Malgré l’accord de paix, les balles crépitent dans le nord malien
Fouilles corporelles des habitants de Tombouctou par les militaires maliens.
Au cours des quatre dernières semaines, les attaques attribuées à la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, rebelle) ont provoqué la mort de 30 militaires maliens, si l’on se réfère aux communiqués du gouvernement publiés pendant cette période.
Au total, la CMA a attaqué plus de 15 villes et pillé cinq localités dans le nord du Mali, selon ces textes qui font état de l’enlèvement de 13 civils. La dernière attaque date de mercredi, quand les éléments du MNLA, membres de la CMA, ont occupé Tin Hamma (région de Tombouctou) avant d’être chassés par les Forces armées maliennes (FAMa). Cet incident prouve que malgré la signature de l’Accord de paix et de réconciliation, à Bamako le 15 mai dernier, la CMA poursuit ses attaques dans le nord du Mali.
Lors de cette dernière attaque, trois civils ont été tués par des balles perdues et deux boutiques ont été pillées, alors que deux assaillants ont été arrêtés par les militaires maliens, selon des sources informées. La CMA et la Plateforme des mouvements armés du nord (loyaliste, qui a signé l’accord de paix) se rejettent la responsabilité de la reprise des hostilités.
Pour un diplomate africain à Bamako, « La CMA veut visiblement des victoires militaires pour obliger le gouvernement malien à de nouvelles négociations ». Or, pense-t-il, le dialogue « ne doit se situer maintenant que dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de Bamako ».
La CMA a fait savoir qu’elle conditionne la signature de l’accord à « une rapide ouverture des discussions avec le gouvernement du Mali ». C’est ce que le chargé à la communication et porte-parole du Haut conseil de l’unité de l’ Azawad (HCUA, membre de la CMA), Almou Ag Mohamed, a précisé dans une interview exclusive publiée ce jeudi par l’ hebdomadaire malien, L’ Indicateur du Renouveau.
Réunie le 19 mai 2015 à Bamako, la médiation prévoit d’organiser à partir du 25 mai à Alger « une série de consultations destinées à mettre en place les conditions du parachèvement du processus de signature de l’Accord (de paix) dans les plus brefs délais ». « Ces consultations seront également l’occasion pour les Parties de réaffirmer leur engagement en faveur d’ une cessation totale et définitive des hostilités », indique la médiation.
Pour sa part, le gouvernement malien travaille déjà dans le sens de la mise en œuvre de l’Accord signé à Bamako. C’est ainsi qu’il a fait voter, le 19 mai 2015, une loi l’ autorisant à percevoir plus de 30 milliards F CFA de taxes auprès des sociétés de téléphonie et des banques. Selon le ministre malien de l’Economie et des Finances, Mamadou Igor Diarra, cette rallonge permettra de faire face aux nouvelles charges liées à l’Accord du 15 mai et à la loi de programmation militaire…
De son côté, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) s’est renforcée avec l’arrivée lundi à Tombouctou (nord-ouest) d’une unité aérienne du Salvador avec des hélicoptères d’attaque caractérisés par leur rapidité.
Agence de presse Xinhua
L’unité aérienne du Salvador déployée à TombouctouLe 18 Mai, la Minusma a salué à Tombouctou l’arrivée des hélicoptères d’attaque du Salvador. Il s’agit d’hélicoptères MD 500 caractérisés par leur rapidité et leur parfaite adaptation au terrain et au climat. Ils peuvent effectuer des patrouilles de jour comme de nuit. Les hélicoptères salvadoriens appuieront les opérations des casques bleus déployés dans la région de nombreuses façons, notamment dans le cadre de la protection des civils. Ils vont avant tout considérablement augmenter la capacité de reconnaissance de la Force Onusienne, grâce à leur vitesse de déplacement, ils pourront rapidement recueillir des informations ainsi que des images sur le terrain. Leur utilisation sera également importante pour les secours aériens qui sont de plus en plus sollicités dans cette partie du Mali. En effet ces six derniers mois, une dizaine d’évacuations médicales ont déjà été effectués uniquement dans région de Tombouctou. « L’immensité du territoire malien nous impose l’emploi de nouvelles technologies et de plus de flexibilité pour faire face aux défis, » a expliqué le Commandant adjoint du Secteur Ouest, le Colonel Peter Öberg. « Quand certaines actions se produisent dans des localités très distantes de nos troupes, il faut réussir à s’y rendre au plus vite pour évaluer la situation et prendre des mesures efficaces pour la protection des civils. Cette contribution nous permettra donc de réagir rapidement aux évènements. J’insiste sur la capacité dissuasive de ces hélicoptères, qui pourront éventuellement réagir en cas de menace imminente contre la population,» a-t-il ajouté. Pour sa part, le Commandant de l’Unité aérienne du Salvador, le Colonel Hernandez Lara, a fait remarquer les efforts faits à plusieurs niveaux, pour que son effectif soit opérationnel dans un délai très bref en appui des autres composantes de la Mission. « Je suis impressionné par la réactivité de l’administration de la Minusma, qui a construit en trois mois toutes les installations nécessaires au fonctionnement de notre unité, y compris le hangar pour les hélicoptères ». Cette Unité aérienne de la Minusma compte environs quatre-vingt-dix éléments, dont des pilotes, des techniciens ainsi que du personnel médical. Elle est la première unité du Salvador à être déployée dans les Opérations des Maintien de Paix de l’ONU. Source: Minusma |