Mali: que font les militaires français quand ils ne sont pas au front ?
Les jeux de cartes font partie des rares objets de divertissement que les soldats peuvent emmener en opération au Sahel.
Dans la fournaise du Nord Mali, les soldats français de la force Barkhane redoublent d’imagination quand il s’agit de meubler le temps libre.
L’armée française en campagne, « c’est 90 % d’attente et 10 % d’action », résume le colonel Luc Lainé, chef de corps du 21e RIMa. À l’ombre d’un filet anti-chaleur tendu entre deux véhicules de l’avant blindé, le commandant de l’opération « Marne » accuse le coup. Comme ses soldats. Il fait plus de 50 degrés à l’ombre.
Suite à un ordre venu directement de Paris, la centaine de véhicules mobilisée pour la lutte antiterroriste au sud de la région de Gao, du 6 au 26 juin, est plombée dans le sable brûlant. A quelque 1 200 km de là, dans la capitale, les rebelles maliens signent, au même moment, un accord de paix péniblement obtenu par la communauté internationale après plusieurs mois de tractations.
Le lieutenant Jean-Baptiste profite d’une journée d’attente au cours de l’opération Marne de la force Barkhane pour lire. Une fois en position de BOAT (Base opérationnelle avancée terrestre), les soldats qui ne montent pas la garde sont autorisés à retirer leur gilet pare-balles et leurs casques lourds.
Le raid blindé du colonel Laîné, initialement prévu contre la position de nomades présumés liés aux djihadistes du Mujao, est reporté de 24 heures. « Si ces présumés djihadistes s’avèrent être des miliciens liés aux négociations de paix, cela pourrait compliquer les choses », explique un officier.
Le thé infusé dans un mouchoir. Pour tuer le temps, les légionnaires et les marsouins engagés dans cette opération de longue durée redoublent d’imagination. Enfoncé sur la tranche de son lit de camp, « Miloch » filtre patiemment son thé à la menthe… « Avec une bouteille en plastique, on peut faire beaucoup de choses », sourit le soldat, qui utilise un mouchoir bloqué dans le goulot du bidon pour retenir les feuilles infusées.
Un légionnaire surnommé « Miloch » filtre du thé à la menthe local à l’aide d’un système de bouteille d’eau découpée et d’un mouchoir. Tout aliment ou condiment qui sort de l’ordinaire de la ration de combat est prisé par les soldats en opération.
Ceux qui tiennent à prendre une « douche dégradée » une fois la nuit tombée utilisent la même bouteille, reconvertie en ballon d’eau. Une fois le bouchon percé ou légèrement dévissé, il faut parvenir à ses fins avec le litre et demi d’une ressource devenue aussi précieuse que le gasoil des véhicules au milieu du désert.
Malgré la fatigue, les plus hardis maintiennent leur séance quotidienne de musculation. Une poulie et un sac de toile rempli de sable font office de poids. Une palette de bois sert de support pour les séries de pompes. Dans la lumière déclinante de cette longue journée d’attente, deux légionnaires s’adonnent même à une séance de jiu-jitsu brésilien, dans une volée de sable et de poussière.« Toujours prêt au combat ! » commentent les deux lutteurs.
Deux légionnaires sud-américains s’adonnent à une séance improvisée de jiu-jitsu brésilien.Un soldat en pleine séance de « musculation dégradée », effectue des tractions à l’aide d’une barre de fer fixée entre les portes d’un véhicule de l’avant blindé. Le capitaine Louis, commandant d’unité de la légion étrangère, se repose sous un véhicule blindé léger au cours d’une pause de son convoi pour cause de mauvais temps.
De jeunes marsouins du 21e RIMa jouent au « trou-du-cul » au cours d’une journée d’attente. Les livres et les jeux de cartes font partie des rares objets de divertissement que les soldats peuvent emmener en opération au Sahel. Les tablettes, ordinateurs et téléphones portables ne supportent pas le transport en véhicules blindés, où les températures peuvent dépasser 60 degrés.
Le caporal Frédéric nettoie son fusil Famas à l’ombre d’un véhicule de l’avant blindé. La poussière extrêmement fine soulevée par les véhicules blindés en mouvements s’immisce dans les moindres recoins du matériel.
Deux soldats de l’armée malienne jouent aux dames à l’aide de brindilles et de crottes de chèvres sous un véhicule de l’opération Marne. L’armée française est toujours accompagnée d’interprètes militaires en opération dans le nord, où les habitants parlent le songhai, le tamasheq, l’arabe ou le peul. Il existe treize langues nationales au Mali.
Un légionnaire profite d’une pause du convoi pour regonfler les pneus de son véhicule lourd avant d’aborder une route goudronnée. Pour limiter les ensablements à répétition, les soldats dégonflent partiellement les pneus de leurs véhicules pour progresser dans le désert. Le matériel, soumis à rude épreuve au cours des opérations de longue durée, nécessite un entretien permanent.
Correspondance François Rihouay, OUEST FRANCE
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