La paix sous les balles des rebelles
Le chef de la mission de l’ONU, Mongi Hamdi, incapable d’assurer la sécurité et la protection des populations civiles.
Incapable d’assurer la sécurité et la protection des populations civiles, la Médiation internationale s’achemine vers un échec face à la volonté des rebelles de saboter le processus de paix.
Jeudi 30 avril à Bamako s’est tenue au Siège de la Minusma, une réunion du « Core Group » de la Médiation internationale (Algérie, Union Africaine, Union Européenne, CEDEAO), avec la participation de la France et des Etats-Unis, pour discuter de la situation sécuritaire préoccupante dans le nord du Mali.
Les participants ont estimé, selon un communiqué, que face à la dégradation rapide de la sécurité sur le terrain, il était indispensable de continuer à privilégier la voie du dialogue dans le cadre du processus de paix en cours.
« A l’unanimité, précise le communiqué, les participants insistent sur la nécessité de respecter les accords de cessez-le-feu et exigent le retrait immédiat et sans condition des groupes armés occupants des positions en violation de ces accords, ainsi que de la Déclaration de cessation des hostilités signée à Alger le 19 février 2015″.
Concernant la situation actuelle prévalant à Ménaka, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU Mongi Hamdi s’est engagé à mettre en œuvre tous les moyens, y compris de renforcer la présence de la Minusma, dans le but d’assurer sécurité et protection des populations civiles. « Il est impératif que les parties retrouvent la voie du dialogue dans le cadre du processus de paix engagé depuis plus d’un an, en vue d’une signature prochaine de l’accord de paix prévue le 15 mai, » a-t-il déclaré.
Le « Core Group » de la Médiation internationale est en train d’étudier également la possibilité de la tenue d’une réunion à Alger dans les jours à venir avec la participation des parties engagées sur le terrain dans le but d’apaiser les tensions dans le nord du Mali.
Provocations. Pendant ce temps les rebelles touareg de Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) continuent à tirer sur les populations au vu et au su de tout le monde.
Une personne a été tuée jeudi et six enlevées dans le nord du Mali lors d’une attaque de la rébellion à dominante touareg « Plus de cinquante hommes armés de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) sont venus jeudi semer la terreur à Bintagoungou. Ils ont tué un homme et pris en otage six autres personnes avec qui ils sont partis », a déclaré à l’AFP Hama Aboubacrine, maire de cette localité à 90 km à l’ouest de Tombouctou.
« Tout le monde se connaît ici. Ils (les assaillants) avaient le drapeau de la CMA », a raconté le maire à l’AFP. Selon lui, ces derniers ont en outre pillé une vingtaine de boutiques, un dispensaire et emporté deux véhicules. Un habitant de Bintagoungou a confirmé ces propos à l’AFP, ajoutant que son père, un directeur d’école, faisait partie des otages emmenés pas les « rebelles touareg ».
« Effectivement, jeudi, des groupes armés ont terrorisé la population de Bintagoungou, tuant au moins une personne et prenant en otages d’autres », a confirmé une source au sein de la Minusma, sans préciser l’identité des agresseurs.
Bintagoungou est située à 55 km au nord de Goundam, une localité attaquée mercredi par les rebelles. Deux membres de la garde nationale – une composante de l’armée – et un enfant avaient été tués lors de cet assaut imputé à la CMA par l’ONU et le gouvernement malien.
Par ailleurs, « la tension restait vive dans la périphérie de Ménaka » (nord-est) vendredi, selon une source au sein de la Minusma. Des groupes d’autodéfense pro-Bamako se sont emparés lundi des positions de la CMA à Ménaka, ville proche de la frontière nigérienne. Des combats meurtriers ont également opposé mercredi la rébellion et l’armée à Léré, près de la frontière mauritanienne. Ces affrontements surviennent alors que des responsables rebelles ont récemment donné leur accord pour parapher l’accord de paix d’Alger, près de deux mois après Bamako et ses alliés.
Le nord du Mali est tombé au printemps 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée. Les jihadistes ont été dispersés et partiellement chassés de cette zone par une opération militaire internationale lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, et toujours en cours. Mais des zones entières échappent encore au contrôle de Bamako.
Avec AFP