Mali: six mois après, où en est la mise en place de l’accord de paix?
Accollades chaleureuses entre le président IBK et Mamadou Djeri Maïga le 20 juin 2015 lors de la signature de l’accord par toutes les parties.
Il y a tout juste six mois ce dimanche, l’accord de paix pour le Nord était signé par tous les acteurs : le gouvernement malien, les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad et les groupes pro-Bamako de la Plateforme. De très longues négociations ont été nécessaires pour aboutir à ce texte et sur le terrain, sa mise en œuvre elle aussi prend du temps.
Le premier effet de l’accord de paix, signé le 20 juin 2015 par toutes les parties, c’est la fin des combats. Les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et les groupes pro-Bamako de la Plateforme ont certes eu des difficultés à faire taire les armes, mais après de nouvelles rencontres à Anefis, en octobre, une nouvelle phase réellement pacifique a clairement été enclenchée.
Situation sécuritaire fragile. Ce qui ne veut pas dire que la situation sécuritaire s’est beaucoup améliorée puisque les groupes terroristes, non-signataires de l’accord, continuent de mener des attaques fréquentes et meurtrières dans le nord, dans le sud, et jusque dans la capitale Bamako.
Parmi les mesures très attendues, le cantonnement des groupes armés, première étape avant le désarmement et la réinsertion des combattants, soit dans l’armée nationale, soit dans la vie civile. La préparation des sites a bien commencé mais les combattants, eux, continuent de circuler comme bon leur semble.
Beaucoup de retards. Une Conférence d’entente nationale sur le nord du Mali, sur l’utilisation du terme « Azawad » et « les causes profondes du conflit » notamment, devait être organisée. Elle n’a toujours pas eu lieu. Les assemblées régionales aux pouvoirs élargis n’ont pas pu être mises en place.
Enfin le redéploiement progressif de l’armée et de l’administration malienne dans le Nord a bien commencé, mais certaines zones restent contrôlées par les ex-rebelles. A commencer par leur fief, la ville de Kidal.
« Il reste énormément à faire, c’est un grand chantier, concède Radhia Achouri, porte-parole de la Mission des Nations unies au Mali (Mali). Nous aurions souhaité que l’on puisse avancer plus rapidement. Nous sommes tout à fait conscients des défis auxquels se heurte ce processus qui est un processus de longue haleine certes, mais nous sommes toujours convaincus qu’on peut faire plus et mieux plus rapidement, et bien entendu nous réitérons toujours notre position à savoir que les parties prenantes, celles qui ont la responsabilité de mise en œuvre, puissent procéder avec plus de diligence pour que ce processus gagne la confiance et l’adhésion de la population qui s’inquiète de plus en plus. »
■ Que sont devenus les groupes armés ?
Parmi les groupes armés, six mois après, les digues ont sauté. Les ennemis d’hier marchent maintenant main dans la main face au gouvernement et à son armée.
Le premier groupe est composé des mouvements rebelles réunis au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad. On y retrouve le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), très médiatique à un moment, mais désormais quasiment aphone. Le MNLA a fait une alliance avec le HCUA, les anciens alliés du chef jihadiste islamiste Iyad Ag Ghali, une branche du mouvement arabe de l’Azawad (MAA) est également membre de la rébellion.
Le second groupe serait composé des mouvements armés touaregs, tous au départ gouvernementaux.
Tous les deux, groupes rivaux de l’époque, accusent aujourd’hui le gouvernement malien de ralentir l’application de l’accord d’Alger. Le gouvernement et l’armée démentent. Mais les deux mouvements armés, qui regardent désormais dans la même direction, lancent un ultimatum à Bamako.
Comment expliquer ce revirement ? Les réalités tribales, ou du moins intercommunautaires, ont pris le pas sur les autres considérations. Et pour taper du poing sur la table, six autres groupes armés réunis au sein d’une alliance dénommée Compis 15 montrent leurs muscles. Ils ne se disent ni pro-gouvernement, ni pro-rebelles.
Source RFI
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