Nord-Mali : une vingtaine de morts dans des combats entre l’armée et les rebelles
Le bilan des affrontements selon le ministre de la Défense est de : 9 morts, 6 blessés, 6 otages, 1 véhicule endommagé (côté armée) et de 10 morts et 16 blessés, 2 véhicules détruits; 1 véhicule, des armes et des munitions récupérées (côté rebelles).
Les combats dans le centre du Mali ont fait au moins 19 morts, le plus lourd bilan depuis presque un an dans des affrontements entre rébellion à dominante touareg et l’armée.
«Les groupes engagés sur le terrain portent une lourde responsabilité», a souligné jeudi le chef de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) Mongi Hamdi, condamnant «les graves violations du cessez-le-feu en cours au Mali à un moment crucial dans le processus de paix», en référence à l’accord que les parties doivent signer le 15 mai à Bamako.
Il a appelé à une «cessation immédiate des hostilités» pressant les protagonistes de «respecter leurs engagements et retourner sur leurs positions initiales». Les combats entre la rébellion et l’armée mercredi à Léré, près de la frontière mauritanienne, ont fait près de 20 morts et une vingtaine de blessés, a annoncé le ministère de la Défense : «9 morts, 6 blessés, 6 otages» (prisonniers) pour l’armée et «côté ennemi» à «10 morts et 16 blessés».
Le ministère, attribuant l’attaque au «MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad, rébellion à dominante touareg) et ses alliés», a assuré avoir repris le contrôle de Léré.
Le calme était revenu jeudi matin dans la ville dont les assaillants se sont retirés. L’unité méhariste de la garde nationale basée à Léré a reçu «un important renfort de l’armée», a-t-on indiqué de source militaire malienne.
Une source civile au sein de la médiation internationale dans la crise malienne a fait état de «discussions en cours pour obtenir un échange de prisonniers entre les deux camps». Auparavant, deux membres de la garde nationale, ainsi qu’un enfant, avaient été tués plus au nord-est, à Goundam, par des assaillants lors d’une attaque surprise mercredi à l’aube contre le camp de cette composante de l’armée. L’attaque, non revendiquée, a été imputée par l’ONU et le gouvernement à la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, rébellion).
Processus de paix menacé. Le ministère de la Défense a accusé le MNLA et ses alliés de nourrir «l’intention délibérée de faire péricliter le processus de paix en cours». La CMA avait prévenu mardi soir qu’il ne lui restait «d’autre choix que celui d’user de son droit à l’exercice de la légitime défense» après la prise lundi par des groupes pro-Bamako de ses positions à Ménaka (nord-est), près de la frontière nigérienne.
←Les rebelles du MNLA
Le chef de la Minusma et la CMA ont affirmé que cet incident s’était produit juste après que la rébellion eut donné dimanche son accord pour parapher l’accord d’Alger, près de deux mois après Bamako et ses alliés. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon et Washington ont exhorté mercredi soir toutes les parties à cesser les hostilités et à retourner sur leurs positions fixées par les accords de cessez-le-feu, dont celui de mai 2014, après la cuisante défaite de l’armée (plus de 50 morts) à Kidal, bastion rebelle dans le nord-est du pays. «Même si les discussions officieuses continuent, il faudra du temps pour que les activités militaires se calment», selon Yvan Guichaoua, spécialiste du Sahel et enseignant à l’université britannique d’East Anglia, doutant que l’échéance du 15 mai puisse être respectée. «Si la médiation et les autorités maliennes veulent maintenir une cérémonie de signature le 15 mai sans la CMA, il signeront un document vide de facto», a-t-il déclaré, décrivant le scénario du paraphe du 1er mars à Alger.
Par ailleurs, une mine a explosé au passage d’un minibus près de Gao, principale ville du nord, faisant trois morts et 28 blessés, et illustrant l’insécurité persistante dans cette région. Le nord du Mali est tombé au printemps 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été dispersés et partiellement chassés de cette zone par une opération militaire internationale lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, et toujours en cours. Mais des zones entières échappent encore au contrôle de Bamako.
AFP