L’opposition sceptique face à Modibo Keïta
L’opposition attend voir le nouveau Premier ministre Modibo Keita à l’épreuve.
A peine nommé le nouveau Premier ministre Modibo Keita doit faire face au scepticisme d’une opposition échaudé par le comportement de son prédécesseur. Le Parena (Parti pour la renaissance nationale) à travers un communiqué de son comité directeur affirme apprécier la démission Moussa Mara intervenu le 8 janvier à la demande du président de la République. « Cette démission a mis fin à neuf mois d’aventurisme pendant lesquels le Mali a perdu le contrôle de la quasi-totalité du Nord. Les efforts de reconstruction, de re-motivation et de remobilisation de l’armée ont été sapés. Des scandales financiers d’une ampleur jamais égalée dans notre pays ont éclaboussé le leadership malien pendant la même période, déclare-t-il. Cependant le parti n’attend pas donner un blanc-seing à Modibo Keïta même s’il a salué sa visite à l’opposition le 9 janvier. « Le nouveau Premier ministre est le 3ème chef de gouvernement nommé par le président de la République en 16 mois ! Cette instabilité « primatoriale » et gouvernementale est la manifestation d’une absence de vision au plus haut sommet de l’État. Elle est symptomatique d’une profonde crise politique dans laquelle le pays patauge. Enfin, elle soulève de graves questions sur l’autorité de nomination des premiers ministres successifs », explique les dirigeants du parti.
←Tiébilé Dramé, président du Parena
Épreuves. Nonobstant, le parti dont l’emblème est le bélier blanc, entend juger Modibo Keïta et son gouvernement formé le 10 janvier en leurs capacités a résoudre un certain nombre de difficultés auxquelles la nation est confrontée. Il s’agit d’endiguer la dégradation continue de la situation au Nord et l’insécurité grandissante dans les villes et dans les campagnes, mais aussi de négocier, dans le cadre du dialogue inter-malien, un compromis qui préserve la nation, la cohésion et la stabilité du pays. Le Parena entend du Premier ministre Modibo Keïta de traduire devant la justice tous ceux qui sont impliqués dans les malversations financières à l’occasion de l’achat du deuxième avion présidentiel et des fournitures à l’armée, et de faire toute la lumière sur les événements tragiques des 17 et 21 mai 2014 qui ont conduit à la partition de fait du territoire malien, notamment en rendant publiques les conclusions de l’enquête parlementaire y afférente. Le Parena exige également le desserrement de l’étau de la famille du président sur les institutions et l’appareil d’État, tout comme la lutte efficace contre la corruption et la bonne administration de la justice.
Anciens combattants. Dans une interview sur RFI, Soumaïla Cissé, le président de l’URD (Union pour la République et la Démocratie) a affirmé « Maintenant, je pense que le président a fini par donner raison à l’opposition en limogeant les membres du gouvernement qui sont cités dans les affaires de mal gouvernance et de mauvaise gestion de ces derniers mois ». Il s’est montré sceptique en ce qui concerne l’attelage gouvernemental. « On nous annonce un gouvernement de combat avec des anciens combattants, 23 ministres reconduits, 3 anciens ministres du régime précédent et seulement 3 nouvelles personnalités. Je souhaite surtout que s’engage un véritable combat contre l’insécurité, contre l’impunité, contre la corruption, contre la mal gouvernance, contre le favoritisme dans l’administration d’Etat », à dénoncé M. Cissé. Son parti avait auparavant, dans un communiqué, demandé au nouveau Premier ministre la création d’un espace de débat politique et l’accès des partis d’opposition aux médias publics et la finalisation du statut de l’opposition.
Ibrahim CISSE