Nord-Mali: la reprise de la guerre
Un soldat de l’armée malienne au nord du pays.
Un soldat malien et dix rebelles ont été tués mardi 5 mai dans des combats à Ténenkou, dans la région de Mopti (centre du Mali), selon le gouvernement malien, alors qu’un précédent bilan de l’armée faisait état de sept morts dont un militaire.
Jusqu’à mardi soir, aucun bilan n’était disponible de source indépendante ni auprès de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, rébellion à dominante touareg), dont un responsable s’est borné à confirmer à l’AFP la fin des combats mardi après-midi, assurant que les rebelles avaient « infligé des pertes à l’ennemi ».
Ces nouveaux combats se sont déroulés alors que la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) a exhorté dimanche tous les protagonistes à cesser les hostilités et à évacuer les positions nouvellement occupées.
Le ministre malien de la Réconciliation nationale, Zahaby Ould Sidi Mohamed, a relativisé les récentes violations du cessez-le-feu, estimant qu’elles ne remettraient pas en cause la signature d’un accord de paix, prévue pour le 15 mai à Bamako, après une rencontre à Alger avec le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, parrain de la médiation internationale.
« La majorité des acteurs ont répondu par la positive quant à leur présence au rendez-vous du 15 mai », a indiqué le ministre, cité par l’agence de presse algérienne APS, et précisant que les « messages » lui parvenant de la CMA à ce sujet le rendaient « optimiste ».
Mardi « vers 05H00 (heure locale et GMT), des bandits armés ont attaqué la ville de Ténenkou (…). Les forces armées et de sécurité du Mali ont riposté et repoussé les assaillants » qui ont enregistré dans leurs rangs « dix morts et plusieurs blessés » tandis que les militaires comptaient dans leur camp « un mort et trois blessés », a affirmé le gouvernement dans un communiqué diffusé mardi soir. « D’importants matériels de guerre ont été saisis par les forces armées et de sécurité », a-t-il ajouté.
Auparavant, l’état-major de l’armée à Mopti, chef-lieu de la région, avait fait état à l’AFP d’un soldat malien ainsi que de six rebelles tués. En milieu d’après-midi, l’armée contrôlait « totalement la situation sur le terrain », avait-on indiqué de même source, évoquant également des véhicules saisis.
Selon un élu local joint à Ténenkou (470 km au nord de Bamako), depuis la fin des combats, « un calme précaire » règne dans la ville, dont les habitants craignaient de sortir « massivement dans les rues ».
D’après lui, les assaillants « sont arrivés du côté nord de la ville » où ils ont engagé la bataille avec l’armée. Ils seraient venus par la route qui mène à Léré (nord), près de la frontière mauritanienne, où des combats le 29 avril entre rébellion et armée ont fait, selon le ministère malien de la Défense, près de 20 morts (neuf militaires et dix rebelles) et une vingtaine de blessés.
La CMA avait revendiqué avoir fait « une douzaine de prisonniers et plusieurs morts » dans les rangs adverses, expliquant l’attaque de Léré par la prise le 27 avril de ses positions à Ménaka (nord), près de la frontière nigérienne, par des groupes armés favorables au gouvernement.
Dans un bref communiqué diffusé dans l’après-midi, la CMA a de nouveau invoqué la « légitime défense » contre les forces armées maliennes « et leurs milices affiliées ». Le 16 janvier, des combats entre jihadistes et soldats à Ténenkou avaient fait au moins deux morts parmi les militaires maliens.
La région de Mopti se situe aux abords de la zone du nord où opèrent les groupes armés, tombée en 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Les jihadistes en ont en grande partie été chassés par une opération militaire internationale déclenchée en janvier 2013 à l’initiative de la France, et toujours en cours. Mais des zones entières échappent encore au pouvoir central malien, des groupes islamistes y procèdent notamment à des attentats et à des enlèvements.
Avec AFP