Les Maliens de France divisés
Le président du CBMF, Mahamadou Cissé : « Le HCMFa laissé un vide et n’a pas été à la hauteur des attentes ».
Malgré un accord signé entre les protagonistes et une élection peu contestée, l’unité des Maliens de France reste illusoire. Comme en 2008, deux bureaux se disputent la légitimité de la représentativité sur le terrain.
Le Conseil de Base des Maliens de France (CBMF) a procédé le 8 novembre dernier, à la Bourse du Travail de Paris, place de la République, au renouvellement de son bureau. Les responsables et militants d’une trentaine d’associations ce sont réunis en assemblée générale pour faire le point. Cet événement qui est passé presque anodin au niveau de la communauté malienne consacre cependant l’existence de deux organes représentatifs pour les Maliens de France. Toute chose que les autorités ont voulu éviter avec l’élection d’un bureau unique le 24 mai dernier à Bagnolet, au Consulat Général du Mali en France. Car il était prévu dans l’« Accord d’engagement pour l’unité des Maliens de France » que le vote consistera à élire à la fois le président et choisir l’un des deux noms, entre le CBMF et le HCMF, qui sera le nom de la représentation en France du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME). « La structure dont le nom ne sera pas retenu devra se dissoudre dans les 15 jours qui suivent l’élection du nouveau bureau et en apporter la preuve au conseil des sages et au Consul Général », précise l’accord.
Bureau bis. A l’ouverture de la séance, le président sortant Mahamadou Cissé a planté le décor en précisant que le CBMF « n’est pas un bureau bis du Haut Conseil des Maliens de France (HCMF) mais il a pour vocation d’appuyer la communauté malienne dans la recherche des solutions idoines à leurs problèmes quotidiens ». Selon lui, si la communauté malienne en France se rabat sur le Conseil de Base c’est parce que « le Haut Conseil des Maliens de France a laissé un vide et n’a pas été à la hauteur des attentes ». Pour M. Cissé, les femmes et les hommes qui dirigent les associations ont besoin de l’expérience et le Conseil de Base des maliens de France est un espace où toutes les associations peuvent s’exprimer tout en gardant leur autonomie et leur indépendance.
Conflits. Anciennement appelé Conseil des Maliens de France l’organe représentatif de la diaspora malienne a été créé en 1992, à la suite de la Conférence Nationale que a institué le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur. C’est en 1998 qu’il est devenu Haut Conseil des Maliens de France. Mais en mai 2008 le renouvellement du bureau du Haut Conseil des Maliens de France a semée la division au sein de la communauté malienne. Le décompte des associations habilitées à voter était la source du conflit entre le président sortant Diadié Soumaré et ses rivaux Gaharo Doucouré et Mahamadou Cissé. Même l’arbitrage des autorités consulaires n’a pas permis d’éviter les clivages. M. Soumaré et ses partisans en rébellion mettent leur bureau en place le 4 mai 2008. Les autorités consulaires à leur tour organisent un scrutin le 25 mai 2008 qui aboutit à la victoire de M. Doucouré qui s’était auparavant lié à M. Cissé contre Mme Kanté Oumou Sissoko. Ainsi 64,4% des 382 associations inscrites avaient voté. M. Doucouré a obtenu 98,3% des voix. M. Soumaré refuse de céder les documents du HCMF et engage une bataille de légitimité. Ce qui amènera les partisans de M. Doucouré à créer le Conseil de Base des Maliens de France, seul reconnu par le Haut Conseil des Maliens de l’extérieur (HCME) comme représentant légal des Maliens de France. Malgré cela, les deux camps resterons opposés jusqu’à l’élection du 24 mai 2014.
Avant ce scrutin qui était censé ressouder la communauté malienne une commission de bons offices a rassemblé les différents protagonistes pour sceller la réconciliation le 4 avril 2014 et fixer les critères qui vont prévaloir pour l’élection d’un bureau consensuel initialement prévu le 3 mai. Après plusieurs reports le vote a eu lieu le 24 mai avec 580 associations inscrites. Sur les quatre candidats Hamedy Diarra (HCMF) arrive en tête avec 187 voix sur 448 suffrages exprimés, suivis de Yacoubou Dembelé (150), Mahamadou Cissé (79) et N’Tji Diawara (23). L’équipe de campagne de M. Cissé produit alors un document pour signaler que «le processus de renouvellement a connu de graves irrégularités qui mettent en cause la transparence et la crédibilité de l’élection du président du Conseil des Maliens de France ». Ces irrégularités, sont entre autres, l’indisponibilité du fichier électoral dans le délai, l’exclusion de certaines associations, les votes multiples, etc.
