L’armée malienne détruit un camp jihadiste à la frontière ivoirienne
Une partie de l’arsenal saisi par l’armée malienne lors des opérations anti-jihadistes le long de la frontière ivoirienne.
Plusieurs jihadistes ont été tués par l’armée dans le sud du Mali, limitrophe de la Côte d’Ivoire, et leur principal camp détruit dans une forêt jouxtant la frontière, a affirmé jeudi à l’AFP un officier malien sur le terrain joint par téléphone.
Le chef d’état-major adjoint de l’armée malienne, le général Didier Dakouo, a fait état d’offensives menées par les forces maliennes dans la région de Sikasso, non loin de la frontière avec la Côte d’Ivoire, pour combattre le terrorisme dans une déclaration à la télévision publique malienne ORTM jeudi soir.
Nous avons effectué deux offensives dans le sanctuaire des terroristes. Ils sont relativement armés. Nous sommes parvenus à mettre la main sur un certain nombre de matériel, dont des motos, de l’armement et (des) explosifs. Quelques éléments terroristes ont été neutralisés mais pas tous, a-t-il dit.
Auparavant, l’officier malien joint sur le terrain avait affirmé à l’AFP sous couvert d’anonymat: Nous venons de détruire le principal camp militaire des jihadistes au Sud, dans la forêt de Sama à la frontière avec la Côte d’Ivoire, plusieurs jihadistes ont été tués, d’autres arrêtés. D’après lui, depuis la semaine dernière, les commandos parachutistes de l’armée et des soldats habituellement basés dans la région de Sikasso mènent des opérations anti-jihadistes le long de cette frontière.
Selon une autre source militaire malienne, des armes, munitions, motos, ainsi que des documents stratégiques ont été saisis dans le camp détruit. De même source, parmi les adversaires sur le terrain figuraient le groupe jihadiste Ansar Dine, des adeptes du prédicateur islamiste Amadou Koufa, ainsi que la secte dite des Pieds-nus, présente dans la région, qui milite pour l’application de la charia, contre l’enseignement occidental et les campagnes de vaccination.
←Des motoss ont été saisis dans le camp détruit.
Une source humanitaire sur place a précisé que deux militaires maliens avaient été blessés au cours des opérations qui, d’après les sources militaires, se sont poursuivies jeudi notamment à Fakola (environ 20 km de la frontière). Fakola avait été attaquée le 28 juin par des jihadistes présumés, une incursion revendiquée par Ansar Dine.
Des habitants du village ivoirien de Débété, à 30 km de Fakola, joints au téléphone par l’AFP, ont confirmé un ratissage jeudi dans la forêt de Sama, et l’arrestation de plusieurs jihadistes.
Par ailleurs, les interrogatoires d’une vingtaine de personnes arrêtées le 13 juillet au poste-frontière malien de Zegoua, à bord d’un car en provenance de Côte d’Ivoire et soupçonnées d’appartenir à la mouvance jihadiste, se sont poursuivies jeudi, d’après des sources de sécurité maliennes. Tous sont membres de la Daawa, une secte islamiste d’obédience pakistanaise, également connue sous le nom de Tabligh, a précisé une de ces sources. Parmi eux, figuraient deux Français et trois binationaux franco-maliens, d’après une autre source proche de l’enquête.
Outre ces cinq personnes, 13 Mauritaniens et deux Maliens ont été arrêtés pour les besoins de l’enquête, a indiqué une autre source de sécurité. Jusqu’à tard jeudi soir, aucun commentaire n’avait pu être obtenu auprès de l’ambassade de France à Bamako. Dans la journée de jeudi, une source diplomatique mauritanienne avait confirmé à l’AFP à Nouakchott l’arrestation de certains Mauritaniens affiliés à la Daawa, parmi un groupe de plusieurs nationalités.
Selon elle, les autorités maliennes avaient expliqué à l’ambassade mauritanienne à Bamako que ces arrestations entraient dans le cadre d’une opération sécuritaire. Puis dans la nuit de jeudi à vendredi, la même source mauritanienne a annoncé leur libération. Les ressortissants mauritaniens qui étaient détenus au Mali dans ce cadre ont tous été libérés. Ils sont neuf, a-t-elle dit à l’AFP, sans plus de détails.
Longtemps concentrées dans le nord du Mali, les attaques jihadistes se sont étendues depuis le début de l’année vers le Centre, puis à partir de juin dans le Sud. Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, dont Ansar Dine, après la déroute de l’armée face à une rébellion touareg d’abord alliée à ces groupes et ensuite évincée par eux.
Les jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés de cette vaste région à la suite du lancement en janvier 2013 d’une intervention militaire internationale, toujours en cours. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des autorités maliennes comme des forces étrangères.
Avec AFP