Mali: ex-rebelles et opposants boycottent la conférence pour la réconciliation
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta lors de la cérémonie d’ouverture de la « Conférence d’entente nationale » le 27 mars.
Une rencontre pour la réconciliation au Mali, la « Conférence d’entente nationale », s’est ouverte lundi 27 mars à Bamako, en l’absence de l’opposition et de l’ex-rébellion, qui la jugent trop limitée dans le temps ou ses objectifs.
La conférence, qui se poursuivra jusqu’au 2 avril, est prévue par l’accord de paix de mai-juin 2015 au Mali. Elle vise notamment à « élaborer une charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale sur une base consensuelle », selon le gouvernement.
« Cette conférence d’entente nationale est un train qui démarre. Et ceux qui ne l’auront pas pris dans cette gare peuvent toujours le rattraper à une autre gare », a déclaré le président malien Ibrahim Boubacar Keïta lors de la cérémonie d’ouverture. » L’essentiel est qu’à l’arrivée, toute la famille soit réunie », a-t-il assuré, tout en déplorant « certaines absences et les discours qui les justifient ».
« Aujourd’hui, nous sommes arrivés à une étape de notre Histoire où il nous faut réfléchir sur les causes de l’enchaînement des crises qui ont frappé le nNord de notre pays et dont les effets menacent désormais de s’étendre au Centre ».
La rencontre s’est ouverte en présence de partis de la majorité au pouvoir et de la « Plateforme », coalition de groupes armés progouvernementaux. En revanche, les places réservées à la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg du Nord) et à l’opposition sont demeurées inoccupées.
La semaine dernière, la CMA, la Plateforme et l’opposition avaient annoncé qu’elles ne participeraient pas à la rencontre.
Les groupes armés estiment notamment le temps imparti trop court pour le véritable débat « sur les causes profondes du conflit » prévu par l’accord de paix. L’opposition souhaitait en outre l’ouverture à cette occasion d’une discussion sur la « gouvernance actuelle » du Mali.
Confiance populaire. Des pourparlers impliquant autorités et médiation internationale avaient été engagés pour les faire revenir sur leur décision, sans succès en ce qui concerne l’opposition et la CMA, qui a réaffirmé dimanche qu’elle ne prendrait « pas part à cette conférence dans le format actuel ».
La Plateforme a en revanche estimé avoir obtenu satisfaction, selon un de ses porte-parole, Harouna Toureh, citant « le calendrier » et « les objectifs » de la rencontre : « Nous comptons peser fortement sur ses résolutions pour que nos préoccupations soient prises en compte, CMA et Plateforme, au nom de toutes les populations du Nord, au nom de toutes les populations maliennes ».
Du côté des participants issus de la société civile, notamment ceux venus de province, l’heure est aussi à l’espoir. « Nous espérons qu’on fera en sorte que les ex-rebelles absents parlent aussi, pour que l’unité soit réelle », a dit à l’AFP Oumar Maïga, de Gao (nord).
Le président Keïta a reconnu la » très forte exigence d’amélioration de la gouvernance » au Mali, jugeant « indispensable » d’y répondre « pour créer le socle de confiance populaire sur lequel reposera la mise en oeuvre de la Charte ».
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, et qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques malgré la signature de l’accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes. Et depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au Sud.