Divisés. En acceptant l’élection de M. Diarra, l’équipe de campagne de M. Cissé affirme avoir surtout privilégié l’apaisement et le sens de sa responsabilité au sein de la communauté malienne de France. « Même si nous ne ferons rien contre l’unité de la communauté, nous n’accepterons pas non plus que certains, fassent n’importe quoi avec notre avenir, avertit-t-elle. Le bureau sera équitable selon les termes de l’accord ou ne le sera pas ; auquel cas il ne représentera pas tous les Maliens de France ». Le ton était donné. N’ayant pas obtenu le nombre de poste qu’ils souhaitaient, les partisans de M. Cissé refusent de participer au bureau de Hamedy Diarra et déclarent l’accord caduque. La division est consommée.
Fousseni TRAORE
Télécharger ici l’Accord CBMF-HCMF
Hamedy Diarra : un président contesté
Yacoubou Dembelé (à gauche) et ses partisans mènent une fronde contre Hamedy Diarra ( à droite), président du HCMF.
Une fronde interne pilotée par Yacoubou Dembelé et ses partisans est à l’œuvre au sein du nouveau bureau représentatif des Maliens de France. Elle dénonce l’incurie d’une gestion opaque.
Il y a seulement six mois que Hamedy Diarra a été élu à la tête du Haut Conseil des Maliens de France (HCMF), seul organe consultatif censé représenter la diaspora. Mais il est déjà contesté de tous parts. Au lendemain de l’élection du 24 mai, Mahamadou Cissé, le leader du Conseil de Base des Maliens de France(CBFM) a boudé le bureau au motif que l’accord n’a pas été respecté quant au nombre de poste qu’il devait avoir. Maintenant c’est Yacoubou Dembelé et ses partisans qui mènent la contestation au sein du bureau dirigé par M. Diarra. Ceux-ci ont produit un document appelé « Recommandations » dont nous nous sommes procuré une copie et qui met en doute la crédibilité, la sincérité et la représentativité de ceux qui sont aux commandes.
Le document commence par expliquer les sacrifices que les uns et les autres ont fait sur eux pour se retrouver au sein d’une structure unique de représentativité qu’est le HCMF. Mais pour Yacoubou Dembelé et ses partisans tous les efforts semblent voler en éclats : « Une situation de méfiance, de doute et de pessimisme s’est installée dans les esprits. Le Bureau du Haut Conseil devient de plus ou plus un terrain de désaccords et d’incompréhension… » Pour eux, le bureau mis en place n’a pas de boussole et depuis sa présentation au mois d’août, aucun acte important et cohérent n’a été posé.
Ils chargent Hamedy Diarra. « Le comble est que la structure manque de transparence, de respect et de considération mutuels. Cela s’explique par le refus de donner la parole souvent, le refus de répondre aux questions qui dérangent, la réponse partielle et partisane aux questions, etc. Et pire encore, tout cela est nourri très souvent par la violence verbale et l’agressivité à la limite des injures. » Et cela a commencé au soir du 24 mai juste après les élections, « tout dialogue, toute concertation ou consultation a laissé place à la suffisance, voire le mépris. »
Le document attaque Hamedy Diarra sur son manque de transparence dans la gestion des fonds. Yacoubou Dembelé et ses partisans exigent la publication des fonds alloués à la préparation du « Mémorandum sur les accords de paix d’Alger » qui a été remis à l’ambassadeur du Mali le 15 novembre au nom des Maliens de France. Selon eux, même la lettre circulaire envoyée par le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME) reste encore un mystère pour certains membres du bureau. « Pourtant, nous nous sommes engagés dans l’organisation de ce Mémorandum pendant des semaines sans être en possession d’un document officiel le justifiant. S’agissant des fonds alloués à l’événement, personne n’en sait rien. »
Aussi, la commission électorale aurait restitué les fonds récoltés lors des inscriptions des associations pour le scrutin du 24 Mai 2014. Cette somme qui est semble-t-il assez conséquente est gérée dans la totale opacité par Hamedy Diarra. Aucun membre du bureau, à part un petit cercle fermé, ne connait le budget de fonctionnement du HCMF. « Nous aimerions croire à la bonne foi des uns et des autres; mais, il se trouve que l’opacité a atteint un record sans pareil dans la gestion des affaires. Nous demandons des explications. »,
Ils veulent savoir la vérité sur le flou autour des 5 Millions de FCFA de subvention que l’Institut National de Prévoyance (INPS) accorde annuellement au HCMF et sur l’achat de certains matériels de bureau dont des ordinateurs. Une situation explosive en perspective.
F. TRAORE
oui je suis bien d;accord la division vient de mahamoud cisse pour les interet personnel pas pour les maliens de france