Mokhtar Belmokhtar tué par une frappe américaine en Libye ?
Mokhtar Belmokhtar, dit « Le borgne »: sa tête avait été mise à prix par Washington à 5 millions de dollars.
Le cerveau de la meurtrière prise d’otages du site gazier algérien d’In Amenas en 2013 et de l’attaque de Bamako en 2015 a été tué par une frappe aérienne américaine en Libye.
Le chef djihadiste Mokhtar Belmokhtar, lié à Al-Qaïda, a été tué par une frappe aérienne américaine en Libye, a annoncé dimanche soir le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale. Le Pentagone a indiqué à Washington que le djihadiste Belmokhtar avait bien été la cible d’une frappe américaine, mais n’a pas confirmé sa mort. « Nous continuons à évaluer les résultats de l’opération et fournirons plus de précisions de manière appropriée », a déclaré dans un communiqué le colonel Steve Warren, porte-parole du Pentagone.
« Des avions américains ont mené une opération qui a abouti à la mort de Mokhtar Belmokhtar et d’un groupe de Libyens appartenant à une organisation terroriste dans l’est de la Libye », ont indiqué les autorités libyennes sur leur page Facebook, ajoutant que la frappe a eu lieu « après consultation avec le gouvernement intérimaire libyen ». Quelques heures plus tôt, à Washington, le Pentagone avait annoncé que l’armée américaine avait mené une frappe dans la nuit de samedi à dimanche contre une cible « terroriste liée à Al-Qaïda » en Libye. Washington a par le passé déployé des drones dans cette région.
Une frappe dans la nuit. L’agence libyenne Lana, citant un responsable du gouvernement reconnu par la communauté internationale, a précisé que « la frappe de l’armée de l’air américaine a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche dans une ferme (…) à Ajdabiya, à 160 km à l’ouest de Benghazi, chef-lieu de l’Est libyen, où Belmokhtar tenait une réunion avec d’autres chefs de groupes extrémistes, dont des membres d’Ansar Asharia », une organisation classée terroriste par l’ONU.
La dernière opération des Américains en Libye date de juin 2014, quand leurs forces spéciales ont capturé Ahmed Abou Khattala, un des organisateurs présumés de l’attaque contre le consulat américain à Benghazi en 2012 qui avait coûté la vie à l’ambassadeur Chris Stevens et à trois autres Américains. Mokhtar Belmokhtar avait réaffirmé mi-mai la loyauté de son groupe, Al-Mourabitoune, à Al-Qaïda et démenti l’allégeance à l’État islamique (EI) proclamée par un autre dirigeant, laissant présager une sérieuse discorde dans la hiérarchie du mouvement.
Les « Signataires par le sang ». Né en juin 1972 à Ghardaïa, aux portes du Sahara, il a combattu très jeune en Afghanistan en 1991, où il a perdu un œil, ce qui a valu son surnom de « Laouar » (le borgne). Ex-chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), avec laquelle il était entré en dissidence, Mokhtar Belmokhtar avait créé fin 2012 sa propre unité combattante, les « Signataires par le sang ». En janvier 2013, il avait revendiqué l’attaque sanglante et la prise d’otages massive qui s’est ensuivie sur le complexe gazier d’In Amenas, dans le Sahara algérien, qui se sont soldées par la mort de 37 étrangers, un Algérien et 29 ravisseurs.
Donné pour mort par le Tchad en avril 2013, il avait revendiqué un double attentat-suicide au Niger en mai 2013, qui a fait une vingtaine de morts. Al-Mourabitoune est né en 2013 de la fusion des « Signataires par le sang » et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), un des groupes djihadistes ayant contrôlé le nord du Mali jusqu’au lancement de l’opération française Serval en janvier 2013. Condamné à mort à deux reprises par la justice algérienne, Belmokhtar aurait commandité l’assassinat de quatre Français en Mauritanie en décembre 2007, et la prise en otages de deux Canadiens en 2008, trois Espagnols et deux Italiens en 2009.
Affrontements entre djihadistes. Plongé dans le chaos depuis la chute, en 2011, de l’ancien dictateur Muammar Kadhafi, la Libye est déchirée par des combats entre milices lourdement armées et le pays compte actuellement deux gouvernements – et Parlements – rivaux : l’un, reconnu par la communauté internationale, installé dans l’est du pays, l’autre à Tripoli sous contrôle de Fajr Libya, une coalition de milices. Des groupes djihadistes ont profité de ce chaos, notamment le groupe État islamique qui s’est implanté l’an dernier en Libye et qui a annoncé le 9 juin avoir pris la ville de Syrte (450 km à l’est de Tripoli) ainsi qu’une centrale thermique voisine.
Avec AFP