CIO : une feuille de route stratégique
Le Président du Comité National Olympique et Sportif du Mali, Habib Sissoko, un pilier du mouvement olympique en Afrique.
Le président du Comité International Olympique (CIO), Thomas Bach, a communiqué en novembre dernier les 40 propositions qui composent l’Agenda olympique 2020. Il s’agit de la Feuille de route stratégique pour l’avenir du Mouvement olympique. Ces initiatives feront l’objet d’une discussion et d’un vote par l’ensemble des membres du CIO lors de la 127e session convoquée à Monaco les 8 et 9 décembre 2014.
«Le temps du changement, c’est maintenant» ! C’est plus que jamais la conviction partagée dans la famille olympique qui vient de baliser les chemins de l’avenir du mouvement. Cette volonté s’est traduite en novembre dernier par la publication de 40 propositions composant l’Agenda olympique 2020. Il s’agit de la Feuille de route stratégique pour l’avenir du Mouvement olympique qui sera débattue sur Le Rocher (Monaco) les 8 et 9 décembre 2014.
Pour le président du CIO, Thomas Bach, ces «20+20 propositions» marquent «le point d’orgue d’une année de débats et d’échanges ouverts, transparents et vastes entamés à la mi-2013». Il a ajouté, «ces 40 recommandations sont comme les pièces d’un puzzle. Lorsque vous les mettez ensemble, apparaît l’image du CIO préservant le caractère unique des Jeux Olympiques et renforçant la place du sport dans la société».
Le président du CIO a soumis, dans un premier temps, les recommandations à une table ronde d’athlètes qui, pour bon nombre d’entre eux, ont activement contribué à l’Agenda olympique 2020. Plusieurs médaillés olympiques ont participé à ces discussions
Innovations. Les principaux sujets traités dans les recommandations sont, entre autres, la modification de la procédure de candidature (Recommandation 1) pour l’organisation des Jeux Olympiques. Et cela avec l’adoption d’une nouvelle philosophie invitant les villes candidates potentielles à présenter un projet qui correspond à leurs besoins sportifs, économiques, sociaux et de planification environnementale à long terme.
L’organisation de sports et d’épreuves en dehors de la ville hôte et, même dans des cas exceptionnels, en dehors du pays hôte, pourrait également être autorisée, dans le «respect toutefois de l’intégrité du Village olympique».
Les Recommandations portent aussi sur la réduction du coût de la candidature (3) par la diminution du nombre de présentations autorisées et par une importante contribution financière du CIO. Sans oublier l’accent mis sur la prise en compte, dès le début du projet, de la durabilité d’une candidature.
Il est aussi question de passer d’un programme basé sur des sports à un programme basé sur des épreuves (Recommandation 10). Limiter les accréditations pour les athlètes, entraîneurs et autres membres du personnel d’encadrement des athlètes pour veiller à ce que les «Jeux ne deviennent pas encore plus grands». Il est ainsi envisager maintenant d’autoriser l’admission de plus de 28 sports au programme tout en respectant ces limites.
Le renforcement du 6e principe fondamental de l’Olympisme (Recommandation 14) est aussi requis. Le CIO inscrira ainsi la non-discrimination sur la base de l’orientation sexuelle dans le 6e principe fondamental de l’Olympisme figurant dans la Charte olympique. Le Comité international ambitionne aussi de lancer une chaîne de télévision olympique (Recommandation 19) pour offrir une plateforme aux sports et aux athlètes au-delà de la période des Jeux Olympiques, donc 365 jours par an.
Cela permettra au Mouvement Olympique d’entrer pleinement dans l’ère du numérique en se rapprochant des jeunes grâce à des outils qui leur sont familiers. «Cette chaîne sera une plateforme mondiale et une occasion de diffuser les valeurs olympiques tout en mettant en relief les projets culturels et humanitaires du CIO. Les villes candidates pourront également bénéficier d’un certain degré d’exposition durant la phase de candidature», souligne le document qui sera débattu à Monaco.
