Mali: échange de prisonniers entre le gouvernement et l’ex-rébellion
Des prisonniers sont libérés par le gouvernement malien le 15 juillet 2014, à l’aube de l’ouvertures des négociations d’Alger.
Le gouvernement malien et l’ex-rébellion à dominante touareg du nord du Mali ont échangé des prisonniers cette semaine, selon les deux parties samedi et une source au sein de l’ONU, qui a évoqué des libérations visant à permettre une « décrispation dans le cadre du processus de paix ».
« Le gouvernement malien a libéré 31 prisonniers rebelles, et la rébellion a libéré 16 prisonniers militaires maliens », a affirmé à l’AFP un responsable à la Mission de l’ONU au Mali (Minusma). Selon lui, l’échange de prisonniers a eu lieu jeudi, et il a été effectué en vue d’une « décrispation dans le cadre du processus de paix » au Mali, toujours confronté à des blocages plus de trois mois après la signature – en mai et juin – d’un accord de paix par le gouvernement, des groupes armés qui lui sont favorables, et la rébellion basée dans le nord du pays.
Jointes par l’AFP, une source au ministère de la Défense et une autre au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion) ont confirmé l’information. Aucune des sources n’a cependant fourni d’indications sur les dates d’arrestation ou les durées de détention des prisonniers et sur leurs identités.
« Je confirme les libérations et les chiffres que vous donnez », a déclaré la source au ministère de la Défense, selon laquelle les militaires étaient retenus « dans le Nord », sans plus de détails. « Dans le cadre d’échanges de prisonniers, nous avons libéré 16 prisonniers de guerre de l’armée malienne, le gouvernement malien a de son côté libéré 31 rebelles », a affirmé Mohamed Ag Ibrahim, de la CMA. D’après lui, les prisonniers libérés étaient détenus à Bamako. « C’est un avion de la Mission de l’ONU qui a ramené du Nord les militaires maliens libérés », a précisé le responsable à la Minusma.
Le processus de paix au Mali a été grippé en août et septembre par la reprise de violences entre des groupes armés pro-gouvernementaux et la rébellion, qui se sont cristallisées autour de localité d’Anéfis, dans la région de Kidal (nord-est).
Les groupes pro-Bamako avaient pris le contrôle d’Anéfis le 17 août, après trois jours de combats meurtriers contre la CMA. Sous pression des autorités maliennes et de la communauté internationale, ils ont évacué le 14 septembre la localité, où l’ex-rébellion s’est installée, sans combats.
L’accord de paix prévoit notamment le désarmement des combattants, qui seront cantonnés sur une douzaine de sites. D’après le responsable à la Minusma, des représentants de la CMA et des groupes pro-Bamako étaient réunis samedi dans le nord du Mali pour l’identification de ces sites. « Chaque camp doit proposer six sites de cantonnement. Il n’y a pas de problème jusque-là », a-t-il dit. Aucun détail supplémentaire n’était disponible.
En dépit de la signature de l’accord, l’instabilité perdure dans le nord du Mali, vaste région qui était tombée en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les groupes jihadistes y ont été dispersés et en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale qui se poursuit. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.
Jeudi à New York, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a estimé que le terrorisme et le trafic de drogue étaient « des obstacles majeurs à l’application de l’accord de paix ». « Nous devons combattre également les terroristes et les narco-trafiquants, sinon nous ne réussirons pas à avoir une paix durable au Mali », a-t-il déclaré.
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