Paix : la contribution des Maliens de France
Le président du HCMF, Hamédi Diarra (à gauche) à côté de l’ambassadeur du Mali, Cheick Mouctary Diarra (au centre).
Les Maliens de France, à l’instar de ceux de l’intérieur, ont exprimé leur point de vue sur les pourparlers paix d’Alger dans un mémorandum remis à l’ambassadeur.
La dynamique de paix s’active au Mali, à Alger mais aussi à Paris où le Haut conseil des Maliens de France (HCMF) a procédé, le samedi 15 novembre 2014, à la remise officielle de son Mémorandum relatif aux négociations inter-Maliens en cours actuellement à Alger. L’ambassadeur du Mali en France, Cheick Mouctary Diarra l’a reçu en mains propres du président du HCMF, M. Hamédi Diarra. La cérémonie a eu lieu à Paris, au 89 rue cherche midi, dans les locaux de l’ambassade en présence du personnel de la chancellerie, des membres du bureau du HCMF ainsi que des membres de la diaspora malienne.
En effet depuis le mois dernier le HCMF a mené des concertations à travers toute la France pour recueillir l’avis des Maliens de France au sujet des négociations qui se déroulent en ce moment à Alger entre l’Etat malien et les groupes armés. Les résultats de ces concertations ont fait l’objet d’un forum d’échanges et de travaux de synthèse le 11 novembre dernier dans la salle d’honneur de la mairie de Saint-Denis. Cette démarche sollicitée par la structure mère, le Haut conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME), a permis de recueillir l’avis des uns et des autres sur l’état des lieux du conflit dans le nord du Mali mais aussi des recommandations pour instaurer une paix durable.
Projets. Ainsi le document (7 pages) du HCMF intitulé « Mémorandum du Haut conseil des Maliens de France sur les négociations inter-Maliens à Alger » présente la crise dans le septentrion malien sous plusieurs thématiques entre autres: la sous information des Maliens de France liée au déficit de communication de l’Etat, l’impunité dont bénéficient encore les combattants terroristes, irrédentistes et narcotrafiquants dont certains sont sous le coup d’un mandat d’arrêt. Les thèmes abordés pendant les concertations en France ont trait également à la déliquescence de l’Etat et au délitement de l’armée sous-équipée et mal formée, aux insuffisances de la décentralisation, à la démilitarisation des régions nord du Mali, la désertion puis l’intégration et/ou la réintégration des ex-combattants au sein de l’armée, la non-reconnaissance des efforts déployés par les Maliens de France pour la restauration de l’intégrité territoriale du Mali et ce, depuis le début de la crise enfin l’absence ou la non publication d’un audit concernant les 337 projets de développement exécutés ou en cours de réalisation pour le développement des régions nord du Mali de 1990 à 2010 avec une enveloppe de près de 1.500 milliards de CFA.
Indivisibilité. A la suite de cet état de lieu, les Maliens de France ont proposé 24 recommandations plaidant pour le retour d’une paix durable au Mali respectant ses fondamentaux pour le bien de tous ses fils à savoir : l’indivisibilité territoriale et sociale du Mali, sa diversité dans l’union, sa démocratie et sa laïcité. Ainsi les trois premières recommandations exigent aux plus hautes autorités du Mali de : « préserver l’intégrité territoriale du Mali dans ses frontières internationalement reconnues à travers ses huit régions administratives (Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal) ainsi que le district de Bamako ; de sauvegarder le caractère unitaire de l’Etat, sa forme républicaine, démocratique et laïque et enfin consolider l’unité nationale du Mali dans sa diversité multiculturelle, multiraciale et multiconfessionnelle. » Le mémorandum exige le cantonnement, le désarmement et la réinsertion socio économique des ex-combattants qui n’ont pas commis de crimes de guerre et ce, en vertu des résolutions de l’Organisation des Nations Unies 2100 du 25 avril 2013 votée sous le chapitre VII de la charte de l’ONU.
Par rapport aux problèmes de communication, il a été recommandé de lancer un mécanisme d’information et de communication des Maliens vivant en France à travers une stratégie impliquant le Haut conseil des Maliens de France, les associations et les professionnels de la communication.
Egalité. En outre, les Maliens de France refusent toute proposition de clause d’un éventuel accord de paix qui aurait directement ou indirectement pour objet ou pour effet de donner aux collectivités territoriales des pouvoirs juridiques leur permettant de porter atteinte au caractère unitaire de l’Etat. Ils sont intransigeants sur le principe d’égalité entre les citoyens. Le mémorandum recommande de « rejeter toute proposition qui, sous prétexte d’amélioration de la représentation des communautés du nord du Mali, porterait une atteinte grave aux principes d’égalité et de non discrimination » garantis par la constitution du Mali du 25 février 1992 et les conventions internationales.
Réconciliation. Le HCMF demande à l’Etat d’engager, sans délai, une réconciliation nationale entre tous les Maliens mais sur la base de la vérité et la justice tout en laissant le soin aux victimes d’apprécier s’il y a lieu de pardonner à leurs bourreaux. Enfin le mémorandum du HCMF recommande à l’Etat, entre autres de rebâtir une armée républicaine, de rétablir le service national, de renforcer le processus de décentralisation, d’éviter tout découpage territorial sur des bases ethniques ou communautaires, de diligenter un audit des projets de développement exécutés dans le nord du Mali, d’accélérer le retour des réfugiés ou des déplacés …
Engagement. Le mémorandum se termine par un engagement du HCMF de poursuivre la mobilisation jusqu’à l’avènement d’une paix durable au Mali. Ainsi il envisage d’organiser une marche nationale pacifique (dont la date et les modalités d’organisation seront définies ultérieurement) dédiée à s’enquérir des conditions de vie des populations vivant dans le nord du Mali et ce, pour contribuer à l’avènement et à la consolidation de la paix au Mali. A la cérémonie de remise du mémorandum, le président du HCMF, M. Hamedi Diarra a précisé qu’aujourd’hui l’une des préoccupations est le sort de nos compatriotes dans la région de Kidal où, affirme t-il, paradoxalement les armes ne crépitent plus et en même temps l’Etat malien n’est pas présent dans cette région.
Quant à l’ambassadeur, Cheick Mouctary Diarra, il a exprimé sa joie et sa fierté de recevoir le mémorandum du HCMF vu le travail accompli et donné l’assurance de l’acheminer à bon escient. D’après lui, cette démarche du HCMF est en harmonie avec les aspirations des plus hautes autorités du pays qui cherchent sans relâche, l’instauration d’une paix durable au Mali. Il a souligné le patriotisme des Maliens de France.
Bakary TRAORE
Cliquer ici pour lire le MEMORANDUM DU HCMF 11 NOVEMBRE 2014 Version finale