Renforcer les principes de bonne gouvernance et l’éthique et les adapter aux nouvelles exigences ; assurer le respect des principes universels de base de la bonne gouvernance (Recommandation 27) ; renforcer l’indépendance de la commission d’éthique du CIO (Recommandation 30) avec l’élection du président et des membres de la commission par la Session du CIO… figurent aussi en bonne place dans l’Agenda 2020.
A noter que les athlètes restent le sujet central de ces 40 propositions avec la protection des athlètes intègres au cœur de la philosophie du CIO. La priorité accordée à «l’expérience des athlètes» fera partie des critères d’évaluation, sans «compromis possible sur la qualité de l’aire de compétition et l’importance primordiale du village olympique». Thomas Bach→
40 recommandations. «Au cours de l’année passée, nombreux sont ceux qui m’ont demandé pourquoi il y avait un désir de changements. Après tout, les Jeux Olympiques, le CIO et le Mouvement olympique ont remporté bien des succès et nous sommes dans une très bonne position», fait observer le président Thomas Bach dans un communiqué de presse publié en novembre dernier sur le sujet. «Ma réponse est que nous sommes maintenant en position d’insuffler le changement nous-mêmes plutôt que d’y être contraints. Nous devons prendre les devants avec l’Agenda olympique 2020. Nous avons là l’opportunité de le faire et nous devons saisir ce moment… Le temps du changement, c’est maintenant», a-t-il précisé sans ambages.
Les 40 recommandations ont été finalisées par la commission exécutive en octobre dernier après présentation, par les présidents correspondants, des travaux des 14 groupes chargés de peaufiner les propositions émises depuis le début de l’année. Les représentants des parties prenantes du Mouvement olympique, dont les Comités Nationaux Olympiques, les Fédérations Internationales, les partenaires TOP et les athlètes (Claudia Bokel d’Allemagne, Vincent Defrasne de la France, Susana Feitor du Portugal, Jessica Fox d’Australie, Jade Jones de la Grande-Bretagne, Stéphane Lambiel de Suisse, Marsha Marescia d’Afrique du Sud, Kaveh Mehrabi d’Iran)… ont participé naturellement participé à ces workshops (ateliers). Mais, ces groupes de travail comprenaient également des experts de la société civile tels que les Nations Unies, Google/You Tube, Transparency International, la Fondation Clinton, le Victoria and Albert Museum, et la Banque mondiale.
L’Agenda olympique 2020 a suscité un vif intérêt à travers l’ensemble du Mouvement olympique. Les débats tenus sur le sujet lors de la 126e Session du CIO à Sotchi (Russie), par exemple, ont donné lieu à 211 interventions de la part des membres du CIO. Les propositions ont également été discutées par les commissions du CIO et lors de deux Sommets olympiques qui réunissaient les présidents des principales composantes du Mouvement olympique. Le processus de consultation largement ouvert et transparent sur l’Agenda olympique 2020 a été lancé par le président Thomas Bach il y a plus d’un an. À la suite de son appel à contributions, plus de 40 000 communications ont été reçues et 1 200 idées concrètes émises.
Cette volonté d’aller de l’avant est partagée dans le Mouvement olympique, notamment en Afrique qui espère un jour accueillir les Jeux Olympiques.
«Il y a trente ans, je devenais la première athlète marocaine à remporter une médaille d’or aux Jeux Olympiques. La manière dont mon pays a fêté cette victoire m’a montré le rôle important que jouent le sport et les Jeux Olympiques dans la vie des citoyens», témoigne Nawal El Moutawakel, vice-présidente du CIO et présidente de la commission de coordination des Jeux de «Rio 2016» (Brésil). Pour cette Grande Dame de l’Olympisme, il est donc «essentiel que, en tant que Mouvement, nous continuions à évoluer et à rester en phase avec les athlètes et le monde qui nous regarde. C’est pourquoi je soutiens pleinement les propositions de l’Agenda olympique 2020 et je suis impatiente de voir comment les Jeux Olympiques peuvent tirer profit de nos conclusions finales».
Moussa Bolly
(Avec La Commission Médias du CIO)