Le témoignage de Nadia Murad Taha, rescapée de Daesh
Nadia Murad Taha devant les parlementaires ce midi (© JB / B2)
« Je suis une des milliers de Yezidie qui a été kidnappée. Je suis devenue l’objet des viols et tortures de Daesh… Quand les hommes de Daesh ont attaqué Sinjar (1), ils nous ont donné deux options : se convertir ou mourir »...
Celle qui s’exprime ainsi, devant le Parlement européen, à l’invitation des libéraux et démocrates (ALDE), a tout juste 21 ans. Elle s’appelle Nadia Murat Taha. Toute mince, vêtue de noir et très féminine. Elle s’exprime à voix basse, le souffle court, retenant son émotion.
Capturée puis revendue
« Je fais partie des 5800 femmes et enfants kidnappés par Daesh (2). Quand j’ai été kidnappée, j’ai été retenue dans le centre de Mossoul (nord de l’Irak) par un membre de Daesh. Je voulais fuir. Mais la maison était gardée en permanence. J’ai ensuite été vendue. Enfin j’ai réussi à fuir. J’ai été recueillie par une famille sunnite qui m’a aidée à Mossoul. Nous sommes violées, vendues, passées d’un homme à un autre… Peu d’entre nous réussissent à fuir. Quand on tente de fuir, la sentence… c’est le viol collectif. »
L’homme toujours capable du pire
« Certaines personnes ne croient pas ce qui arrive. Ils ne peuvent pas croire que les pires horreurs arrivent encore aujourd’hui. Mais c’est le cas. Les enfants sont enlevés à leurs mères. Et on leur apprend à tuer. On leur apprend ce que Daesh souhaite pour le futur ».
La communauté internationale n’a rien fait
« Nous avons avertis depuis un an et demi la communauté internationale. Mais rien n’a été fait ! (…) Nous avons remis un document à la Cour Internationale de Justice. Mais elle ne l’a pas encore pris en compte. Nous voulons que notre génocide soit reconnu. Si il ne l’est pas par tous les parlements, nous disparaitrons… »
Reconnaitre ces crimes comme un génocide
« Si les crimes, qui sont perpétrés contre nous, ne sont pas reconnus comme étant un génocide, nous ne pourrons pas rentrer sur nos terres. Car nous n’aurons aucune confiance pour cela. Ce qui nous arrive est à cause de notre identité religieuse !. (…) Nous voulons que ces hommes soient traduits en justice. Ce sera pour nous la seule condition pour parvenir à une réconciliation. »
Si j’avais une demande…
« Il faut arrêter Daesh. Ce n’est pas seulement une menace contre les Yezidis mais contre nous tous ! Nous devons rester concentrés sur une seule et unique chose : en finir avec Daesh ».
bruxelles2.eu
(1) ville située au nord ouest de l’Irak près de la frontière syrienne
(2) 3000 hommes ont été tués et 3500 femmes et enfants sont toujours captifs
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