Le dernier otage français Serge Lazarevic a été libéré
AQMI a diffusé le 17 novembre dernier une vidéo de Serge Lazarevic, amaigri, barbu et coiffé d’un turban noir.
Apres plus de trois ans de captivité le dernier otage français a été libéré. L’annonce a été faite par François Hollande lui-même, le 9 décembre, en marge d’une visite à la caserne des gardes républicains à Paris. « Notre otage Serge Lazarevic, notre dernier otage est libre », a déclaré le président français. «La France ne compte plus d’otage dans le monde et elle ne doit plus en compter à l’avenir. Cela suppose une grande vigilance et une grande protection de nos intérêts», a-t-il ajouté.
L’Elysée précise que Serge Lazarevic, 50 ans, 1,98 m et 120 kg au moment de sa capture, va rapidement rejoindre Niamey puis la France. Il est « en relativement bonne santé », malgré les conditions « très éprouvantes » de captivité. « La fille de Serge Lazarevic pourra le rejoindre à Niamey (au Niger) dans les meilleurs délais. Je l’accueillerai à son retour en France avec sa famille», a affirmé le président français. A la suite de la libération des otages d’Arlit, en octobre 2013,la fille de Serge Lazarevic, Diane avait dénoncé l’inaction des autorités françaises pour faire libérer son père. « Cette libération a été le résultat d’efforts intenses et suivis tant des autorités du Niger que du Mali », s’est félicité le président nigérien Mahamadou Issoufou dans un communiqué.
AQMI. Double nationalité française et serbe, Serge Lazarevic a été capturé le 24 novembre 2011 à Hombori au Mali en compagnie d’un autre Français, Philippe Verdon, qui lui a été retrouvé mort, tué d’une balle dans la tête en juillet 2013, six mois après le début de l’intervention des forces françaises dans le cadre de l’opération Serval. Les deux hommes étaient en voyage d’affaires. Le groupe Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a diffusé le 17 novembre dernier une vidéo de Serge Lazarevic, amaigri, barbu et coiffé d’un turban noir. Dans cette séquence de moins de quatre minutes filmée dans l’habitacle d’un pick-up, il déclarait en français être malade et estimait que sa vie était en danger. « Vous avez libéré tous les Français, je suis le dernier. J’espère ne pas être le huitième des Français tués dans le Sahel », avait-il lancé. L’Élysée avait toutefois confirmé «l’authenticité» de la vidéo, une «preuve de vie récente attendue depuis longtemps».
Contrepartie. Serge Lazarevic était détenu par le même chef rebelle d’AQMI qui a fait assassiner deux journalistes français de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon le 2 novembre 2013 à Kidal. Il s’agit d’Abdelkrim Al Targui proche d’Iyad Ag Ghali. Mais quelle est la contrepartie de cette libération ? Selon les informations en provenance de Bamako Serge Lazarevic aurait été échangé contre la libération des prisonniers d’AQMI détenus à Bamako dont Mohamed Aly Ag Wadoussène et Haïba Ag Acherif. Ceux-ci d’ailleurs s’étaient évadés de façon spectaculaire de la maison centrale d’arrêt de Bamako le 18 juin dernier occasionnant la mort d’un gardien. Leur capture le 25 juin avait aussi causé la perte d’une copine qui était avec eux. Ibrahim Boubacar Keita, le président malien qui a été vivement salué par François Hollande est-il en train d’emprunter le même chemin que son prédécesseur Amadou Toumani Touré ? En 2010 ce dernier à la suite d’un simulacre de procès avait relâché quatre dangereux terroristes en échange de la libération de l’otage français Pierre Camatte.
Ibrahim Cissé