Naufrage de 700 migrants au large de l’Italie
Des migrants provenant de Libye sur un navire à destination de l’île italienne de Lampedusa, en mars.
Le bateau a chaviré dans la nuit entre la Libye et l’île italienne de Lampedusa. Une vaste opération de sauvetage a été lancée.
Un bateau transportant près de 700 migrants a coulé au large de l’Italie, dans la nuit de samedi 18 à dimanche 19 avril, vers minuit. 28 personnes ont déjà pu être récupérées par un navire marchand. Il s’agirait de la « pire hécatombe jamais vue en Méditerranée », selon le Haut-commissariat aux Nations pour les réfugiés (HCR). Le président français François Hollande a également qualifié ce nouveau naufrage de « pire catastrophe de ces dernières années en Méditerranée » et demandé « le renforcement du nombre de bateaux » de surveillance de l’opération Triton.
Le chalutier a lancé dans la nuit de samedi à dimanche un appel au secours reçu par les garde-côtes italiens qui ont aussitôt demandé à un cargo portugais de se dérouter. A son arrivée sur les lieux, l’équipage a vu le chalutier chavirer, selon la porte-parole du HCR en Italie, Carlotta Sami. C’est probablement quand les 700 migrants à bord se sont précipitées tous du même côté à l’arrivée du cargo portugais que le drame est survenu. Le chalutier a chaviré à environ 130 km des côtes libyennes et à 220 km des côtes de l’île italienne de Lampedusa. Plus de 700 personnes étaient à son bord. 28 survivants ont été récupérés par un navire marchand. Le Premier ministre maltais a lui fait état de 50 personnes secourues.
Quelque 24 cadavres ont été récupérés, selon les garde-côtes italiens, qui ne confirment pas le chiffre de 700 personnes à bord, mais précisent dans un communiqué que ce chalutier de 20 mètres de long « est en capacité de transporter plusieurs centaines de personnes ». Une large opération de secours a été lancée par les gardes-côtes italiens. 20 navires et 3 hélicoptères sont mobilisés. « Pour l’instant, il s’agit d’une opération de recherche et de sauvetage », a affirmé un porte-parole. « Mais, rapidement, ça pourrait se transformer en recherche de corps. »
L’Union européenne s’est dite « profondément affectée » par ce nouveau naufrage et a annoncé la tenue prochaine d’une réunion des ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères pour prendre des mesures. « Tant que les pays d’origine [es migrants] et les pays de transit ne prennent pas des mesures pour éviter ces traversées désespérées, des gens continueront à mettre leur vie en péril. Une grande partie de notre approche est de travailler avec les pays tiers », a réagi la Commission européenne.
Une succession de drames. Plusieurs autres naufrages sont intervenus ces dernières semaines. Quelque 450 migrants sont morts et disparus lors de deux précédents naufrages en moins d’une semaine. Là encore, ce sont les récits de survivants qui ont permis d’établir ces bilans.
A la faveur du chaos en Libye et du beau temps qui s’est installé sur cette partie de la Méditerranée, le flux de migrants qui s’embarquent depuis les côtes libyennes ne cesse de grossir. Entre 500 et parfois 1.000 personnes sont chaque jour récupérées par les garde-côtes italiens ou des navires marchands.
Selon les garde-côtes italiens, plus de 11.000 candidats à l’immigration en Europe ont débarqué dans les six derniers jours, et des centaines d’autres continuent d’arriver sur les côtes italiennes. Plus de 900 migrants ont perdu la vie depuis le début de l’année en effectuant la traversée entre la Libye et l’Italie. « La Méditerranée est une mer qui nous est commune, donc nous devons agir », a souligné François Hollande.
L’opération Triton vise à surveiller les frontières. Elle a remplacé l’opération italienne Mare nostrum de sauvetage des migrants, avec des moyens beaucoup plus modestes.Pour François Hollande, il faut : « Plus de bateaux, plus de survols par des avions, et également une lutte beaucoup plus intense par rapport aux trafics. »
Selon le président, « ceux qui mettent des personnes sur les bateaux, ce sont des trafiquants, ce sont sans doute même des terroristes, parce qu’ils savent parfaitement que ces bateaux sont pourris et qu’ils vont même les détruire en pleine mer et mettre des centaines de personnes en danger, en l’occurrence, là, en danger de mort ».
Plusieurs organisations internationales et humanitaires, dont le HCR, ont déjà dénoncé ces derniers jours l’incurie des autorités européennes, réclamant davantage de moyens. Le pape François a également exhorté la communauté internationale à « agir avec décision et rapidité pour éviter que les tragédies ne se répètent ». « Il est évident que l’ampleur de ce phénomène requiert une plus grande implication. Nous ne devons pas nous lasser dans nos tentatives de solliciter une réponse plus globale au niveau européen et international », a ajouté le pape.
Avec AFP