Mali : les casques bleus perdent le nord
Monji Hamdi, chef de la Minusma et Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères du Mali.
En l’espace d’une semaine les casques bleus ont tué trois civils, sept combattants rebelles et des dizaines de blessés. La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) dérape et perd le nord.
La situation dans le nord-Mali est en train d’échapper à tout contrôle. Les casques bleus de la mission des Nations Unies au Mali ont ouvert le feu sur les manifestants qui leur lançaient des pierres et des cocktails Molotov, ce mardi 27 janvier en plein cœur de la ville de Gao où se situe leur camp. Les protestataires furieux, qui avaient déjà manifesté lundi devant le siège de la Minusma, jetant des pierres sur le bâtiment, ont tenté mardi de le prendre d’assaut. Bilan provisoire: au moins trois morts et une quinzaine de blessés. Les manifestants reprochent à la mission onusienne d’avoir conclu un accord ce weekend avec les rebelles du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) qui aboutira selon eux au désarmement ou au retrait des forces loyalistes de la localité de Tabankhort où a lieu des affrontements meurtriers il y a une semaine.
C’est la deuxième fois en l’espace d’une semaine que les casques ouvrent le feu. Le 20 janvier se sentant attaqué par des tirs de mortiers, les soldats de l’ONU avaient riposté faisant 7 morts dans le camp du MNLA d’où venaient les tirs. Pour apaiser la situation la Minusma avait conclu à la va-vite un accord mal fagoté avec le MNLA oubliant superbement l’Etat malien et les groupes armés loyalistes.
←Les manifestants de Gao
La Minusma est prise entre deux feux. Les populations protestent contre la conclusion avec le MNLA de l’accord sur une « zone temporaire de sécurité » à Tabankort, à mi-chemin entre Kidal, fief de la rébellion et Gao, contrôlée par des groupes armés loyalistes à Bamako, scène depuis plusieurs semaines d’affrontements entre les deux camps qui ont fait de nombreux morts, parmi lesquels beaucoup de civils. De l’autre côté, les rebelles accusent d’avoir fait sept morts et plusieurs blessés parmi leurs combattants et d’avoir trahi sa neutralité.
Force militaire de stabilisation, la Minusma a pour mission d’aider Mali à restaurer son autorité et en même temps faciliter des négociations entre l’Etat et les mouvements rebelles. Une mission compliquée qui est en train d’échouer.
Ibrahim CISSE