L’ex-otage Serge Lazarevic: « J’étais mieux au Mali »
L’ex-otage Serge Lazarevic s’adresse à la presse depuis la base de Villacoublay, le 10 décembre 2014.
Libéré le 9 décembre dernier, l’ex-otage d’Al-Qaïda au Maghreb islamique Serge Lazarevic lutte pour retrouver une vie normale. Il dénonce un « abandon » des autorités françaises. « J’ai été abandonné, je suis un SDF de la République française. C’est pour ça que je dis que j’étais mieux au Mali. Car même si on souffre, même si on est torturé, même si on est esclave, l’esprit comprend mieux parce qu’il y a une explication: la guerre contre la France. Ici, je ne sais pas pourquoi je suis là ». Dans une poignante interview accordée à France Info, l’ex-otage Serge Lazarevic, qui a été détenu au Mali par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) pendant plus de trois ans, raconte son combat pour retrouver une vie normale.
Mise à part les 15 jours d’euphorie suivant sa libération -le 9 décembre dernier-, Serge Lazarevic vit depuis un véritable calvaire. Lui qui vient de fêter ses 52 ans habite actuellement dans un studio sans confort, sans fenêtre, de huit mètres carrés en Seine-Saint-Denis. Une situation qui devait être provisoire, mais qui dure depuis plus de sept mois.
En cause, « l’abandon » de l’État français, dénonce-t-il, mais aussi les « absurdités » de l’administration ou des agences de location. Pour changer de logement ou obtenir le RSA, « on me demande mes déclarations fiscales des trois dernières années! », s’insurge celui qui les a passées au Mali, aux mains du groupe terroriste.
Maltraité, torturé physiquement et psychologiquement, Serge Lazarevic conserve aujourd’hui d’importants troubles physiques et psychologiques. Il va d’ailleurs être hospitalisé pendant plus d’un mois prochainement. « Il y a des choses qu’on ne peut pas effacer. On m’a menacé 100 fois de me mettre une balle dans la tête, de m’égorger. J’ai été maltraité avec la nourriture, je n’avais que de l’eau et du pain, pendant quatre ans, je me nourrissais de choses que je trouvais dans la nature: quelques baies, quelques larves, des sauterelles, des mouches. Je mangeais ça, pour survivre. J’ai du mal à m’en relever, quand même », témoigne-t-il.