L’athlétisme russe au cœur du scandale de dopage et de corruption
L’AMA réclame la suspension à vie de Mariya Savinova (championne du monde du 800 mètres en 2011, championne olympique du 800 mètres en 2012 et vice-championne olympique en 2013).
Le monde de l’athlétisme est ébranlé par une enquête de l’Agence mondiale antidopage qui a déjà entraîné la mise en examen de l’ancien président de la Fédération internationale (IAAF). L’athlétisme russe, miné par le dopage, se trouve au centre du scandale et risque de lourdes sanctions.
Tout part d’un documentaire de la chaîne allemande ARD diffusée en décembre 2014, intitulé « Dopage confidentiel : comment la Russie fabrique ses vainqueurs ». Ce travail d’investigation dresse, témoignages de sportifs à l’appui, un portrait sévère de l’athlétisme russe, présenté comme gangrené par le dopage et la corruption à tous les échelons.
La spécialiste du 800 mètres Julia Stepanova, et son époux, Vitali Stepanov, qui a travaillé entre 2008 et 2011 pour l’agence russe de lutte contre le dopage, ont largement contribué à raconter les arcanes de l’athlétisme en Russie. Des lanceurs d’alerte qui ont dû quitter leur pays.
Corruption. Devant la gravité des accusations, l’Agence mondiale antidopage (AMA) a mis sur pied une commission indépendante pour mener l’enquête. Dans les premiers éléments de l’enquête provisoire qu’ont pu consulter Lyon Capitale et Mediapart, cette commission confirmerait les graves dysfonctionnements de l’athlétisme russe et la corruption endémique.
Plusieurs protagonistes sont fortement soupçonnés, dont Valentin Balakhnichev, trésorier de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) jusqu’en décembre 2014 et ancien président de la Fédération russe, ainsi que son compatriote russe Alexei Melnikov, l’ancien entraîneur national de la marche. Ils font tous les deux l’objet de procédures disciplinaires menées par la commission d’éthique de l’IAAF.
Pression. Selon les premiers éléments de l’enquête de l’AMA, la Fédération russe aurait lourdement incité ses athlètes fortement soupçonnés de dopage à payer certains membres de l’IAAF – les proches de l’ancien président Lamine Diack – pour qu’ils ferment les yeux sur leur pratique, à l’instar de la marathonienne Liliya Shobukhova.
L’athlétisme russe a connu une série de cas d’athlètes contrôlés positifs, notamment en marche, une spécialité de la Russie. C’est le cas de Sergey Kirdyapkin, champion olympique 2012 du 50 km marche, ou d’Elena Lashmanova, médaille d’or 2012 du 20 km marche. Et les résultats s’en ressentent. Première au tableau des médailles des championnats du monde 2013 à Moscou avec 17 médailles dont 7 en or, la Russie ne s’est classée que neuvième des Mondiaux 2015 à Pékin avec 4 médailles dont 2 en or.
Sanctions. Conscientes que le boulet se rapproche, les autorités russes tentent de montrer leur bonne volonté. « Nous punirons toutes les personnes coupables si ce rapport nous fournit les faits concrets », a affirmé Vitali Moutko, le ministre des Sports. Même son de cloche à la Fédération d’athlétisme. « Il y a plein de problèmes dans notre système actuel de contrôles antidopage, qui est souvent incompréhensible pour nos athlètes et entraîneurs », a déclaré Mikhail Butov, secrétaire général qui assure que la fédération russe va envoyer à l’IAAF des « propositions pour l’amélioration des procédures de contrôle antidopage ». Car le pays n’est pas à l’abri de sanctions exemplaires : sa Fédération d’athlétisme pourrait être suspendue et ses athlètes privés des prochains Jeux olympiques.
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