Le musée de l’immigration enfin inauguré
François Hollande a inauguré le 15 décembre le musée de l’immigration après sept ans d’attente.
Ouvert il y a sept ans, l’inauguration de la cité de l’immigration a souffert des clivages et des humeurs de la société française.
Le président François Hollande a enfin inauguré hier 15 décembre le musée de l’Immigration. Enfin, parce que ce lieu censé magnifier l’apport des immigrants à la France a eu une histoire singulière. En fait l’idée de ce musée a germé dans les années 1990 après l’ouverture de celui d’Ellis Island à New York, célébrant les immigrants qui ont fait l’Amérique.
L’idée avait été lancée par le premier ministre Lionel Jospin, en 2001 sans être concrétisée. Le président Jacques Chirac après le 21 avril 2002, la rependra à son compte. Et se sera son premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui va officiellement annoncée la création du musée en 2004. Achevé en 2007, année de l’élection de Nicolas Sarkozy, le musée de l’immigration ne sera jamais inauguré. Car le nouveau président qui a créé le ministère de l’Identité nationale n’y mettra jamais le pied. Il faut dire que le concept a évolué au gré des humeurs de la société française. Et, c’est un acte de courage politique pour François Hollande qui s’est démarqué de son prédécesseur pour dire la reconnaissance de la France pour ses immigrés et donner une vision positive de l’immigration en France.
Rendre justice. En procédant à l’inauguration de la cité de l’immigration, François Hollande a prononcé son premier grand discours sur un sujet périlleux pour « rendre aux immigrés la place qui leur revient dans leur récit national, de rendre justice à ceux qui venus en France pour libérer le pays ou tout simplement pour travailler ». En effet, l’immigration est devenue un sujet de prédilection pour la droite et l’extrême droite française. Ruine de l’économie, afflux de migrants, laxisme de l’Etat, tout est bon pour dénoncer une fois encore l’arrivée ou la présence d’immigrés sur le sol français. « L’immigration, c’est 200 000 personnes en France par an pas plus», a rappelé François Hollande. Un chiffre bien en deçà de ceux de ses voisins comme l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie. De même, la France a moins d’étrangers sur son sol que la plupart de ses voisins européens. Et se situe, au niveau mondial à la 80e position pour l’immigration, derrière les Etats-Unis ou de nombreux autres pays européens.
5 millions d’immigrés. Selon l’INSEE, un tiers( 38 %)des immigrés en France provenaient en 2008 des pays de l’UE. On compte ensuite 42,5 % d’immigrés originaires d’Afrique et du Maghreb, 14,2 % d’Asie, et 5,3 % d’Amérique ou d’Océanie. En 2011, on compte 5,4 millions d’immigrés (nés étrangers dans un pays étranger) et 3,7 millions d’étrangers (vivant en France sans avoir la nationalité française) pour 65 millions d’habitants. Cependant « trop de compatriotes ne se sentent pas assez Français quand d’autres ne se sentent plus chez eux » a commenté François Hollande pour fustiger les clivages dans la société française. Quand on vote des étrangers aux élections communales, une des promesses e campagne du président, il a été remis aux calendes grecques. Car, il suppose une révision constitutionnelle qui requiert une majorité des 3/5 au parlement que le président n’a pas.
Ahmadou DIALLO