Mali: cinq pays du Sahel veulent avancer vers une force commune « contre le terrorisme »
De gauche à droite : le président nigérien, Mahamadou Issoufou ; le président tchadien, Idriss Deby ; le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta ; le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz ; et le président burkinabé, Roch-Marc Christian Kaboré, lors du G5 Sahel, à Bamako (Mali), le 6 février 2017
Les pays du G5 Sahel, qui se disent « en première ligne contre le terrorisme », ont annoncé lundi à Bamako vouloir réaliser leur projet de force destinée à combattre les groupes jihadistes utilisant notamment le Mali comme « base de repli ».
Ce sommet des cinq chefs d’Etat (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) intervient moins de trois semaines après l’attentat-suicide du 18 janvier, qui a fait près de 80 morts à Gao, principale ville du nord du Mali. Une attaque revendiquée par le groupe Al-Mourabitoune du jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar, rallié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
La décision de création de cette « force conjointe du G5 Sahel », dont ni les effectifs, ni le commandement ni le mode de fonctionnement n’ont été précisés, remonte au sommet de l’organisation le 20 novembre 2015 à N’Djamena, la capitale tchadienne, selon le communiqué final.
La force de sécurisation du Liptako-Gourma – zone à cheval sur le Niger, le Burkina Faso et le Mali et dont les trois pays ont décidé la création le 24 janvier à Niamey – « est une composante » de la future force conjointe, selon le texte.
« Nous avons décidé de rendre effective la création d’une force G5 pour lutter contre le terrorisme », a déclaré le président du Niger, Mahamadou Issoufou, lors de la conférence de presse finale du sommet, auquel participait aussi le dirigeant guinéen Alpha Condé, président en exercice de l’Union africaine (UA).
« Nous allons demander une résolution des Nations unies et du Conseil de sécurité pour appuyer la création de cette force », a ajouté M. Issoufou.
« Ce que nous voulons, c’est que les pays européens nous donnent les moyens. Nous allons nous-mêmes être en première ligne dans la lutte contre le terrorisme dans l’espace G5. Comme ça, ils vont faire l’économie des vies de leurs soldats », a expliqué le président tchadien Idriss Déby Itno.
Il semblait faire miroiter une réduction des troupes de la force française Barkhane déployée dans la région, et des effectifs européens de la force de l’ONU au Mali (Minusma), la mission de maintien de la paix de l’ONU la plus coûteuse en vies humaines depuis la Somalie en 1993-1995, avec plus de 70 Casques bleus tués.
– ‘Espace terroriste’ –
Selon un document de travail interne à la rencontre consulté par l’AFP, « le nord du Mali est une base de repli des terroristes. C’est également un lieu de départ des attaques contre d’autres pays ».
Interrogé sur ce constat, un responsable malien a reconnu les « difficultés » rencontrées par son pays. « Mais les terroristes quittent d’autres pays pour venir au Mali. Donc c’est main dans la main que nous devons travailler », a-t-il affirmé sous couvert d’anonymat.
Soulignant au début de la réunion la récente « multiplication des attaques terroristes dans le Sahel », le président tchadien a estimé que « la menace (…) prend de nouvelles proportions. Si nous n’agissons pas vite, notre espace deviendra durablement un espace terroriste ».
« Face à la montée de l’extrémisme, il faut la mutualisation des efforts pour relever les défis. Nous devons aller plus loin pour réaliser le Sahel de la Défense », a déclaré le chef de l’Etat malien Ibrahim Boubacar Keïta, auquel M. Déby a cédé la présidence du G5 Sahel.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda.
Ces groupes en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en 2013 à l’initiative de la France et toujours en cours.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières.