Le procès de Hissène Habré renvoyé au 7 septembre
L’ancien président tchadien Hissène Habré (c) est escorté par les forces de l’ordre.
Ce délai doit permettre à ses avocats commis d’office de prendre connaissance du dossier…
Il s’est levé sous les acclamations de ses partisans. Puis Hissène Habré leur a souri, a levé le poing avant de former le V de la victoire, visiblement content. Le procès pour « crimes contre l’humanité » de l’ancien président tchadien a été renvoyé au 7 septembre pour permettre aux avocats commis d’office à sa défense de prendre connaissance du dossier, a annoncé, mardi, le tribunal spécial qui le juge à Dakar (Sénégal).
Prenant acte du refus de l’accusé de comparaître de son plein gré et de se faire représenter devant les Chambres africaines extraordinaires (CAE), juridiction qu’il conteste, le tribunal spécial avait auparavant désigné trois avocats pour défendre « les droits et les intérêts de Hissène Habré ».
45 jours de sursis. Après une suspension pour se concerter avec ces avocats, le tribunal a annoncé un renvoi du procès pour leur « permettre de s’approprier l’entièreté de ce dossier », leur accordant pour ce faire « un délai de 45 jours, de sorte que la reprise du procès serait située à la date du 7 septembre ».
« Nous aurions aimé être consultés sur ce délai, a déclaré Georges-Henri Beauthier, avocat au barreau de Bruxelles, membre du collectif des avocats des victimes de Hissène Habré. Nous avons le droit à une justice ».
Il garde le silence. La décision du président de la Cour, le Burkinabè Gberdao Gustave Kam, fait suite au silence observé par le prévenu lorsqu’il a été appelé au prétoire, puis de la constatation de l’absence de ses avocats. « La loi exige la présence d’un avocat au côté d’un accusé » durant son procès, et puisque « les avocats de Hissène Habré ne se sont pas présentés » à l’audience, la Cour a désigné des avocats du barreau de Dakar « pour assister M. Hissène Habré », a-t-il expliqué.
Le tribunal spécial, créé en vertu d’un accord entre le Sénégal et l’Union africaine (UA), l’avait mardi, comme au premier jour de son procès, forcé à comparaître. Hissène Habré, 72 ans, renversé par l’actuel président Idriss Deby Itno avec l’aide de la France, est poursuivi pour «crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture» sous son régime qui ont fait quelque 40 000 morts, selon les organisations de défense des droits de l’Homme parties civiles au procès.
Lundi matin, Habré, qui a dirigé le Tchad de 1982 à 1990 avant de s’exiler au Sénégal, avait réussi à provoquer une interruption de séance de plus de trois heures. Après avoir été extrait contre son gré de sa cellule, puis s’être recroquevillé au premier rang dans la salle d’audience, Habré, entortillé dans un boubou blanc lui couvrant presque tout le visage, a ouvert les hostilités alors que les photographes et les caméras étaient encore dans la salle. « A bas l’impérialisme ! A bas le nouveau colonialisme ! », a-t-il hurlé, s’époumonant contre « les vassaux des Américains » qui ont, selon lui, orchestré ce tribunal ad hoc constitué par l’Union africaine.
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