Les leaders de l’opposition à Gao
Tiébilé dramé, président du Parena (au centre) et Soumaïala Cissé, président de l’URD (à droite) à Gao le lundi 2 février.
Les leaders de l’opposition se sont rendus Gao pour soutenir les victimes après les événements tragiques du 27 janvier. Ils ont fait le constat amer d’une population qui se sent abandonnée par l’Etat.
Les présidents de l’URD, du PARENA, du PDES, et un vice-président du PRVM- FASOKO se sont rendus ce lundi 2 février à Gao. Ces leaders sont venus soutenir les populations de Gao après les bavures des casques bleus qui ont causé la mort à trois civils et blessé une vingtaine de personnes lors des manifestations du 27 janvier. Le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta qui s’était rendu dans la ville le 29 janvier, annulant sa participation au sommet de l’Union africaine, pour affirmer que « ce crime ne restera pas impuni » et indiquer en même temps que « La Minusma n’est pas notre ennemi ». C’était la première fois qu’il se rendait dans la «cité des Askias » depuis son élection en 2013.
A Gao, les leaders de l’opposition ont présenté leurs condoléances aux familles des trois personnes tuées et ont rendu visite à l’hôpital Hangadoumbo Touré à plusieurs blessés. La délégation a rencontré les représentants de l’administration, les notabilités, les chefs religieux, les femmes, les jeunes ainsi que le chef du bureau de la Minusma. Les responsables de l’opposition se sont dits « frappés par le profond sentiment d’abandon par l’État qu’éprouvent les forces vives de Gao. Celles-ci ont exprimé leurs inquiétudes de voir les pouvoirs publics déléguer aux milices les missions régaliennes de défense du territoire et de sécurité des personnes et des biens ».
Erreurs. L’escalade de la violence qui conduit les casques bleus à ouvrir le feu sur la population a commencé le 21 janvier. Force militaire de stabilisation, la Minusma a pour mission d’aider Mali à restaurer son autorité et en même temps faciliter des négociations entre l’Etat et les mouvements rebelles. En effet Tabankort sous contrôle des mouvements de la Plateforme ou groupes d’autodéfense proches de Bamako (Gatia, CM-FPR, CPA, MAA loyaliste) est convoitée par les groupes armés séparatistes de la Coordination (MNLA, HCUA, MAA dissident) qui ont décidé de les déloger.
La Minusma, dans son rôle d’épargner la vie des populations, avait mis en garde les rebelles d’attaquer Tabankort comme elle avait interdit en décembre 2014 les groupes loyalistes d’ouvrir le feu à Ber occupée par les rebelles. Passant outre les consignes de la mission onusienne les groupes séparatistes ont ouvert le feu sur ses positions. La Minusma a répliqué en détruisant un véhicule des rebelles. Ces derniers ont accusé alors la mission de l’ONU d’avoir violé sa neutralité et d’avoir causé sept morts (non vérifiés) dans leur camp.
En tentant de calmer le jeu la Minusma a commis l’imprudence de signer un accord exclusif avec le MNLA qui prône la démilitarisation de Tabankort. Ce qui fait perdre le contrôle de la localité aux groupes loyalistes. Une situation qui a provoqué la colère de la population de Gao. Car Tabankort, à mi-chemin entre Kidal, fief de la rébellion et Gao, contrôlée par des groupes armés loyalistes à Bamako, était le théâtre depuis plusieurs semaines d’affrontements entre les deux camps qui ont fait de nombreux morts, parmi lesquels beaucoup de civils.
La population de Gao a alors pris d’assaut le camp de la Minusma situé en plein centre ville. Les jets de pierre et de cocktails molotov ont eu raison des nerfs des casques bleus qui ont tiré sur la foule.
Ibrahim CISSE