Sécurité au Mali : pour Ibrahim Boubacar Keïta, une garantie nommée Michel Tomi
Le président Ibrahim Boubacar Keïta lors d’un bain de foule avec la communauté malienne à Paris.
Alors que la sécurité des chefs d’État africains vire à l’obsession, les agents chargés de la garantir sont moins nombreux mais mieux formés et mieux équipés. Enquête sur ces hommes qui suivent nos présidents comme leur ombre.
Quand Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) s’installe à Koulouba, en septembre 2013, la sécurité présidentielle est à l’image du reste de l’armée malienne : en ruines. Dans un contexte tendu, alors que le nord du pays n’est pas sécurisé, il lui faut s’entourer d’une garde compétente, et vite. Sans avertir son ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, lequel a envoyé des hommes se former au Maroc et en Algérie, il se tourne vers son ami Michel Tomi, un Corse à la réputation sulfureuse qui a fait fortune dans les jeux d’argent au Gabon, au Cameroun et au Mali, et en qui le président a une confiance aveugle.
Tomi, qui compte profiter de cette proximité vieille de vingt ans pour faire des affaires au Mali, s’inquiète sincèrement pour la vie de son « frère ». Il lui présente Frédéric Gallois, un ex-commandant du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) qui codirige Gallice Security, une société de sécurité privée française, et qu’il a rencontré grâce à un autre Corse, Bernard Squarcini, l’ancien patron des services de renseignements intérieurs français.
Lors d’une première rencontre à Bamako, quelques jours après son investiture, puis lors d’une seconde à Paris, en octobre, IBK fait part à Gallois de ses besoins. Il y a urgence, l’affaire est donc rapidement conclue : Gallice formera au plus vite la garde présidentielle, composée de quelques dizaines d’hommes, aux règles de base de la sécurité rapprochée. Problème : l’entreprise française a besoin d’assurances financières avant de s’engager, et même si le contrat porte sur une somme ridicule à l’échelle d’un État – 150 000 euros -, IBK ne peut les lui donner dans un délai aussi court. Tomi, si : le Corse, au nom de l’amitié, mais peut-être aussi par opportunisme, s’engage à titre privé à avancer cette somme, par le truchement d’une de ses sociétés basées au Cameroun.
Il a depuis été remboursé par l’État malien. Son avocat assure qu’il n’y a rien gagné. Mais l’affaire a provoqué un tollé au Mali en 2014, lorsque Tomi a été mis en examen en France pour, entre autres, « corruption d’agent public étranger », entraînant dans sa chute d’autres Français, dont Gallois, lui aussi mis en examen. Des sources proches du dossier assurent que l’instruction judiciaire patine depuis, et que l’« affaire Gallice » n’ira pas loin. Ses dirigeants clament leur bonne foi. Mais le mal est fait : le président malien et la société française traînent cet épisode comme un boulet et ont dû couper court à leur collaboration, sous la pression notamment de certaines officines parisiennes.
Gallice a bien fourni d’autres prestations à la présidence – dont certaines n’ont toujours pas été payées -, mais celles-ci avaient débuté avant que le scandale n’éclate. Depuis, ses autres projets, dont la formation d’une unité antiterroriste, ont été gelés. Tomi, lui, n’a pas remis les pieds à Bamako.
Source Jeune Afrique
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