Roch Kaboré, nouvel homme fort du Burkina-Faso
Roch Marc Christian Kaboré a été élu dès le premier tour de l’élection présidentielle avec 53,5% des voix.
Premier chef d’État démocratiquement élu dans ce pays depuis 1978, le nouveau président a longtemps été considéré comme le dauphin de Blaise Compaoré, qui a «régné» 27 années. Il avait changé de camp juste avant la chute de son prédécesseur, en novembre 2014.
L’élection vient tourner la page des vingt-sept années de règne de Blaise Compaoré après une année de transition. Ironie de l’histoire: le nouveau président du Burkina Faso est lui-même un ancien baron du régime. Roch Marc Christian Kaboré a été élu dès le premier tour de l’élection présidentielle avec 53,5% des voix. Il devance une autre figure du «Compaorisme», Zéphirin Diabré, qui a recueilli 29,65% des suffrages. Ce score historique dépasse de loin ceux obtenus par le «Beau Blaise». Roch Marc Christian Kaboré devient ainsi le premier chef d’État démocratiquement élu dans le «pays des hommes intègres» depuis 1978. «Ma première pensée est de reconnaître l’honneur de cette charge élevée et de ressentir le poids de cette grande responsabilité», a-t-il déclaré devant ses partisans. «Nous devons nous mettre au travail immédiatement. C’est tous ensemble que nous devons servir le pays.»
Avec Kaboré, c’est un homme d’expérience qui accède à la tête du Burkina-Faso. Le fils de ministre, membre de l’Union de lutte communiste-reconstruite, émerge dès 1984 dans le sillage du «père de la révolution» burkinabè, Thomas Sankara. Économiste de formation, il devient directeur de la banque internationale du Burkina alors qu’il n’a pas encore 30 ans. Après l’assassinat de Sankara, il lie son destin à celui de Blaise Compaoré. Ainsi «Roch», comme les Burkinabè l’appellent communément, deviendra au fil des années l’un des piliers du régime. Il est d’abord nommé ministre des Transports en 1989. Il héritera ensuite de plusieurs portefeuilles avant de devenir premier ministre en 1994. Il démissionne au bout de deux ans, ses relations avec le président s’étant détériorées. Kaboré se relance à l’Assemblée nationale dont il sera, jusqu’en 2012, le président.
Un dauphin tout désigné. Roch Marc Christian Kaboré a changé de camp juste avant la chute du régime. Ses adversaires le taxent volontiers d’opportunisme. En janvier 2014, deux ans après avoir été écarté pour des raisons obscures, il claque la porte du Congrès pour la démocratie et le Progrès, le parti-État qui «gère le pays». Il en a lui-même été le secrétaire exécutif puis le président de 2003 à 2012. Sa disgrâce lui servira de tremplin. Avec d’autres caciques du régime, il rejoint l’opposition et fonde le Mouvement du peuple pour le progrès. Celui qui a longtemps été considéré comme un dauphin tout désigné s’oppose alors au projet de révision constitutionnelle devant permettre à Blaise Compaoré de briguer un nouveau mandat. Pourtant, en 2010, «Roch» fut l’un des instigateurs du texte qui fera finalement trébucher le «Beau Blaise» quatre ans plus tard.
Sa victoire, Kaboré la doit pour beaucoup à ses qualités de rassembleur. Il est réputé être unhomme de consensus qui sait arrondir les angles. Les militaires, eux, lui reprochent son manque de poigne. Au cours de la campagne, il a aussi bien su rallier à lui l’élite économique du pays, des anciens du régime comme des opposants, les paysans de ce pays très rural et les citadins. «Roch» est un homme de réseau. Au fil des mois, il a fait de son Mouvement du peuple pour le progrès une véritable «machine de guerre» et fédéré derrière lui une vingtaine de petits partis d’obédience socialiste et même un parti sankariste. Lors de sa dernière réunion politique avant la présidentielle, il avait prédit, sûr de son fait: «Au soir du 29 novembre, ça va être “un coup KO” (une élection dès le premier tour en Afrique de l’Ouest, NDLR).»
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