L’opposition rejette l’accord de paix
Modibo Sidibé, président des Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (FARE),porte parole de l’opposition.
C’est en de termes sans équivoques que l’opposition malienne a rejeté en bloc l’accord de paix paraphé à Alger le 1er mars dernier par le gouvernement.
La table ronde des forces vives sur le projet d’accord issu du processus d’Alger, tenue le 19 mars 2015 Centre international de conférence de Bamako, a servi de tribune à l’opposition pour fustiger le comportement du gouvernement. Dans une déclaration lue par Modibo Sidibé, président des Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (FARE), les partis politiques de l’opposition républicaine ont accusé les autorités de n’avoir pas procédé à de véritables concertations sur les questions de fond au moment où le Mali traverse une période critique de son Histoire. Pour eux, l’accord qui a été paraphé par le gouvernement après huit mois de négociations « ne résout en rien les questions fondamentales relatives à la stabilité du pays, à l’intégrité du territoire, à l’unité nationale et à la réconciliation nationale ».
« Pour nous cet accord n’est pas un bon accord pour le Mali. Il contient les germes d’une désintégration rampante du pays que nous avons connu », a déclaré Modibo Sidibé. Il a dénoncé l’appellation « Azawad » définie dans le document comme « une réalité socio- culturelle, mémorielle et symbolique… » en le qualifiant de véritable imposture politique et porteuse de germes réels de séparatisme.
D’après lui, la disposition qui consiste à « assurer une meilleure représentation des populations du nord du Mali dans les institutions et grands services publics, corps et administration de la République » est une violation de notre Constitution. En outre, l’élection au suffrage universel direct du président de l’Assemblée régionale qui cumule les fonctions de chef de l’exécutif et chef de l’administration de la région « conduit le Mali dans un nouveau système d’autonomie de fait des régions ».
Le président des FARE a dénoncé la création d’une police territoriale et la volonté de réserver aux ressortissants des régions du nord, la majorité des effectifs de la fonction publique territoriale comme porteurs de germes d’un régionalisme destructeur pour la cohésion nationale.
« L’architecture de l’accord, les multiples engagements, le calendrier de mise en œuvre, les capacités de l’Etat et des collectivités rendent difficiles son application ; les mesures préconisées si le calendrier n’est pas respecté peuvent aboutir à des frustrations pouvant conduire à des blocages, voire à des remises en cause », a-t-il averti. Pour lui, la visite de la médiation à Kidal, le 17 mars et le refus des rebelles touaregs de parapher le document d’Alger ouvrent incontestablement une crise du processus d’Alger.
Par cette déclaration enflammée l’opposition malienne remet en cause tout le processus de paix malgré les avertissements du ministre des affaires étrangères, Abdoulaye Diop, principal négociateur de l’accord de paix. « Pour une fois, il ne s’agit pas d’ouvrir des débats sur l’acceptation ou non de cet Accord », avait-il lancé à l’ouverture des travaux de la table ronde. « II a déjà été agréé et paraphé par les mandataires du gouvernement de la République du Mali sur instructions du président de la République et du Premier ministre, chef du gouvernement, les représentants de la Médiation internationale ainsi que les mouvements de la Plateforme des groupes d’autodéfense… », a-t-il déclaré tout en espérant que la Coordination des mouvements rebelles rejoindra le processus.
« Dans tous les cas de figure, pour le gouvernement du Mali, le temps des tergiversations est terminé mais des espaces démocratiques demeurent toujours ouverts dans le cadre du processus de dialogue inclusif inter-malien », a-t-il clamé.
Ibrahim CISSE
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