Sepp Blatter démissionne de la présidence de la FIFA
Sepp Blatter à Zurich le 2 juin 2016, après avoir annoncé sa démission de la présidence de la FIFA.
Âgé de 79 ans et en poste depuis 1998, Blatter quitte la FIFA en plein scandale de corruption après sa réélection de vendredi pour un cinquième mandat.
La tempête a fini par avoir raison de l’insubmersible Joseph Blatter : le président de la FIFA a annoncé mardi qu’il renonçait à la présidence de l’instance, secouée par une série de scandales de corruption et qui devrait avoir un nouveau patron d’ici à mars 2016. Joseph Blatter, 79 ans, en poste depuis 1998 et pourtant réélu vendredi pour un cinquième mandat, a indiqué qu’il allait convoquer un congrès extraordinaire au cours duquel son successeur sera désigné. Au fil des ans et des affaires, le Suisse a souvent filé la métaphore du capitaine qui n’abandonne pas son navire, quelle que soit la violence des éléments contraires. Mais, cette fois, c’en était trop.
« Même si un nouveau mandat m’a été confié, il semble que je ne sois pas soutenu par tous dans le monde du football, c’est pourquoi je vais convoquer un congrès extraordinaire et remettre mon mandat à disposition », a déclaré le Valaisan, au siège de la FIFA, à Zurich. « Je vais continuer à exercer mes fonctions d’ici là, et je suis désormais libre des contraintes d’une élection. Je vais me concentrer pour engager des réformes ambitieuses. » La FIFA fait « face à des défis qui ne s’arrêtent pas et a besoin d’une profonde restructuration », a ajouté Sepp Blatter.
« C’était une décision difficile, une décision courageuse, et la bonne décision », a très rapidement réagi Michel Platini, président de l’UEFA et ennemi déclaré de Blatter. « Le prochain congrès ordinaire de la Fifa était prévu le 13 mai (2016) au Mexique. Attendre aussi longtemps n’aurait fait que repousser les problèmes et c’est pour cela que j’ai demandé qu’on organise un congrès extraordinaire », a-t-il encore expliqué. Domenico Scala, le président du comité d’audit et de conformité de la Fifa, a ensuite annoncé que ce congrès extraordinaire se tiendrait entre décembre 2015 et mars 2016. Ni Blatter ni Scala n’ont répondu à la moindre question. La conférence de presse a duré en tout moins d’un quart d’heure et M. Blatter a immédiatement quitté la salle après une poignée de main avec M. Scala.
Le prince Ali, candidat malheureux à la présidence de la FIFA vendredi dernier, se présentera de nouveau à une nouvelle élection après la démission de Joseph Blatter, a déclaré à l’AFP un de ses adjoints. « Dans le cas de nouvelles élections, le prince Ali est prêt », a déclaré Salah Sabra, vice-président de la Fédération jordanienne de football, présidée par le prince Ali, ajoutant que le prince était prêt aussi à « prendre la présidence dans l’immédiat si on lui demande ».
De nouvelles accusations. Cette démission intervient quelques heures à peine après de nouvelles accusations du New York Times visant cette fois le Français Jérôme Valcke, secrétaire général de la FIFA et bras droit de M. Blatter. Le quotidien américain a accusé M. Valcke d’être le responsable d’un virement de 10 millions de dollars sur des comptes gérés par l’ancien vice-président de l’organisation Jack Warner, mis en cause par la justice américaine dans un scandale de corruption. Dans un communiqué mardi matin, la Fifa avait tenté de dégonfler ces accusations en affirmant que M. Valcke n’était en rien en cause dans ce virement et qu’il ne s’agissait que d’un projet d’aide à la diaspora africaine dans les Caraïbes, au nom de l’Afrique du Sud.
Mais la dernière réplique du tremblement de terre de mercredi dernier a donc été la plus terrible. Ce jour-là, tout avait commencé vers six heures du matin, lorsque des policiers suisses opérant à la demande des autorités américaines se sont présentés à l’hôtel de Zurich où étaient logés les principaux dirigeants de la Fifa, pour y interpeller sept d’entre eux. L’action, survenue à deux jours du scrutin présidentiel à la FIFA, a été orchestrée par la justice américaine enquêtant sur des faits de corruption remontant à près de 25 ans. Au final, neuf élus de la FIFA et cinq partenaires de l’instance mondiale du football ont été inculpés.
Le même jour, les locaux de la FIFA avaient été perquisitionnés, cette fois dans le cadre d’une procédure pénale suisse distincte pour soupçon « de blanchiment d’argent et gestion déloyale » entourant les attributions des Coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar. Blatter était pourtant resté debout. Mieux, il avait été réélu vendredi, tout juste contraint à un deuxième tour par son seul challenger, le prince jordanien Ali Bin Hussein, qui annonçait son retrait avant même ce deuxième tour. Ce dernier a d’ores et déjà annoncé qu’il serait de nouveau candidat.
« Je suis de bonne humeur, c’est normal, j’étais un peu nerveux avant ce congrès », avait commenté Blatter, qui a dû aussi encaisser les appels à la démission de Michel Platini, ancien allié devenu ennemi et dont le nom va inévitablement resurgir comme possible futur président.
Blatter était entré à la Fifa en 1975 comme directeur des programmes de développement et la dirigeait depuis 1998. Il a traversé tellement de crises, du scandale MasterCard aux attributions des Mondiaux 2018-2022 en passant par l’affaire ISL, que beaucoup le pensaient indestructible. À tort.
Source AFP