Première attaque jihadiste dans le sud du Mali
Une trentaine d’hommes armés ont attaqué, le 10 juin, le camp militaire et les postes de police et de gendarmerie de Misséni,
C’est une première pour le sud du Mali. Un gendarme a été tué mercredi lors d’une attaque attribuée à des jihadistes dans la ville de Misséni, près des frontières ivoirienne et burkinabè.
Un gendarme malien a été tué mercredi 10 juin dans une attaque jihadiste présumée contre les forces de sécurité à Misséni dans le sud du Mali, près de la frontière avec la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, une première dans cette région. Depuis le début de l’année, les violences se sont étendues du nord – en proie aux attaques jihadistes, aux affrontements entre groupes d’autodéfense pro-gouvernementaux et rebelles, voire à la criminalité – au centre du pays, mais jamais à cette zone de l’extrême sud du Mali.
Cette attaque intervient à dix jours de la ratification prévue par la rébellion à dominante touareg de l’accord de paix déjà signé le 15 mai à Bamako par le camp gouvernemental et la médiation internationale, censé isoler définitivement les jihadistes qui avaient transformé en 2012 le nord du Mali en base d’opérations dans le Sahel.
Une trentaine d’hommes armés ont pris d’assaut mercredi vers 2H00 (heure locale et GMT) le camp militaire et les postes de la police des frontières et de la gendarmerie de la ville de Misséni, avant de se retirer environ trois heures plus tard, a appris l’AFP de sources concordantes. « Les terroristes ont lâchement tué l’adjudant Bassiaka Koné » à Misséni, a affirmé un ministre sous le couvert de l’anonymat, dénonçant une « attaque terroriste ». Deux autres militaires ont été blessés selon un communiqué du gouvernement malien.
Selon un élu local, « une trentaine de jihadistes » ont attaqué la garnison de la ville aux cris d’« Allah akbar! » (Dieu est le plus grand). « Ils ont pris le contrôle du camp militaire où ils ont mis leur drapeau noir », puis tiré sur le poste de la gendarmerie et de la police, et « tué un gendarme », a-t-il ajouté. Deux véhicules de l’armée et des motos de la police ont été brûlés par les assaillants, selon la gendarmerie. Après leur départ, un document faisant référence à un des groupes jihadistes du nord du Mali a été retrouvé sur les lieux, a affirmé un témoin.
Un Roumain enlevé au Burkina. Selon une source de sécurité malienne, « c’est probablement de la Côte d’Ivoire qu’ils sont venus parce que Misséni est à 20 km de la frontière ivoirienne. Ils ont parcouru une partie du chemin en véhicule et une autre partie à moto et à pied ». Sur l’arrivée des assaillants, « une des hypothèses est que les gens sont venus par petits groupes dans la zone sur plusieurs jours », a indiqué à l’AFP une source sécuritaire régionale.
Le Mali partage une frontière d’environ 500 km avec la Côte d’Ivoire et de plus de 1.000 km avec le Burkina Faso, en partie limitrophe du nord du pays. Longtemps épargné par les attaques de groupes liés à Al-Qaïda qui ensanglantent le Sahel depuis des années, le Burkina Faso a finalement été frappé le 4 avril, avec l’enlèvement d’un Roumain, officier de sécurité dans une mine de manganèse de Tambao (nord), près de la frontière avec le Niger et le Mali.
Le groupe jihadiste Al-Mourabitoune a affirmé en mai le détenir, sommant « le gouvernement roumain d’accorder une attention sérieuse aux négociations au sujet de la libération de l’otage », dans un message audio diffusé par l’agence mauritanienne Al-Akhbar. Le président burkinabè Michel Kafando a affirmé le 2 juin que les autorités n’avaient aucune nouvelle du ressortissant roumain et cherchaient « à savoir s’il y a une preuve de vie ». Quant à la Côte d’Ivoire, elle est jusque-là restée à l’abri des attaques islamistes.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes après la déroute de l’armée face à la rébellion touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée. Les jihadistes ont été dispersés et en ont été en grande partie chassés après le lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, de l’opération « Serval », relayée depuis août 2014 par « Barkhane », dont le rayon d’action couvre l’ensemble de la zone sahélo-saharien.
Deux importantes figures du jihadisme, Abdelkrim al-Targui et Ibrahim Ag Inawalen, ont été tués le mercredi 20 mai 2015 par l’armée française. Quelques jours plus tôt, au moins huit militaires maliens avaient été abattus au cours d’une embuscade préparée par la rébellion touarègue, au nord-ouest du pays.Des zones entières de cette vaste région désertique échappent encore au contrôle des autorités maliennes comme des forces internationales déployées depuis plus de deux ans.
Avec AFP