Les villes africaines confrontées à des problèmes de logement
Face aux 60 %-70 % de ménages urbains vivant dans des taudis en Afrique, un rapport appelle à une nouvelle approche aux politiques de logement, de prêt et aux politiques foncières
L’Afrique fait face à une crise majeure du logement due à l’urbanisation galopante et à l’accroissement du nombre de personnes vivant dans des bidonvilles. Selon un nouveau rapport du Groupe de la Banque mondiale, des approches innovantes et ciblées visant à offrir des logements abordables s’imposent si les pays veulent tirer profit de cette mutation démographique pour créer des villes sans exclus, stimuler la croissance économique et produire des emplois.
Le rapport, Stocktaking of the Housing Sector in Sub-Saharan Africa, prévient que l’Afrique pourrait compter pas moins de 1,2 milliard de citadins à l’horizon 2050, et 4,5 millions de nouveaux résidents par an dans les zones d’habitation informelle, dont la plupart ne peuvent s’offrir un logement simple dans le secteur formel ou obtenir un prêt hypothécaire.
« Des logements de qualité adéquate sont un élément déterminant de la croissance économique et de l’intégration sociale »,déclare Mamta Murthi, Vice-présidentepar intérim pour l’Afrique de la Banque mondiale. « Les autorités devront s’associer au secteur privé pour favoriser les investissements dans le logement en élargissant l’accès au parc existant et en améliorant la qualité de ce dernier, et permettre dans le même temps à la population d’obtenir plus facilement des prêts fonciers et immobiliers. »
Le rapport examine les tendances dans la région et recense les solutions envisageables dans les villes en pleine expansion. En reconnaissant que le logement informel est le seul choix qui s’offre à la vaste majorité des Africains, il montre que de nouvelles approches à la politique de logement sont nécessaires.
« Dans de nombreux pays africains, seuls les 5 % ou 10 % les plus aisés de la population ont les moyens de se procurer un logement formel de la catégorie la moins chère », précise Ede Jorge Ijjasz Vasquez, directeur principal du Pôle mondial d’expertise en Développement social, urbain et rural, et résilience du Groupe de la Banque mondiale. « En conséquence, 90 % des Africains vivent dans des logements informels, où les conditions de vie sont souvent inférieures à la norme et dont les services de base comme l’eau, l’électricité et l’assainissement sont absents. Le rapport démontre que des interventions ciblées sur le marché informel peuvent améliorer rapidement la qualité du stock de logements existant dans plusieurs pays africains. »
De nombreux gouvernements africains fournissent directement des logements pour satisfaire à la demande de populations urbaines croissantes, mais ces programmes sont extrêmement coûteux pour l’État, inaccessibles aux citadins pauvres, et n’ont pas sensiblement augmenté le nombre de logements abordables.
Le rapport recommande que les maigres ressources publiques soient plutôt orientées sur le logement informel dans les zones à faible revenu et sur les ménages qui y vivent – il s’agit de renforcer l’infrastructure, d’améliorer l’administration foncière et les règlements en matière d’aménagement, et d’élargir l’accès aux financements au travers de microcrédits, de groupes de crédit, et de coopératives de crédit. L’an dernier, 5 % seulement des adultes ont obtenu un prêt d’un établissement financier formel en Afrique subsaharienne, soit un taux inférieur de moitié à celui enregistré dans d’autres régions en développement comme l’Asie du Sud ou la région Asie de l’Estet Pacifique.
« Outre les avantages immédiats et manifestes que présente un logement adéquat, un secteur du logement performant amène une croissance économique susceptible de rehausser le niveau de vie, decréer des emplois et de développer le marché des biens et des services », indique Jonas Parby, spécialiste en urbanisme auprès de la Banque mondiale et l’un des auteurs du rapport.
La construction et la propriété de logements ne profitent pas seulement aux familles, mais créent des emplois pour les maçons, les charpentiers, les électriciens et d’autres métiers. Pour chaque maison construite, cinq emplois sont créés. Si l’investissement dans le logement formel en Afrique est faible en comparaison à toutes les autres régions, une approche plus stratégique au secteur du logement encouragera l’investissement privé.
Le rapport note également que si les bidonvilles voient leur population diminuer dans d’autres régions, celle des bidonvilles africains augmente. Si cette tendance se maintient, la majorité des habitants de bidonvilles se trouvera dans les villes africaines : la fourniture de logements adéquats et abordables revêt donc un caractère plus urgent que jamais auparavant.
Source Banque mondiale
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