Le président Poutine a-t-il les moyens de faire face aux sanctions occidentales ?
Avec le conflit qu’il a déclenché en Ukraine, le président Poutine a-t-il les moyens de faire face aux sanctions occidentales ?
Avec l’invasion de l’Ukraine, la Russie tente de s’affirmer en tant que » puissance dominante » avec laquelle il faut compter. En fait, elle veut donner l’impression qu’elle fait jeu égal avec les Etats Unis. Quand on analyse cependant les chiffres, on se rend tout de suite compte du large fossé qui les sépare. La Russie ne fait tout simplement pas le poids. Considérons tout d’abord les budgets militaires, Selon le Centre International de Stockholm pour la recherche de la paix qui fait référence en la matière, en 2019 le budget militaire de la Russie s’élevait à 65,1 milliards de dollars, tandis celui des USA pointait à 732 milliards, soit plus de onze fois plus. Cette seule statistique montre immédiatement que les deux pays ne jouent pas dans la même catégorie.
Concernant maintenant certains chapitres des équipements militaires, si nous considérons les porte-avions, les USA en possède douze, ainsi que douze porte-hélicoptères d’assaut, tous en service actif. La Russie ne possède qu’un seul porte-avion, l’amiral Kuznetsov « , entré en cale sèche pour réparation depuis 2018. Il est pratiquement en fin de vie. En 2010, la Russie avait commandé deux bâtiments de projection et de commandement à la France, des porte-hélicoptères, qui transportent également des chars dans leur soute. Suite à l’annexion de la Crimée en 2014, ces commandes ont été annulées. Aujourd’hui, la Russie n’a ni porte-avion ni porte-hélicoptère, elle n’a aucun moyen de projeter des forces loin de ses frontières.
Concernant la marine, en 2000, le plus grand sous-marin russe de la flotte du Nord, le Koursk, sombrait dans la mer de Barents avec 117 hommes à bord. Les Russes n’avaient aucun moyen de faire remonter la coque à la surface. C’est une entreprise hollandaise qui est venue à leur rescousse. En 2003, ce fut au tour d’un autre sous-marin d’être pris au piège dans les filets, dans le pacifique. Ce furent les Anglais qui sont parvenus à faire remonter le submersible. Les Russes n’ont aucune technologie pour ce genre d’opération de sauvetage. Les bâtiments de la marine Russe sont souvent qualifiés de » rafiots à voile « , tant ils sont vétustes.
Concernant l’aviation de combat, alors que de plus en plus d’avions de chasse occidentaux sont désormais dotés de commandes tactiles, les avions russes ( Mig et Sukhoi ) continuent d’être équipés de commandes manuelles. Les Russes n’ont pas d’avions furtifs à l’instar des Américains, et aujourd’hui des Chinois. Ils n’ont pas les moyens de développer cette technologie. Dans le domaine des avions civils, totalement absent depuis 30 ans, les Russes ont mis sur le marché en 2010 le Sukhoi Superjet-100, un moyen courrier. Mais le 10 Mai 2012, cet avion s’écrasait en Indonésie, en plein meeting aérien devant des acheteurs potentiels. Le système de navigation de l’appareil était en cause. L’accident a sonné le glas des commandes. Même les compagnies russes refusent de voler avec cet appareil.
En matière spatiale, si la Russie fut dans le passé une grande nation, avec le premier homme dans l’espace, aujourd’hui elle est à la traîne. Des pays tels les Emirats Arabes Unis réussissent à mettre des satellites autour de la planète Mars. Les Américains ont envoyé une sonde survoler la planète Pluton, l’une des plus reculées du système solaire. Les Européens et les Japonais envoient des sondes sur des astéroïdes et des comètes, tandis que les Chinois ont envoyé un rover sur Mars, après les Américains. La Russie ne peut se limiter que dans le voisinage de la Terre. Sa technologie a pris du retard. Elle envoie certes des hommes dans l’espace, mais malheureusement pour elle, des compagnies privées américaines font de même, et à des prix réduits.
En matière économique, le retard de la Russie est encore plus frappant. En 2019, le PIB russe était estimé à 1 669 milliards de dollars, tandis que le pib américain pointait à 33 272 milliards, soit 19 fois plus. Hors pétrole et gaz ( 30% ), le PIB russe serait comparable à celui du Mexique ou de l’Indonésie. C’est dire que la structure de l’économie russe fonctionne largement comme celle des pays en développement, dépendant fortement des matières premières. L’industrie automobile russe est dérisoire, ils ne fabriquent qu’un ou deux modèles qui ne s’exportent pratiquement pas. Hormis le pétrole et le gaz, les Russes exportent des armes et du blé. C’est à peu près tout. Ils n’ont aucune firme internationale, en dehors de Rosneft, la compagnie publique qui exporte le gaz et le pétrole, et Roscosmos, la compagnie publique qui exporte les armes.
Les Russes ne sont présents ni dans le BTP, ni dans la finance, ni dans l’industrie pharmaceutique, ni dans la chimie industrielle, ni dans la construction navale, ferroviaire, etc..etc… En fait, ils sont en retard dans tous ces domaines. En matière d’infrastructures routières, le pays est très peu doté d’autoroutes. Il en existe une qui relie Moscou à Saint-Pétersbourg, les deux principales villes. C’est pratiquement la seule. Il n’ y a pratiquement pas d’échangeurs à Moscou, pas d’escalators comme on le voit dans les autres capitales occidentales. Moscou est la seule ville dotée de gratte-ciels. En dehors de la région de Moscou, on se retrouve dans l’Europe du 18 ème siècle. La Russie ne peut fournir aucune aide au développement à aucun pays en dehors de l’assistance militaire, parce qu’elle est elle-même « en développement ». Pourra-t-elle résister aux sanctions financières infligées par les Occidentaux ?
Douglas Mountain
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