Livre : les révélations de Pierre Péan éclaboussent IBK

L’homme d’affaires Michel Tomi, dans son bureau d’une société de courses hippiques en 2002, au Gabon. AFP

Les relations incestueuses entre le président IBK et l’homme d’affaires corse sont une fois de plus dénoncées dans le dernier brûlot du journaliste français d’investigations Pierre Péan.

« Nouvelles affaires africaines, mensonges et pillages au Gabon », le dernier livre du journaliste français d’investigation, Pierre Péan, ne fait pas que des révélations accablantes sur la famille Bongo au Gabon. Le président malien Ibrahim Boubacar Keita (IBK) y trouve son compte, notamment ses relations d’affaires avec le parrain corse Michel Tomi, poursuivi par la justice française. Selon M. Péan, ce dernier après s’être quelque peu brouillé avec le président Ali Bongo semble orienter ses affaires au Mali.

« Il est intéressant de rappeler qu’IBK fut présenté à Michel Tomi par  Omar Bongo, écrit-il. Alors qu’IBK venait d’être nommé Premier ministre du Mali, en février 1994, Charles Pasqua et Michel Tomi avaient fait son siège pour obtenir de lui l’ouverture d’un casino. IBK aurait accepté, moyennant récompense. Depuis lors, les deux hommes sont liés. Tomi n’avait d’ailleurs pas oublié IBK pendant sa longue traversée du désert… »

Pour le journaliste d’investigation IBK et Michel Tomi sont en affaires depuis plus de 20 ans. Ce qui contredit tout ce qu’IBK soutient depuis toujours. « Je considère Michel Tomi comme un frère. Mais jamais, au grand jamais, il n’a été question d’argent entre nous », clamait-t-il dans les colonnes de Jeune Afrique en mai dernier. « La famille Tomi et la mienne se fréquentent, c’est vrai. Il m’a toujours témoigné amitié et fraternité », explique –t-il. Et ce sont les avions de la compagnie Afrijet de son ami Tomi qui lui ont servit pendant la campagne présidentielle et ses premiers déplacements de président de la République.

←Le livre qui fait des vagues au Gabon et dont tout Bamako parle

Michel Tomi, 66 ans, richissime entrepreneur déjà condamné en dans une affaire de détournement de fonds de  casino, visé depuis juillet 2013 par une enquête pour «blanchiment aggravé » et « corruption d’agent public étranger » par la justice française parle aussi d’IBK comme un frère. « Nous sommes frères », explique –t-il dans l’hebdomadaire français L’Express.  « Avec IBK, nous nous connaissons depuis plus de vingt ans. Parler de corruption comme le suggère la justice française n’a aucun sens. Les présidents africains ne sont-ils pas supposés avoir de l’argent ? Comment les corrompre ? », ironise celui qui est surnommé le parrain des parrains et qui dirige une kyrielle de sociétés en  Afrique depuis le Gabon, sa terre d’élection.

Mais dans son livre, Pierre Péan explique que ces derniers temps que ce patriarche, qui se déplace en chaise roulante, familier des voyous, des chefs d’Etat africains et du monde de l’entreprise a quelques soucis avec Ali Bongo à cause sa proximité avec Pascaline, la sœur rivale de ce dernier. Ce qui explique que Michel Tomi se rabatte sur le Mali. Son nom apparait dans le rapport du Vérificateur Général sur les surfacturations concernant l’achat de l’avion présidentiel de son ami IBK.

Pierre Péan écrit : « les perquisitions effectuées à la mi-juin 2014 chez Philippe Belin, patron de la firme Marck, spécialisée dans la confection d’uniformes militaires, proche de Tomi mais aussi d’Accrombessi (directeur de cabinet d’Ali Bongo, Ndlr) suggèrent que sur les opérations au Mali Tomi et Accrombessi « marchent » encore de concert». Une information qui risque de soulever des vagues sur les bords du fleuve Niger, à Bamako.

Fousseni TRAORE