Loi Travail: violents incidents et nombreux blessés à Paris
Les violences se sont traduites ici par des jets de pavés, là par des poubelles en feu ou des dégradations faites à des commerces et d’autres bâtiments.
Devantures saccagées, au moins 29 policiers et 11 manifestants blessés, gaz lacrymogènes et, chose rare, un canon à eau pour disperser la foule: la manifestation parisienne contre la loi Travail a été une nouvelle fois éclipsée par les violences.
Les heurts entre plusieurs centaines de personnes encagoulées et les forces de police ont commencé rapidement après le début du cortège, qui a rassemblé un million de personnes, selon les organisateurs, près de 80’000 selon la préfecture de police.
Sur l’ensemble du pays, 1,3 million de personnes ont battu le pavé, selon les syndicats, « au moins 125’000 », selon les autorités. Les syndicats espéraient une participation supérieure à celle du 31 mars, qui avait marqué un pic avec 400’000 manifestants en France selon la police, et 1,2 million selon les syndicats.
Plus de 70 interpellations en tout. Selon un bilan provisoire de la préfecture de police (PP) de Paris, 29 policiers et 11 manifestants ont été blessés dans la capitale. Par ailleurs, 58 personnes ont été interpellées, a annoncé la PP. Sur l’ensemble du pays, on comptait 73 interpellations.
Les violences se sont traduites ici par des jets de pavés, là par des poubelles en feu ou des dégradations faites à des commerces et d’autres bâtiments. La police a eu recours à un canon à eau, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Depuis trois mois, les policiers sont régulièrement visés dans les cortèges. Ils restent par ailleurs sous la menace d’attaques djihadistes comme l’illustre le meurtre lundi d’un policier et de sa compagne près de Paris. Depuis le 9 mars, plusieurs défilés avaient déjà donné lieu à des scènes de guérilla urbaine, faisant des centaines de blessés dans les deux camps.
Baroud d’honneur. Pour le pouvoir, cette neuvième journée d’action est plutôt le baroud d’honneur d’un mouvement social inédit sous la gauche depuis 1981. Sa réforme est actuellement examinée au Sénat, après avoir été votée à l’Assemblée nationale.
A moins d’un an de l’élection présidentielle, cette dernière grande réforme du quinquennat de François Hollande vise, selon le gouvernement, à apporter de la flexibilité aux entreprises pour lutter contre un chômage endémique (près de 10%). Elle inclut notamment un assouplissement de la législation sur le temps de travail en favorisant les accords d’entreprises.
Pour ses détracteurs, le texte risque d’accentuer la précarisation des salariés. Le numéro un de la CGT et la ministre du Travail se reverront vendredi pour la première fois depuis début mars, pour « clarifier les choses et mettre sur la table les propositions de la CGT », explique-t-on au ministère.