Mohamed Ag Intalla désigné chef traditionnel de Kidal

Mohamed Ag Intalla, nouveau amenokal des Ifoghas de Kidal.

Fils aîné du patriarche décédé et députe du parti majoritaire, Mohamed Ag Intalla, a été désigné nouveau amenokal des Ifoghas. Un atout pour faire avancer le processus  de paix ?

C’est désormais officiel, Mohamed Ag Intalla – fils ainé de l’amenokal (le chef traditionnel) Intalla Ag Attaher décédé le 18 décembre –  a été désigné pour succéder à son père. C’est un communiqué de la famille qui l’a annoncé ce samedi 27 décembre : « Suite au décès d’Intalla Ag Attaher Ag Illi, Amenokal (chef élu par les sages) de l’Adrar des Ifoghas, la famille du défunt, après consultation, a décidé de désigner Mohamed Ag Intalla Ag Attaher comme successeur en tant qu’Amenokal, conformément à la volonté du défunt ». Mohamed Ag Intalla  est l’un des quatre enfants du défunt Amenokal, dont un autre fils, Alghabass Ag Intalla, avait été cité comme son successeur potentiel. Selon le communiqué de la famille, Alghabass Ag Intalla a été nommé à la tête de « la coordination de la communauté Ifoghas ». Il dirige  aussi le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) créé par son frère Mohamed, un des principaux groupes rebelles présents dans le nord du Mali. Le nouveau chef traditionnel Mohamed Ag Intalla, sexagénaire, a été élu en décembre 2013 député pour le compte du Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti du président Ibrahim Boubacar Keïta.

Réputé modéré, selon des proches, il a refusé d’adhérer au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) qui a lancé en janvier 2012 une offensive contre l’armée dans le nord du Mali, ayant plongé le pays dans une profonde crise politico-militaire pendant près de deux ans. D’après ses proches, Mohamed Ag Intalla Ag a également refusé d’adhérer à Ansar Dine, groupe islamiste au nombre de ceux ayant contrôlé le Nord, fondé par le Touareg Iyad Ag Ghali. Refoulé du Mali, ce dernier se serait retranché dans le sud de la Libye, comme d’autres chefs jihadistes.

Durant la crise, plusieurs groupes jihadistes alliés à Al-Qaïda ont contrôlé le nord du Mali -appelé Azawad par certaines communautés – pendant près de dix mois, avant d’en être en partie chassés à partir de janvier 2013 par une intervention militaire internationale toujours en cours.

Le patriarche des Touareg est décédé le 18 décembre à l’âge de 87 ans dans la ville de Kidal, où il a été inhumé le lendemain en présence d’une foule nombreuse, selon sa famille et des témoins. Il était Amenokal depuis 1962, ayant remplacé son père dans ces fonctions. La désignation  du député Mohamed Ag Intalla comme nouveau amenokal peut être une chance pour les pourparlers de paix inter-maliens qui vont reprendre dans quelques jours dans la capitale algérienne pour la cinquième fois.