupes terroristes, a été possible, entre autres, à cause d’une longue rivalité entre l’Etat malien et la rébellion touareg. Malgré la persistance de la menace terroriste, les Etats de la zone sahélo-saharienne ne sont jamais parvenus à construire une stratégie commune et efficace contre le terrorisme.
Les initiatives de paix (UFL, CEMOC, CENSAD, et G5), sont confrontées à de graves difficultés quant à l’atteinte de résultats concrets. Cela, à cause d’un manque de coopération réelle entre Etats. Les échanges entre Etats, restent largement dominés par des aspects symboliques et politiques. Les rencontres, les négociations et les sommets, sont souvent dépourvus de cadres conceptuels. Cette situation se traduit par l’absence de coordination des opérations militaires, ainsi que par une absence de mise en commun des stratégies de lutte contre la misère, dans les zones directement exposées au terrorisme.
Force des groupes armés. La coopétition entre les groupes armés au Sahel, constitue un véritable problème pour les pays de zone sahélienne, tant sur le plan interne, qu’externe. L’alliance surprenante entre les rebelles touaregs maliens et les groupes terroristes, pour combattre l’armée malienne démontre une véritable connexion entre les réseaux locaux et le terrorisme international.
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La présence d’AQMI dans le nord du Mali, au début des années 2000 et son allégeance officielle à Al Qaeda central en 2006, ont cristallisé les activités criminelles dans cette partie du Mali. La construction de réseaux locaux puissants avec souvent l’aide de certaines notabilités, a permis aux terroristes de constituer des alliances puissantes. Les liens d’amitiés, de mariages et d’affaires, ont totalement modifié les équilibres sociaux dans la région de Kidal et dans d’autres parties du nord du Mali.
L’aggravation de la situation sécuritaire du Sahel, est également liée à l’instabilité de la Libye. Avec la chute du régime de Mouammar Kadhafi, la région du Fezzan est devenue un véritable « réservoir » à l’intérieur duquel cohabitent plusieurs dizaines de groupes terroristes. Et malgré certaines rivalités, ces groupes nouent des alliances contre des gouvernements. En 2011, l’ancien chauffeur d’Oussama Ben Laden, Soufian Al-Quma a créé dans le sud libyen, à Derna « Ansar Al Charia », un groupe très violent et radical, ayant des liens avec le terrorisme international.
Difficile stabilisation du Mali. La MINUSMA, (Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali) travaille depuis Avril 2013, sur la stabilisation de l’Etat malien. L’élection d’autorités légitimes au Mali, a permis l’accélération des activités de la mission. Mais la MINUSMA rencontre quelques difficultés, elles sont liées aux rivalités entre les différentes couches de la société malienne. Egalement les groupes armés engagés dans des négociations, se livrent à une lutte d’influence sur le terrain.
La difficile relation entre les courants politiques, constitue le principal problème. La construction d’un consensus politique autour de la volonté de lutter contre l’insécurité au Mali, aurait pu faciliter le dialogue au sein des autres couches. Ce dialogue aurait également pu favoriser le renforcement de la légitimité de l’Etat. La légitimité de l’Etat est la principale condition de réussite d’un processus de stabilisation. La coopétition entre les différentes couches de la sphère publique malienne permettra de parvenir à une sortie de crise rapide et crédible.
Boubacar Salif TRAORE
Directeur du cabinet Afriblog
Bonjour j ai lu avec beaucoup d intérêts votre article mais je suis resté sur ma soif car l analyse n est pas approfondie car vous n avez pas évoqué les aspects historiques liés à la pénétration Coloniale. c est à dire son influence.