Modibo Sidibé : « IBK n’a pas de cap »
L’ex-Premier ministre Modibo Sidibé, président du parti FARE (les Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Emergence).
Lors de son passage à Paris le 15 novembre, le président du parti FARE (les Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Emergence) Modibo Sidibé, ancien Premier ministre, a abordé, sans équivoque, devant ses militants les scandales liés à l’achat du second avion présidentiel et des équipements militaires, les rapports avec le FMI, les négociations de paix d’Alger …
Le président des FARE Modibo Sidibé est formel, le gouvernement ne va pas dans la bonne direction pour la simple raison qu’il ne s’est pas fixé de cap. De la démission d’Oumar Tatam Ly à la nomination de Moussa Mara, la position du parti est claire, ce n’est pas une question de personne mais une question de cap ; de définir des priorités et répondre aux préoccupations des Maliens en ces moments difficiles. « Ce qui préoccupe les Maliens, c’est la mauvaise gouvernance qui est symbolisée par l’achat de l’avion présidentiel et les surfacturations sur les marchés publics. Quelle que soit la somme, cette opération était mal venue. Le gouvernement aurait pu éviter ce qui s’est passé avec le FMI en prenant certaines décisions au niveau national. »
Pour l’ancien Premier ministre, ce n’est pas la première fois que le gouvernement demande au Vérificateur général de faire des audits comme on a tendance à faire véhiculer. En 2008 étant Premier ministre, lui même avait saisi le Vérificateur général pour faire des contrôles au niveau du trésor public en accord avec le ministre des Finances. Concernant l’exploitation des rapports, on estimait qu’au 31 décembre 2010, le Bureau du vérificateur général avait produit 152 dossiers et la justice en a été saisie dans 46 cas. Les 152 rapports totalisaient 1503 recommandations sur lesquelles 1069 ont été mises en œuvres soit près de 71%.
Surfacturations. Il a précisé que dans l’achat de l’avion présidentiel et l’acquisition des équipements militaires que le gouvernement n’a pas demandé de lui-même au vérificateur de faire un contrôle et que tout le monde sait d’où est venue la pression. Pour lui, au lieu de s’attaquer au Vérificateur général ceux qui sont impliqués dans les affaires dénoncées doivent se justifier. « Aujourd’hui nous n’avons aucune réaction structurée et formelle des membres du gouvernement sur les reproches qui leur sont faites. On attend d’eux des mesures et des sanctions. La question que nous nous posons est de savoir si le gouvernement est capable de remodeler sa gouvernance. »
←Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) manque semble -t-il de vision.
Le Mali est dans une situation où maintenant il faut rebâtir ; repartir de bons pieds ; mettre les procédures en place et les respecter. « Il faut que l’année de la corruption déclarée soit effectivement le point de départ d’une décennie de redressement. Qu’on mette en œuvre les plans qui sont sortis des états généraux de la corruption », déclaré M. Sidibé. Pour lui on accuse l’opposition de tous les maux. Mais « l’avion présidentiel, ce n’est pas les opposants, les contrats passés au ministère de la Défense ce n’est pas les opposants non plus, l’aventure de Kidal est-ce les opposants ? », s’est-il interrogé.
Concernant le rapport du vérificateur général, « nous attendons du gouvernement des mesures non seulement administratives mais aussi et surtout judiciaires. Il y a des responsabilités à prendre ». D’après lui, c e n’est pas la peine de mettre nos partenaires en cause ; nous sommes libres de ne pas avoir des accords avec eux. Mais quand nous souscrivons librement des accords, il faut respecter nos engagements. Nous devrons être à mesure d’anticiper les problèmes pour trouver des solutions. « Notre pays ne peut pas rester dans cette situation c’est la raison pour laquelle nous nous mobilisons avec tous les citoyens pour que la gouvernance soit ajustée ; que le gouvernement fixe un véritable cap et enfin que les mesures soient prises », a-t-il indiqué.
Accord de paix. Pour les négociations d’Alger, le président des FARE a expliqué qu’il faut lever un certain nombre d’hypothèques au point de vu économique, financier et par rapport à nos partenaires. Les Maliens se sont mobilisés pour que les lignes rouges (l’intégrité du territoire, la laïcité, la forme républicaine de l’Etat…) déjà acquises au niveau des différentes résolutions des Nation Unies et de l’Accord de Ouagadougou, ne puissent pas être franchies. Ces lignes rouges sont connues de tous : « On a des griefs sur certains des éléments contenus dans le projet d’accord, peut être pas seulement nous, d’autres partis politiques et même le gouvernement en aurait sur certains aspects, tant mieux pourvu que nous ayons un accord qui ait l’adhésion des Maliennes et des Maliens, un accord qui fortifie la cohésion nationale, avec un projet de développement à la fois équilibré et équitable pour l’ensemble des régions du Mali. »
Modibo Sidibé veut surtout un accord qui sera adossé à un schéma directeur de l’ensemble du territoire que les Maliens auraient discuté et qui permettra de savoir dans les dix ou quinze années à venir ce que sera le maillage infrastructurel du Mali pour être la base de son développement économique. « Sur le processus en cours, je pense que les Maliens diront ce qu’ils pensent et qu’on prendra en compte ce qu’ils auront proposé », a conclu M. Sidibé.
Ibrahim CISSE
Une analyse pertinente qui vient de quelqu’un qui maîtrise les dossiers et qui sait ce qu’il dit.
Tous les patriotes du Mali levez vous ! Le pays a besoin de vous.
Monsieur Sidibé, vous avez été Premier ministre des années durant sous ATT. A l’époque, avec votre mentor vous aviez un cap, celui que les maliennes et les maliens ont découvert avec le massacre d’AGUEL’HOC le 25 janvier 2012 perpétré par le MNLA. Partant de là, quelle leçon de cap vous pouivez nous donner ?
Vous rendrez bien service à ce pays en vous taisant à jamais.